L’Inde et l’Indonésie en difficulté face au COVID-19

Daryl Liew, Reyl Singapore

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Il existe un risque réel que les deux systèmes de santé soient débordés par la propagation du virus, ce qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices.

L'Inde et l'Indonésie sont deux des trois pays les plus peuplés d'Asie. Lorsque le COVID-19 est apparu, tous deux ont été initialement épargnés par le virus. L'explication était alors que les populations relativement jeunes, associées au temps chaud et humide dans les deux pays, faisaient qu'elles étaient moins exposées au risque d'infection. Cette théorie a été démentie depuis, car les deux pays signalent aujourd'hui un nombre croissant de cas. L'incapacité à effectuer des tests à grande échelle explique probablement pourquoi il y avait si peu de cas signalés au départ.

En effet, avec des systèmes de santé publique insuffisamment financés, l'Inde et l'Indonésie souffrent toutes deux d'une grave pénurie d'installations médicales, de professionnels de la santé et d'équipements appropriés (équipements de protection individuelle, kits de dépistage et ventilateurs) pour lutter contre l'épidémie. Il existe donc un risque réel que les deux systèmes de santé soient débordés par la propagation du virus, ce qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices.

Le secteur financier indien, qui était déjà aux prises avec un niveau élevé
d'actifs non performants, sera soumis à une pression supplémentaire.

Afin d'endiguer l'augmentation des cas de COVID-19, l'Inde a annoncé à la hâte, le 24 mars, un confinement du pays pour trois semaines. La fermeture abrupte des entreprises et des transports a cependant laissé en plan des millions de travailleurs migrants payés au jour le jour, qui n'avaient désormais plus de revenus et aucun moyen pour retourner dans leurs villages. Depuis, le gouvernement a prolongé le confinement de trois semaines supplémentaires tout en assouplissant partiellement certaines restrictions, permettant principalement aux travailleurs agricoles et ruraux des zones non touchées de retourner au travail. Cet assouplissement partiel a été fait dans le but d'aider les plus vulnérables de la société, car ce sont eux qui subissent le plus gros de l'impact économique des mesures d'endiguement.

L'Indonésie, en revanche, s'est prononcée contre un confinement complet, le président Jokowi ayant déclaré que cette mesure ne serait pas adaptée à la société indonésienne. Au lieu de cela, le pays a mis en place des mesures de distanciation sociale à Jakarta, l'épicentre du virus en Indonésie, et a exhorté les citoyens à éviter de voyager avant le grand festival musulman du 25 mai, qui marque la fin du mois de jeûne.

Les économies indienne et indonésienne pâtissent de toutes ces mesures visant à contenir le COVID-19. Les deux pays devraient afficher une croissance négative de leur PIB en 2020 en raison du ralentissement. Le secteur financier indien, qui était déjà aux prises avec un niveau élevé d'actifs non performants, sera soumis à une pression supplémentaire, car de plus en plus d'entités ne pourront respecter leurs obligations.

L'Indonésie prévoit une aggravation significative de son déficit budgétaire,
qui passera de 2,2% en 2019 à 5,1% cette année.

Les perspectives économiques défavorables entraîneront également une détérioration du bilan des deux pays. L'Indonésie prévoit une aggravation significative de son déficit budgétaire, qui passera de 2,2% en 2019 à 5,1% cette année, en raison des mesures budgétaires nécessaires pour soutenir l'économie. Ce déficit pourrait bien finir par être encore plus important si le virus perdure plus longtemps que prévu. En effet, les prévisions d'affaiblissement des fondamentaux ont déjà déclenché des révisions à la baisse de la notation de crédit du pays par les agences de notation. Le déficit budgétaire de l'Inde devrait également augmenter, passant des 3,5% prévus au budget à plus de 5%, car le pays devra étendre les filets de sécurité sociale en raison de la prolongation du confinement.

Il n'est donc pas surprenant que l'Indonésie (-41% en dollars) et l'Inde (-30% en dollars) aient été deux des marchés d'actions les plus malmenés d'Asie depuis le début de la crise COVID-19, alors que l'indice MSCI Asie hors Japon atteignait son plus haut niveau le 17 janvier. La grande question est de savoir si la plupart des mauvaises nouvelles ont un prix, ou si la situation pourrait s'aggraver et provoquer de nouvelles pertes. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer quel scénario se réalisera.

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