Freinage au troisième trimestre aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L'action volontaire des Américains impactera l’activité économique de juillet. Au Royaume-Uni, l’activité devrait se redresser rapidement.

Entre maîtrise de la pandémie et réduction du coût économique, la plupart des Etats américains ont visiblement choisi la deuxième option. La fermeture des bars constitue la plus stricte des mesures prises au Texas et en Floride, les autres Etats se contentant de suspendre (mais pas d’abandonner) leurs plans de réouverture de l’économie. La Californie fait exception, la majorité de ses comtés imposant de nombreuses restrictions aux activités en intérieur dès mi-juillet, un confinement partiel significatif sachant que la Californie produit 15% du PIB américain. Mais même dans les Etats les plus réticents, les statistiques de déplacements de Google et la stabilisation des nouveaux cas quotidiens montrent que les Américains prennent volontairement leurs distances, ce qui touchera l’activité économique de juillet et pèsera sur la reprise de ce trimestre après la spectaculaire amélioration du deuxième trimestre qui avait conduit au nouveau record de l’indice Citi. Si nous pensons toujours que la résistance du pays à la récession et sa croissance en 2020 dépasseront les attentes du consensus, les dynamiques économiques vont sans doute migrer vers l’Europe, au potentiel de reprise indéniablement supérieur, comme l’ont montré les indices des directeurs d’achats de juillet, meilleurs dans la zone euro et au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis, tant dans l’industrie que dans les services.

L’inflation totale annuelle s’est spectaculairement redressée en juin, pour passer de 0,1% à 0,6%, principalement sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie. C’est l’inflation sous-jacente qui a le plus surpris puisque, après trois mois de recul des prix des biens sous-jacents, le redémarrage de la demande les a orientés à la hausse. La baisse récente du taux de change effectif du dollar pouvant accentuer la pression inflationniste, nous avons relevé de 0,8% à 1,0% notre projection 2020.

«Dégorgement» de la demande au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni faisant partie des rares pays à publier chaque mois les chiffres de son PIB, nous pouvons y surveiller de près l’évolution de la reprise par rapport à nos estimations. Les chiffres de mai avaient fait l’effet d’un coup de tonnerre: au lieu de revenir à environ 83% du niveau de production d’avant la crise, la croissance mensuelle n’était que de 1,8%, soit environ 75% de ce niveau, en raison principalement d’une activité très déprimée dans les services, tandis que la production manufacturière se remettait correctement de ses plus-bas d’avril. Les chiffres de juin sont contrastés. Si l’indice Google des déplacements à des fins d’achats et de divertissement et celui des directeurs d’achats dénotent une lente reprise (plus lente que sur le continent), les ventes de détail se sont redressées plus vite que prévu, avec une hausse des volumes de 2,5% en juin par rapport à février, signe d’un véritable dégorgement de la demande, toutefois massivement orienté vers la vente en ligne (en progression de plus de 50% depuis janvier) au détriment des magasins. L’activité devrait se redresser rapidement au troisième trimestre selon nous, soutenue par un rythme des nouvelles infections stable et relativement faible et par de nouvelles réouvertures. La baisse temporaire de la TVA pour les restaurants, les hôtels et certaines activités de loisirs devrait aussi contribuer à alimenter la demande dans ces secteurs très touchés. Le deuxième trimestre inférieur à nos attentes nous a toutefois conduits à abaisser encore notre estimation de croissance pour l’année, de -6,1% à -7,9%.

La baisse temporaire de la TVA de 20% à 5% entre le 15 juillet 2020 et le 12 janvier 2021 mentionnée plus haut ainsi que la campagne «Eat Out to Help Out» qui offre 50% de réduction dans les restaurants participants certains jours du mois d’août, devraient modérer l’inflation des deux mois d’été. Nous avons donc abaissé notre estimation d’inflation pour 2020 de 1,0% à 0,6%.

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