Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La saison des bénéfices bat son plein, et les investisseurs sont ravis des résultats semestriels. Mais la bourse semble avoir déjà intégrée une grande partie de l’évolution positive à l’évolution des cours – du moins, selon sa réaction mitigée.

Parfois, il ne suffit pas d’être le meilleur. Logitech, fabricant de périphériques informatiques, vient de publier des résultats impressionnants, son chiffre d’affaires augmentant de près de 67% au trimestre écoulé. Quant au bénéfice net, il passe à près de 187 millions de francs suisses (+160%). Il n’est pas surprenant que les souris, claviers, webcams et headsets se soient vendus si bien – après tout, le télétravail a fortement progressé pendant la pandémie. La réaction en bourse a plutôt été décevante, l’action ayant enregistré une perte de 10%, pour la simple raison que la bourse parie avant tout sur le futur et non sur le présent. En effet, le marché table sur un ralentissement prononcé de la croissance ces prochains trimestres. En raison de l’obligation de télétravail dans de nombreux endroits, la demande pour des produits informatiques a véritablement explosé, c’est pourquoi Logitech ainsi que de nombreux autres groupes informatiques font partie des grands gagnants du coronavirus. Or, il est évident qu’une telle évolution ne saurait continuer de manière linéaire. Car tous ceux qui auront acheté un nouveau PC, un laptop ou un clavier l’an dernier réduiront forcément leurs dépenses informations dans un futur proche. C’est pourquoi l’action Logitech est presque 20% en dessous de son niveau record historique de début juin.  

Et elle n’est pas la seule entreprise concernée par cette évolution. Apple, le plus grand groupe informatique, fait face à une situation similaire, pulvérisant, avec un bénéfice trimestriel de 21,7 milliards de dollars US, tout bonnement les prévisions des analystes; l’action, cependant, a perdu près de 2% de sa valeur dès la publication des chiffres. Parfois, il ne suffit pas d’être le meilleur.    

Les actions chinoises sous pression. Tout investisseur en actions profite en ce moment d’excellentes performances des indices. L’indice des actions mondiales MSCI World a progressé de 19% depuis le début de l’année, calculé en francs suisses, et le Swiss Performance Index (SPI) enregistre, lui aussi, une performance positive d’au moins 16%. Ce ne sont toutefois que quelques rares exemples positifs. En effet, certains indices de pays ont même généré des pertes pour les investisseurs. Ainsi, les actions japonaises ont perdu au moins 2% jusqu’à présent, le marché chinois des actions ayant enregistré une baisse encore plus marquée (-3,6%), ce qui est surprenant, car la Chine est considérée comme le pays qui s’est sorti le mieux de la crise. L’explication est de nature politique: en effet, l’Empire du milieu semble basculer de plus en plus vers la dictature, sous la houlette de Xi Jinping, le président et chef du parti communiste, à l’image de ce qui s’est passé au Xinjiang, au Tibet, mais aussi des interventions musclées à Hong Kong, autrefois indépendante. Le système politique intervient y compris de plus en plus dans l’économie. Le gouvernement a serré la vis réglementaire à de grands groupes technologiques chinois tels qu’Alibaba ou Tencent, et pris pour cible le secteur de la formation cette semaine. A l’avenir, les établissements de formation de droit privé ne pourront plus fonctionner que dans le cadre d’une mission d’utilité publique, passant ainsi de fait sous le contrôle du parti. Il est évident, de par ces interventions, que Xi Jinping cherche à asseoir son pouvoir et à prendre le contrôle de la formation de l’opinion. Tous ceux qui veulent investir en Chine devraient prendre conscience de ces risques politiques croissants. Certes, l’Empire du milieu présente un potentiel gigantesque, aussi faut-il se demander si le succès économique à long terme du pays, reposant sur la créativité et l’esprit d’entreprise, peut être pérennisé dans un environnement marqué par une répression politique de plus en plus féroce et caractérisé par des restrictions de libertés. L’épreuve décisive est encore à venir.

Graphique de la semaine

La lutte contre la pandémie du coronavirus laisse des traces, et la dette publique mondiale augmente rapidement. Quant aux Etats-Unis, le plafond de la dette, à hauteur de 28’500 milliards de dollars, a déjà été atteint. Si le gouvernement ne parvient pas à le relever, il risque de faire défaut. Les Républicains devraient, au final, céder à court terme, mais cela risque de différer la solution du problème une fois de plus dans le temps.

GROS PLAN

Pression sur les marges de Nestlé. Le plus grand groupe alimentaire mondial et poids lourd du SMI a publié des chiffres semestriels mitigés, malgré une croissance organique impressionnante (+8,6%). Les marges du groupe sont sous pression, en raison des prix des matières premières en forte hausse.  

LE PROGRAMME

Inflation suisse. Les chiffres de l’inflation du mois de juillet seront publiés le 2 août. Malgré une progression du renchérissement, l’inflation reste bien en deçà du plafond de 2%, tel que fixé par la Banque nationale suisse (BNS).

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