La BCE devrait assouplir sa politique en réduisant de nouveau ses taux de 25 points de base jeudi. Cela laissera le taux de la facilité de dépôt à 2,5%, à la limite supérieure de notre estimation du taux neutre (2-2,5%), ce qui marquerait la fin de la politique monétaire «restrictive» dans la zone euro. Nous continuons de prévoir des baisses successives des taux jusqu'en juillet, ce qui amènerait le taux de politique monétaire à 1,7%. Cependant, le risque d'une croissance plus forte (et donc d'un rythme de baisse des taux plus lent) a augmenté, car l'activité économique semble avoir atteint son point bas, les dépenses de défense devraient augmenter, et un cessez-le-feu potentiel en Ukraine reste envisageable.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait procéder à une nouvelle réduction de 25 points de base de ses taux directeurs lors de la réunion de politique monétaire de mars. Cependant, les perspectives pour la suite ont été assombries par les commentaires «hawkish» de membres influents du Conseil des gouverneurs, en particulier Isabel Schnabel, ainsi que par une amélioration des perspectives de croissance à court terme.
Les données récentes sur l'activité ont montré une faiblesse persistante. La croissance du PIB réel au quatrième trimestre a été inférieure aux prévisions des services de la BCE de décembre, les composantes à terme des indices PMI restent dans une zone de contraction et la croissance de l'emploi continue de ralentir. Cependant, des signes d'amélioration commencent à apparaître. L'élan des indices PMI semble avoir atteint son point bas; les données de croissance ont surpris à la hausse depuis le début de l'année (par rapport à des attentes effectivement très faibles), et une impulsion positive de la demande est attendue en raison de l'augmentation des dépenses de défense et de la perspective d'un cessez-le-feu en Ukraine. Nous prévoyons que la croissance serait boostée de 0,2 à 0,3 points de pourcentage (ppts) si les dépenses de défense en Europe atteignaient 2,5% du PIB d'ici la fin de 2026 et nous attendons une impulsion supplémentaire de 0,2 à 0,3 ppts si un cessez- le-feu «fragile» était convenu. Cependant, la perspective de droits de douane supplémentaires continue de peser sur les perspectives. Nous ne pensons pas qu'une stratégie douanière réciproque, ni un droit de douane de 25% sur les voitures, ait un impact significatif sur les fondamentaux. Mais la mise en œuvre de droit de douane correspondant aux taux de TVA de l'UE, ou global de 25% sur tous les produits de l'UE, serait significative et risquerait d'annuler tout gain provenant des dépenses de défense et d'un cessez-le-feu.
Par ailleurs, les perspectives d'inflation continuent d'apparaître relativement favorables. Nous sommes encouragés par la baisse de l'inflation des services dans le rapport préliminaire de février et nous sommes convaincus qu'il y a encore de la marge pour une diminution supplémentaire. Une grande partie de la persistance récente de l'inflation est due à trois composantes – l'assurance, le tourisme et les transports – qui montrent toutes des signes de normalisation dans les mois à venir. Le marché du travail continue également de se détendre, tandis que les indicateurs en temps réel des salaires montrent une forte baisse de la croissance salariale annuelle d'ici la fin de l'année.
Une grande partie des récentes discussions sur la politique monétaire a porté sur la question de savoir si les taux d'intérêt sont toujours restrictifs. Cette question a été soulevée par l'avis du membre du directoire, Isabel Schnabel, selon lequel la politique ne devrait plus être qualifiée de «clairement restrictive». Nous partageons cet avis, étant donné que la politique devrait se situer à la limite supérieure de notre fourchette neutre de 2 à 2,5% plus tard cette semaine.
Avec une croissance qui devrait rester inférieure à la tendance cette année et une probabilité importante que l'inflation soit inférieure à l'objectif de 2% à moyen terme, nous maintenons notre prévision de baisses successives des taux jusqu'en juillet, ce qui ramènerait le taux directeur à 1,75%, légèrement en dessous du taux neutre. Cependant, les nouvelles au cours des six dernières semaines, telles que l'augmentation des dépenses de défense et la perspective d'un cessez-le-feu en Ukraine, font pencher les risques de notre prévision vers une croissance plus forte et donc un rythme plus lent de réductions des taux.