Check-up de l’économie française

Bruno Cavalier, ODDO BHF AM

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Pour l’économie française, l’année 2020 se termine sur une petite note d’espoir, mais Il ne faut pas se faire trop d’illusion.

Pour l’économie française, l’année 2020 se termine sur une petite note d’espoir. La vague épidémique a bien reflué, les restrictions à l’activité ont été allégées, et par suite, le climat des affaires et les dépenses des ménages ont rebondi. Il ne faut pas se faire trop d’illusion sur ces résultats encourageants. Primo, le choc économique de la pandémie n’est pas effacé et certaines conséquences négatives sont à venir (défaillances). Secundo, les politiques publiques tiennent l’économie à bout de bras (déficits). Il n’est pas question de retirer d’un coup ces soutiens en 2021, mais il n’est pas non plus réaliste ni souhaitable de les garder indéfiniment.

Les rapports récemment publiés par la Banque de France, l’INSEE et Markit montrent que l’activité et la confiance des entreprises ont commencé de se redresser dès le début décembre, confirmant ainsi que le choc négatif du deuxième confinement sera bien plus faible que le premier (graphe de gauche). Du côté des ménages, l’alternance de phases d’ouverture et de fermeture de l’économie – et la privation de liberté qui en résulte – pèse plus durablement sur le moral mais cela ne se ressent sur leurs dépenses, elles aussi en fort rebond depuis que les restrictions à la mobilité ont été allégées fin novembre (graphe de droite). Les mécanismes de soutien mis en place dans l’urgence au printemps jouent à nouveau leur rôle. Comme ailleurs en Europe, les dépenses publiques ont augmenté d’environ 8 points de PIB en 2020. La spécificité française est qu’on partait déjà d’un niveau record de 55%. Il y a là un cas d’école d’une bonne politique de stabilisation face à un choc exogène. Sans cela, la crise aurait été encore plus sévère (le PIB va tout de même chuter de 9%) et les espoirs de la surmonter encore plus minces.

Au-delà de ses effets positifs de court terme, il faut se demander si cette aide publique ne va pas rendre l’économie moins efficace au fil du temps, par exemple si cela avantage trop les entreprises moribondes (les fameux «zombies») au détriment de celles qui sont profitables. Si c’était le cas, cela bloquerait le processus de «destruction créatrice» et, partant, réduirait la productivité. Un rapport du Conseil d’analyse économique, think tank du gouvernement, ne repère rien de tel pour le moment. En 2020, les défaillances ont baissé d’environ 40% par rapport à la normale, en partie car la pandémie empêchait les procédures de liquidation de suivre leur cours. Il y aura un fort rattrapage en 2021, en partie technique (défaillances différées), en partie liée à la hausse de l’endettement des firmes. Il est admis qu’il faudra réduire les aides, mais mieux vaudrait le faire de manière progressive et ciblée, et non d’un coup, même si cela est coûteux pour les finances publiques. A vouloir assainir trop vite, on risque d’aggraver les effets économiques à moyen terme de la crise sanitaire.

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