IPO: appel de dernière minute?

Yves Hulmann

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Neuf IPO ont déjà eu lieu sur la SIX cette année, le record depuis 2008. Les performances n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes.

Et une entrée en bourse de plus cette année. Vendredi, le laboratoire genevois Obseva a effectué avec succès ses premiers pas à la Bourse suisse. Une opération largement réussie, puisque l’action du spécialiste des traitements contre l'infertilité gagnait près de 30% en milieu de séance vendredi par rapport à son prix d’émission fixé à 15 francs. Avec l’entrée en bourse réussie de la société genevoise réalisée vendredi, cela porte à neuf le nombre d’IPO («initial public offering») effectuées à la Bourse suisse SIX. Après seulement six mois, c’est déjà davantage que le précédent record de sept entrées en bourse sur un an qui remonte à 2008.

Cinq titres sur neuf se traitent en dessous de leur prix d’émission

L’actionnaire doit-il pour autant se précipiter sur les nouveaux venus de la cote? L’expérience du deuxième trimestre, durant lequel la plupart des nouvelles entrées en bourse ont eu lieu, incite à une certaine prudence. Réussir son IPO reste en effet un parcours semé d’embûches, comme nous le soulignions en mars dernier. En effet, si la première journée de cotation se déroule généralement bien, la performance n’a pas toujours été à la hauteur des attentes durant les semaines et les mois qui ont suivi. Un bref tour d’horizon des IPO qui ont eu lieu cette année le rappelle.

Certaines sociétés ont préféré ne pas franchir le pas,
même si leur projet d’IPO avait été annoncé depuis longtemps.

En effet, parmi les neuf introductions en bourse répertoriées à la SIX depuis fin mars, cinq actions des sociétés fraîchement cotées se négocient en dessous de leur prix d’émission, tandis que quatre d’entre elles évoluent au-dessus de celui-ci. En se basant sur le cours de clôture de jeudi soir, les actions du réseau social Asmallworld évoluaient ainsi en recul de 35% par rapport à leur prix d’émission de 9,75 francs, et cela en dépit d’une première séance de cotation largement réussie le 20 mars dernier. Il en va de même pour le spécialiste de la logistique Ceva Logistics qui se traite en net recul par rapport à son prix d’émission (-19%), de l’entreprise pharmaceutique Polyphor (-11%), du fabricant de machines Klingelnberg (-13%) et du spécialiste des matières premières Blackstones Resources (-9%).

Côté positif, l’action du fabricant de capteurs Sensirion évolue en revanche toujours en nette hausse par rapport à son prix d’émission (+39%), tout comme le titre du spécialiste des implants osseux Medartis (+40%), tous deux cotés depuis fin mars. L’action du groupe de luxe Lalique, cotée depuis juin, remporte la palme en évoluant en forte hausse par rapport à son prix d’émission (+66%).

Pour compléter ce tableau, il faut aussi rappeler que certaines sociétés ont préféré ne pas franchir le pas, même si leur projet d’entrer en bourse avait été annoncé depuis parfois plusieurs semaines ou mois. Gategroup et Swissport, deux sociétés contrôlées par le géant chinois HNA, ont renoncé à l’opération pour des raisons à la fois liées à l’évolution des marchés et à la situation interne de leur propriétaire. Plus récemment, le conglomérat industriel alémanique Oerlikon a préféré, début juillet, reporter l’introduction en bourse de son unité spécialisée dans les systèmes de transmission appelée Drive Systems. Le groupe avait alors évoqué un environnement de marché jugé «non favorable» pour une cotation séparée de cette unité.

Le nombre record d’IPO en 2018 intervient
alors que les marchés sont devenus plus imprévisibles.
La peur de la porte qui se ferme?

C’est l’un des paradoxes de cette année. Le nombre record d’entrées en bourse observé en 2018 intervient alors que les marchés sont devenus beaucoup plus imprévisibles depuis février. En comparaison, en 2017, alors que les marchés des actions volaient de record en record, il n’y a eu que six entrées en bourse sur la SIX, comme l’an précédant. En 2013, alors que l’indice SMI avait, la plupart du temps, évolué en hausse, seule une entrée en bourse a été répertoriée. Enfin, le précédent record du nombre d’IPO en Suisse, soit sept en 2008, a eu lieu lors de l’année boursière la plus catastrophique depuis le début du millénaire.

Alors que les marchés sont redevenus plus «sportifs», tous se précipitent pour effectuer leur entrée en bourse. Est-ce une preuve de confiance envers les marchés de la part des candidats à l’entrée en bourse ou au contraire un signe de nervosité? Les sociétés veulent-elles saisir l'opportunité de lever des fonds avant que les portes ne se referment? Les prochains mois permettront d’y voir plus clair.

Calendrier complet des IPO de l'année sur SIX

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