Comment les entreprises s’alignent avec l’Accord de Paris

Robin Rouger, Banque J. Safra Sarasin

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Les investisseurs ont besoin d’un fil directeur pour prendre en compte la dimension climatique.

Le problème du réchauffement climatique a des implications considérables, en matière de risques, sur les investissements. Nous avons créé un modèle qui nous permet de positionner les sociétés par rapport au cadre des 2°C préconisé par l’Accord de Paris.

L’évaluation de la trajectoire de température
doit reposer sur des considérations scientifiques.

Depuis le discours du précédent gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, en 2015, qui a introduit la notion de risques liés au climat, les investisseurs se sont démenés pour intégrer cette problématique dans leurs décisions d'investissement. La grande question est la suivante: comment les entreprises et les investisseurs peuvent-ils s'aligner sur l'Accord de Paris. Les exigences et la capacité des entreprises à le faire découlent des avancées scientifiques et des politiques gouvernementales visant à gérer la transition énergétique. Les investisseurs ont besoin d’un fil directeur pour prendre en compte la dimension climatique pour deux raisons essentielles: 

  • Premièrement, pour écarter les sociétés fragiles, susceptibles d’être fortement impactées par des risques physiques, réglementaires ou liés à la transition énergétique qui auront un impact négatif sur leur bilan. Certaines pourraient même se retrouver avec de actifs bloqués. 
  • Deuxièmement, pour identifier des opportunités d’investissement parmi les sociétés qui ont déjà intégré les enjeux climatiques à leur modèle d'entreprise et qui gagneront des parts de marché importante. Il est donc primordial d’attribuer une trajectoire de température.
Les efforts de réduction des émissions dépendent des objectifs de température

Nous estimons que tous les secteurs ont un rôle à jouer dans la transition climatique. Cependant, les efforts de réduction des émissions de carbone que les entreprises devront réaliser pour s’aligner sur l’Accord de Paris dépendent de la nature de leurs activités et de leur emplacement géographique. Nos fournisseurs de données dressent la liste des exigences en matière de réduction des émissions de carbone qui devront être respectées, pour chaque pays et secteur, selon le scénario de hausse des températures.

Toute entreprise ayant une politique climatique responsable
devrait déjà avoir mis en place des orientations stratégiques depuis plusieurs années.
Examen des objectifs de réduction des émissions des entreprises

En deuxième lieu, nous analysons les objectifs de réduction des émissions formulés par la direction de chaque entreprise. Ces objectifs sont ensuite comparés aux exigences de chaque scénario de hausse. Nous pouvons donc déterminer si les objectifs de l’entreprise sont suffisamment ambitieux pour s'aligner sur l’Accord de Paris, ou au contraire s’ils sont insuffisants.

Pratiques antérieures en matière d’émissions

Avoir des objectifs ambitieux est une condition nécessaire, mais non suffisante. Nous devons donc vérifier les objectifs ambitieux des entreprises en les comparant aux résultats qu’elles ont obtenus par le passé. Le changement climatique n’est pas un problème récent. Par conséquent, toute entreprise ayant une politique climatique responsable devrait déjà avoir mis en place des orientations stratégiques depuis plusieurs années. Nos observations du passé nous permettent de déterminer si les objectifs actuels de réduction des émissions de carbone sont réalistes et conformes à une projection de hausse des températures cohérente. Les avancées seront naturellement surveillées au fil du temps et le modèle devra être mis à jour.

Ce que les clients vont en retirer

Evidemment, il n’est pas possible de prévoir avec certitude la trajectoire des entreprises en matière de réchauffement climatique pour les prochaines années. Mais nous pouvons certainement confirmer que nous avons pris en compte tous les paramètres nécessaires à l’atténuation des risques liés à la transition climatique. Nous estimons qu’une entreprise qui, 1) a démontré sa capacité à réduire ses émissions de carbone sur une certaine période, 2) manifeste dans sa stratégie un engagement réel sur le chemin de la transition, et 3) fait les efforts requis pour se conformer à l’Accord de Paris, est probablement mieux positionnée pour un futur à faible intensité carbone. Après avoir réalisé cette évaluation quantitative, il convient d’effectuer une analyse approfondie des fondamentaux pour comprendre la réflexion stratégique de l'entreprise en lien avec la transition énergétique. Enfin, pour sélectionner les futurs leaders de demain, cette analyse doit être complétée par une évaluation de la capacité des entreprises à générer des cash flows à l'avenir.

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