Enquête de la BCE sur le crédit bancaire: de quoi intéresser tout le monde

Felipe Villarroel, TwentyFour

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Malgré la faiblesse de la demande de prêts aux entreprises, d'autres aspects méritent d'être soulignés.

L'enquête de la BCE sur la distribution du crédit bancaire (BLS), publiée la semaine dernière, a permis aux banques elles-mêmes de s'exprimer sur les tendances de l'offre et de la demande de crédits dans les différents secteurs de l'économie. Alors que l'on a surtout parlé de la demande de prêts aux entreprises, qui a atteint un niveau historiquement bas, nous pensons qu'il existe d'autres données tout aussi importantes qui n'ont pas été suffisamment évoquées, sinon pas du tout.

Voyons d'abord les mauvaises nouvelles. La demande de prêts aux entreprises a, en effet, été faible, ce qui n'est pas bon signe pour la croissance. C'est le reflet d'un coût du crédit plus élevé dans un environnement de croissance ralentie, un mélange peu propice à une augmentation importante du Capex. Autrement dit, les directeurs financiers sont payés pour attendre avant d'investir d'énormes sommes d'argent. Les banques ont également indiqué qu'elles s'attendaient à ce que la demande continue de baisser au troisième trimestre, bien que plus lentement. Les ménages ont également réduit leur demande de crédits par rapport au premier trimestre; cependant, le creux de la vague a été atteint il y a deux trimestres, à la fois pour les prêts hypothécaires et pour les crédits à la consommation, de sorte qu'actuellement, moins de banques font état d'une baisse de la demande dans ces catégories.

Le second semestre devrait enregistrer une croissance bien inférieure qu'attendue dans la zone euro, bien qu'avec une certaine disparité entre les pays.

Passons maintenant aux bonnes nouvelles: l'offre du crédit ne semble pas particulièrement en tension au regard des enquêtes précédentes. 14% des banques affirment avoir durci leurs conditions de prêts aux entreprises par rapport au premier trimestre, ce qui représente une baisse considérable, comparé aux 27% précédemment atteints. Bien que ce niveau soit toujours un peu élevé par rapport aux années précédentes, on peut affirmer qu'il ne s'agit pas d'un désastre complet.

En ce qui concerne les prêts hypothécaires, le BLS a annoncé, pour le troisième trimestre consécutif, une baisse du nombre de banques ayant signalé un durcissement de leurs exigences. Le sommet a été atteint au quatrième trimestre 2022, avec près d'un quart des banques dans cette situation, juste avant ce qui était un hiver plus clément qu'anticipé. Aujourd'hui, ce chiffre est de 8,4%, ce qui, une fois encore, n'est guère une preuve de durcissement sévère.

Enfin, le crédit à la consommation reste le secteur (avec l'immobilier commercial) où les banques restent les plus réticentes à accorder des prêts. Il s'agit là d'une pratique habituelle qui serait en fait inquiétante si ce n'était pas le cas, du point de vue à la fois des porteurs d'obligations, et de la stabilité financière. Ce sont les secteurs les plus cycliques qui ont tendance à accuser des défauts plus importants. Il est donc tout à fait cohérent que les critères soient revus à la hausse.

Pour la suite, les banques prévoient de resserrer encore les conditions de prêt au troisième trimestre, mais à un rythme moindre qu'au deuxième trimestre pour les entreprises, au même rythme pour les prêts hypothécaires et à un rythme plus rapide pour les prêts à la consommation.

En conclusion, le second semestre devrait enregistrer une croissance bien inférieure qu'attendue dans la zone euro, bien qu'avec une certaine disparité entre les pays (par exemple, la croissance devrait être négative en Allemagne, mais positive en Espagne). Bien que tout soit loin d'être rose, il est également vrai que l'on est loin d'un atterrissage abrupt. Il ne fait aucun doute que les choses peuvent changer très rapidement et nous ne pouvons ignorer que l'économie mondiale n'a plus d'arguments pour se défendre d'un choc externe de grande ampleur. Mais comme l'hypothèse d'un atterrissage brutal est de plus en plus écartée, que les taux directeurs paraissent proches de leurs pics et que les rendements sont très attrayants, nous pensons que les marchés obligataires sont bien placés pour offrir des rendements ajustés au risque intéressants.

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