La Thaïlande «sourit» jaune face à ses défis

Daryl Liew, REYL

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L'économie thaïlandaise était déjà au point mort avant l'apparition du virus COVID-19, alors qu'elle devait initialement rebondir cette année.

De nombreux pays asiatiques ont été touchés par l'épidémie de nouveau coronavirus (COVID-19) et ont signalé des cas infectés. La propagation rapide du virus et son impact sur l'activité économique les ont contraints à revoir à la baisse leurs prévisions de PIB pour 2020.

La Thaïlande, l'un des premiers pays en dehors de la Chine à signaler des infections, n'a pas été épargnée, le pays ayant réduit de 1,2% la croissance de son PIB pour 2020. On s'attend désormais à ce que le PIB n’augmente que de 1,5 à 2,5% cette année, contre 2,7 à 3,7% avant l'apparition du virus. L'économie thaïlandaise était déjà au point mort avant l'apparition du virus COVID-19, le PIB du quatrième trimestre n'avait progressé que de 1,6% annualisé, portant la croissance de 2019 à 2,4% - soit son résultat le plus faible depuis 2014.

Le COVID-19 a eu un impact très important sur l'industrie du voyage,
de nombreux visiteurs ayant annulé leurs projets de vacances.

L'économie thaïlandaise devait initialement rebondir cette année. Les arrivées de touristes commençaient à peine à reprendre en janvier après plusieurs mois de déclin, mais le virus COVID-19 a eu un impact très important sur l'industrie du voyage, de nombreux visiteurs ayant annulé leurs projets de vacances. Le tourisme contribue à environ 12% du PIB en Thaïlande, avec environ un tiers des visiteurs en provenance de Chine. En effet, en valeur monétaire, les touristes chinois ont dépensé quelque 18 milliards de dollars en Thaïlande en 2018, soit le montant le plus élevé de tous les pays du monde, à l'exception des régions de Hong Kong et de Macao. Le ministère thaïlandais du tourisme et des sports a indiqué que les arrivées de touristes avaient chuté de 43,4% au cours des neuf premiers jours de février, ceci en raison de la diminution des arrivées en provenance de Chine (- 86,6%). Comme le Covid-19 se répand dans le monde entier, il faudra probablement encore plusieurs mois avant que l'industrie du voyage ne commence à se normaliser.

La bonne nouvelle pour la Thaïlande est le COVID-19 ne devrait pas trop affecter le pays en matière de  chaîne d'approvisionnement – une autre conséquence négative majeure pour le reste des économies. L'industrie manufacturière représente en effet 25% de l'économie thaïlandaise et est principalement liée à l'automobile. Cependant, cette industrie a été confrontée à des vents contraires importants au cours des dernières années. General Motors, par exemple, a récemment annoncé qu'il se retirait de la Thaïlande et de l'Océanie, supprimant les voitures Chevrolet de ces marchés. Cela ne devrait cependant pas entraîner de pertes d'emplois importantes en Thaïlande, car GM vend son usine de Rayong au constructeur automobile chinois Great Wall.  

Les différends entre partis politiques ont entraîné un retard
dans l'adoption du budget national de 2020.

La faiblesse de l'économie va probablement contraindre la Banque de Thaïlande à réduire une nouvelle fois ses taux d'intérêt dans les mois à venir. La banque centrale a déjà réduit les taux trois fois au cours des six derniers mois, les ramenant à un niveau record de 1%. L'une des conséquences de ces baisses de taux est d'affaiblir le Baht thaïlandais, l'un des plus grands perdants depuis le début du COVID-19 - corrigeant de 4% par rapport au dollar. Le Baht avait pourtant été l'une des devises les plus performantes en 2019, grâce à un solide excédent de balance des opérations courantes et à des réserves de change abondantes, ce qui en fait une monnaie refuge dans un contexte de tensions commerciales mondiales.

De surcroît, les différends entre partis politiques ont entraîné un retard dans l'adoption du budget national de 2020 et des dépenses d'investissement indispensables pour soutenir l'économie nationale. Il n'est donc pas surprenant que les participations étrangères dans les actions thaïlandaises soient tombées à un niveau historiquement bas alors que les investisseurs étrangers ont fui. Face à la somme de ces défis, les Thaïlandais se préparent à un premier semestre difficile. Il faut espérer que l’épidémie du COVID-19 se réduira d'ici là et que les Thaïlandais pourront à nouveau être à la hauteur de leur réputation de «pays du sourire».

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