Quelle est la prochaine étape pour les banques turques?

Aabid Hanif, Indosuez Wealth Management

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Les fluctuations récentes en Turquie continuent de menacer les profils de crédit du secteur bancaire.

 

Les fluctuations récentes, en Turquie, de la monnaie et des marchés qui ont entraîné des baisses de notation des trois principales agences de notation pour le secteur turc et le secteur des entreprises, continuent de menacer les profils de crédit du secteur bancaire. La dépréciation de la livre turque, le ralentissement de la croissance économique et la hausse des taux d’intérêt présentent des risques importants pour la qualité des actifs, la performance, la capitalisation ainsi que le financement et la liquidité des banques. Nous nous attendons à ce que la performance du secteur se détériore en 2018, mais le test à plus court terme et la préoccupation pour le secteur sont la capacité des banques à refinancer leur dette extérieure.

Le pourcentage de prêts à problème dans le système
pourrait atteindre 15% dans les 24 prochains mois.

La chute brutale de la livre a entravé la capacité du secteur privé à rembourser sa dette, dont une grande partie est libellée en devises. Au cours du premier semestre 2018, un certain nombre d’entreprises ont restructuré un grand nombre de prêts et, par conséquent, la part des prêts de «type 2» (dépréciés mais non classés comme non performants) par rapport au total des prêts est passée à 7%. Ils sont au plus haut depuis dix ans. Selon les estimations de S&P Global Ratings, le pourcentage de prêts à problème dans le système est à deux chiffres et pourrait atteindre 15% dans les 24 prochains mois. A fin 2017, les prêts à problème dans le secteur bancaire turc s’élevaient à 3,02% de l’encours total. De plus, les risques liés à un seul émetteur et l'exposition à des secteurs risqués, tels que la construction, l'énergie et le financement de projets, pèseront sur la qualité des actifs.

Selon une note de recherche de Moody’s, les bailleurs de fonds du pays avaient un financement en devises d’environ 186 milliards de dollars à la fin du premier semestre de 2018, les banques devant refinancer 77 milliards de dollars d'obligations de gros en devises et de prêts syndiqués au cours de la prochaine année.

Les banques turques ont fait leurs preuves en matière d’accès
aux marchés de la dette extérieure en période de test.

Dans ce contexte, le test le plus pressant pour le secteur bancaire turc sera, à notre avis, le refinancement en devises. Un certain nombre de banques turques doivent conclure des syndications de prêts annuelles en dollars d'ici la fin de l'année. Akbank Turk AS, Turkiye IS Bankasi AS et Export Credit Bank of Turkey devraient se refinancer d'ici la fin du mois, ce qui constituera un test clé pour les investisseurs et pourrait avoir des répercussions sur le reste du secteur bancaire.

Il convient de noter que les banques turques ont fait leurs preuves en matière d’accès aux marchés de la dette extérieure en période de test. Toutefois elles ont pu le faire au prix de financement externe plus couteux. L'année dernière, les banques ont été obligées de payer davantage pour leurs obligations, les marges de prêt augmentant à plus de 100 points de base contre environ 55 points de base en 2016 après l'échec du coup d’Etat et la dégradation des marchés. De même, en 2012, les banques ont augmenté les taux d’intérêts versés pour attirer les prêteurs européens.

Nous nous attendons à ce que les banques puissent continuer à lever des fonds, mais à un coût plus élevé. Cependant, avec la pression continue sur la livre et les perspectives de croissance turques fortement affaiblies, cela pourrait altérer la confiance des investisseurs et des banques étrangères.