En résumé
À la suite des récents développements, nous relevons notre hypothèse de taux effectif des droits de douane américains sur l’UE de 5% à 15%. En conséquence, nous révisons à la baisse nos prévisions de croissance pour 2025 et 2026 et considérons désormais un risque significatif de sous-performance de l’inflation. Nous prévoyons que le Conseil des gouverneurs réduira les taux directeurs de 25 points de base lors de la réunion d’avril, et que le taux de la facilité de dépôt atteindra 1,75% d’ici juillet ou septembre.
Nous estimons que les annonces tarifaires du «Liberation Day» du 2 avril ont porté le taux effectif des droits de douane sur l’UE à 15%. Celles-ci, combinées aux droits de douane supplémentaires attendus sur les secteurs actuellement exemptés (par exemple les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs), auraient fait grimper le taux effectif au-dessus de 20%.
Cependant, le sursis de 90 jours annoncé le 9 avril a quelque peu atténué cet impact. Si ce sursis est maintenu, et que les droits sectoriels spécifiques sont appliqués comme nous l’anticipons, le taux effectif des droits de douane sur l’UE serait plutôt de l’ordre de 15%. En conséquence, nous relevons notre hypothèse de base pour le taux effectif de 5% à 15%.
Combiné à un ralentissement plus large de la croissance mondiale, à des conditions financières plus strictes et à un euro plus fort, nous abaissons nos prévisions de croissance du PIB pour 2025 et 2026 de 0,2 et 0,6 point de pourcentage, respectivement, à 0,8% et 1,0%. Cela efface effectivement les gains attendus d’une politique budgétaire européenne plus expansionniste et place la zone euro au bord d’une récession technique au second semestre 2025.
Il existe désormais un risque important de sous-performance de l’inflation. La faiblesse de la croissance va creuser davantage l’écart de production, l’inflation des services chute fortement et la croissance des salaires ralentit également. Il est peu probable que l’UE réplique avec force, comme l’illustre l’abandon récent des droits de rétorsion sur l’acier et l’aluminium. Cela, combiné à un euro plus fort et à la possibilité que la Chine redirige une partie de ses exportations vers l’Europe, laisse entrevoir une perspective d’inflation plus faible. Nous abaissons notre prévision d’inflation annuelle (CPI) pour fin 2026 de 0,2 point à 1,7%.
L’argument en faveur d’un assouplissement monétaire par rapport à mars est désormais évident. Cela a été corroboré par les récentes déclarations de membres de la BCE, notamment Escriva: «certains des scénarios les plus défavorables que nous avions envisagés se concrétisent», Rehn: «les risques baissiers qui se matérialisent plaident en faveur de nouvelles baisses de taux en avril», et Villeroy: «les droits de douane annoncés le 2 avril justifient une baisse imminente».
Nous ajoutons deux baisses à notre prévision précédente. Nous anticipons que la BCE abaissera le taux de la facilité de dépôt de 25 points de base jeudi, à 2,25%, suivi de deux nouvelles baisses, pour atteindre un taux terminal de 1,75%.