L’IA rend obsolète la contribution de plus en plus de personnes dans l’industrie des films en ligne, le contenu deviendra de moins en moins cher à produire. Une aubaine pour les investisseurs.
L’industrie du cinéma n’a jamais été d’un grand intérêt pour moi. À l’ère des services de streaming, je ne fréquente plus beaucoup les salles obscures, et les films de super-héros à gros budget ont cessé de m’impressionner il y a une dizaine d’années déjà. Les grèves de la Writers Guild of America (WGA) et de la Screen Actors Guild (SAG-AFTRA) n’ont donc pas eu beaucoup d’impact sur ma vie quotidienne.
Mais maintenant que studios et scénaristes ont trouvé un accord, on peut s’attendre à une reprise des films et les émissions dont la production a été retardée. L’une des revendications au cœur des grèves portait sur l’encadrement des nouvelles technologies numériques et la manière dont elles affecteront les trajectoires de carrière des artistes-interprètes et des scénaristes dans l’industrie. À bien des égards, cette question est liée à l’intelligence artificielle (IA).
La technologie a progressé à tel point qu’il est devenu facile de faire écrire un scénario par un modèle de langage génératif d’IA. Un studio a-t-il dès lors encore besoin d’embaucher une table pleine de scénaristes de sitcoms? Il est également devenu plutôt simple de reproduire la voix ou l’image d’une personne. Les grandes stars de cinéma ont des avocats et la puissance financière nécessaire pour empêcher quelqu’un de profiter illégitimement de leur image. Mais qu’adviendra-t-il de tous les acteurs en herbe qui luttent pour leur survie? Qu’en sera-t-il de ceux engagés dans des publicités ou des films pour des rôles mineurs ou en tant que figurants? Qu’est-ce qui empêchera un studio de cinéma de payer ces acteurs une fois puis de les recréer numériquement pour remplir ses cents prochains films de foules d’«interprètes de synthèse» en lieu et place d’êtres humains rémunérés?
La grève a apporté une «solution» puisque les acteurs devront désormais être indemnisés pour leurs répliques numériques. Mais beaucoup restent insatisfaits car il ne sera pas très compliqué de modifier juste assez une image générée par l’IA pour éviter les accusations d’utilisation de personnes réelles à des fins de génération d’interprètes de synthèse. Or si les studios craignent les poursuites judiciaires, pourquoi ne pas utiliser des acteurs disparus? Il est en effet un peu plus compliqué pour les personnes décédées d’intenter un procès.
Jeffrey Katzenberg, cofondateur de DreamWorks, a récemment déclaré que le coût de production d’un film d’animation pourrait chuter de 90% grâce à l’IA1. Et ce constat ne concerne pas que l’animation. Qui ne serait pas tenté d’aller voir un nouveau film de James Bond avec «Sean Connery» ou un nouveau film de Ghostbusters avec «Harold Ramis» reprenant son rôle d’Egon Spengler?
Bientôt, nous pourrons vraiment les revivre – et de manière convaincante – à partir d’un code.
Après la pandémie, la guerre du streaming n’a fait que quelques gagnants qui ont pu augmenter leurs prix sans qu’un nombre significatif de clients ne résilient leurs abonnements. En fait, comme les consommateurs ont tendance à se concentrer sur un ou deux services de streaming, il semble que les hausses de prix des plateformes leaders incitent plutôt les clients à résilier d’autres services que leur fournisseur principal. Combien de secteurs et d’entreprises peuvent se vanter d’acquérir des clients tout en augmentant leurs prix? C’est une position rare et enviable.
Tout cela m’amène à penser que, quel que soit le «prix d’équilibre» d’un abonnement pour disposer d’un choix de films, documentaires et séries en continu, il est probablement beaucoup plus élevé que celui que facturent actuellement la plupart des fournisseurs. La fin des grèves à Hollywood fournit une excuse pour augmenter à nouveau les prix.
Les gagnants de la guerre du streaming bénéficieront probablement d’une très forte croissance de leur revenu moyen par membre (ARM) en 2024. Et comme l’IA rend obsolète la contribution de plus en plus de personnes dans l’industrie, le contenu deviendra de moins en moins cher à produire. L’avenir s’annonce sombre pour ceux qui tentent de se faire une place à Hollywood, mais il s’éclaircit pour les investisseurs dans les principaux fournisseurs de contenu. Il semble en effet que s’ouvre véritablement une voie vers une croissance soutenue des revenus et de la rentabilité.