D'abord, c'est précisément le risque de défaut qui explique les rendements élevés de ces crédits. Nos recherches montrent que, historiquement, la prime de rendement dépasse largement les pertes dues aux défauts. Ensuite, ces mêmes investisseurs n'hésitent pas à acheter des actions, qui subissent également des défauts, souvent plus fréquents et sévères que ceux du crédit. Enfin, sur le long terme, les obligations à haut rendement européennes ont généralement offert un meilleur équilibre entre risque et rendement, avec une volatilité plus faible, des baisses moins prononcées et des performances supérieures à celles des actions européennes.
Risque rémunéré
Depuis le début des années 2000, le crédit à haut rendement européen a enregistré un taux de défaut annuel moyen de 1,3%, entraînant une perte de performance annuelle moyenne de 0,70%. Malgré cela, les investisseurs ont été bien récompensés pour le risque de défaut qu'ils ont pris. Durant cette période, le crédit à haut rendement européen a offert une performance annualisée de 5,2%, surpassant les obligations d'État allemandes, qui ont généré 2,8%. De plus, il a également dépassé les actions européennes, dont la performance annuelle moyenne s'est limitée à 4,1%. Ces chiffres sont basés sur l'indice ICE BofA Euro High Yield Constrained pour le crédit, l'indice ICE BofA German Government Bond pour la dette publique, et l'indice MSCI Europe pour les actions.
Sur une base ajustée au risque, le crédit à haut rendement européen se révèle encore plus avantageux. Sa volatilité annualisée est de 10,7%, contre 18,2% pour les actions, et sa baisse maximale a été de 37%, comparée à 55% pour les actions. Ces baisses plus modérées renforcent l'attrait du crédit, surtout lorsqu'on considère la reprise du marché par la suite. En général, le crédit à haut rendement tend à égaler, voire à surpasser, les actions dans les six mois suivant un creux du marché, et continue souvent de progresser l'année suivante. Deux éléments soutiennent le crédit dans ces situations: les coupons et le «pull to parity». Contrairement aux dividendes, qui peuvent être réduits ou supprimés, les obligations génèrent un rendement, sauf en cas de défaut. De plus, à l’échéance, les obligations sont remboursées à leur valeur nominale, ce qui tend à faire grimper leur prix s'ils ont été sous-évalués.
Meilleur par défaut
Un aspect souvent méconnu est que les actions subissent également des «défauts», à un taux bien plus élevé que le crédit à haut rendement. Bien que les actions ne fassent pas défaut de manière traditionnelle, les entreprises peuvent faire faillite. Pour comparer, nous utilisons le taux de recouvrement du crédit à haut rendement, qui est d'environ 30%. Ainsi, nous considérons comme «défaut» pour les actions les titres dont le prix a chuté de 70% et qui ont été retirés de l’indice MSCI Europe. En comparant cela à la définition classique du défaut de crédit, nous avons constaté que depuis 2005, le taux de défaut annuel moyen du crédit à haut rendement européen est de 2,35%, tandis que celui des actions atteint 5,17%. Exception faite de l'année 2024, où les taux de défaut des actions et des crédits à haut rendement étaient similaires.
Les résultats sont cohérents dans d'autres régions. Le crédit à haut rendement offre une meilleure rémunération du risque que les actions et permet des gains significatifs par rapport à la dette souveraine, même en tenant compte des défauts. Ces avantages sont clairs pour les investisseurs prêts à adopter une stratégie à moyen et long terme, plutôt qu'une approche tactique à court terme. Les préoccupations autour des risques de défaut dans le crédit sont souvent exagérées. Bien que le crédit à haut rendement puisse faire défaut, les investisseurs sont bien compensés pour ce risque, surtout par rapport aux actifs considérés comme sûrs, comme la dette souveraine. Par ailleurs, les actions exposent les investisseurs à des taux de défaut plus élevés sans offrir une rémunération aussi généreuse. La combinaison d'un taux de défaut plus faible, de performances moyennes plus élevées, de volatilité réduite, de baisses limitées et de reprises robustes après les creux renforce l'attrait du crédit à haut rendement par rapport aux actions.
Cette analyse devrait encourager les investisseurs à reconsidérer leurs inquiétudes concernant les taux de défaut. Les idées reçues sur les risques ne devraient pas occulter les opportunités offertes par le crédit à haut rendement. En dépit des défauts occasionnels, les rendements potentiels et la stabilité relative de cette classe d'actifs en font une option attrayante pour ceux qui cherchent à diversifier leurs portefeuilles et optimiser leurs investissements sur le long terme.