USA: la croissance du PIB s’accélère au deuxième trimestre, à 2,8%

AWP/AFP

2 minutes de lecture

Les analystes anticipaient une accélération de la croissance mais l’envisageaient plus modeste, à 1,9% pour la période entre avril et juin.

L’économie américaine, qui semblait présenter des signes d’essoufflement au premier trimestre après plus de deux ans de performances supérieures aux attentes, a marqué un sursaut inattendu ces derniers mois, à la plus grande satisfaction du président Joe Biden et du camp démocrate à quelques mois de l’élection présidentielle.

Portée par la consommation et l’investissement, la progression du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s’est de nouveau accélérée entre avril et juin, atteignant 2,8% en rythme annualisé, contre 1,4% au premier trimestre, selon la première estimation du département du Commerce, publiée jeudi.

Une surprise pour les analystes qui anticipaient une accélération mais plus modeste, à 1,9%, selon le consensus publié par briefing.com.

En la comparant au trimestre précédent, la croissance atteint 0,7%, contre 0,4% sur le premier trimestre par rapport au dernier de 2023. Ces données sont ajustées de l’inflation, c’est-à-dire que le calcul exclut les effets de la hausse des prix.

Le département du Commerce explique l’accélération de la croissance par une «hausse des dépenses de consommation, tant dans les biens que les services» mais aussi une «progression de l’investissement privé dans les stocks».

«Le ralentissement des trois premiers mois de l’année s’est avéré être temporaire et la réaccélération de la croissance devrait réduire les inquiétudes concernant la solidité de la période d’expansion» que connaît actuellement l’économie américaine, a estimé dans un commentaire le chef économiste d’Oxford Economics, Ryan Sweet.

Parmi les principaux secteurs contributeurs, on trouve notamment le commerce de détail et de gros, ainsi que la santé, le logement ou encore la vente de véhicules moteurs et de biens d’équipement durables.

Positif pour Harris, pas pour la Fed

Le président Joe Biden s’est rapidement félicité jeudi dans un communiqué de ces bons chiffres qui viennent confirmer, selon lui, que «nous avons l’économie la plus puissante au monde» après avoir pris la tête du pays «au milieu de la pire crise économique depuis la Grande dépression» de 1929.

Ces données sont une bonne nouvelle pour Joe Biden mais plus encore pour sa vice-présidente, Kamala Harris, désormais candidate démocrate à l’élection présidentielle du 5 novembre et qui veut faire de la bonne tenue de l’économie un de ses arguments majeurs.

Elles pourraient en revanche inquiéter les investisseurs qui espèrent voir les signes d’un ralentissement se multiplier et la perspective que la Réserve fédérale (Fed) commence à abaisser ses taux lors de sa réunion de septembre, la dernière avant le scrutin présidentiel.

Cette accélération pourrait néanmoins s’avérer temporaire: les commandes de biens durables en juin ont fortement reculé (-6,6%, la plus forte depuis un an) après deux mois de quasi-stagnation, et le marché de l’emploi continue de montrer des signes de détentes, ce qui pourrait finir par avoir un impact sur la consommation.

«Nous pensons que la consommation ralentira au second semestre, sous l’effet d’un salaire réel qui progressera nettement moins vite que l’année dernière. La hausse du chômage et une croissance des salaires plus faible vont inciter les gens à économiser plus et limiter leurs capacités à dépenser», a ainsi estimé dans une note le chef économiste de Pantheon Macroeconomics, Ian Shepherdson.

Le département du Commerce doit publier vendredi l’indice PCE, celui utilisé par la Fed pour déterminer sa politique monétaire.

Si l’inflation a fortement ralenti au cours de l’année 2023, elle s’est stabilisée à un niveau supérieur à l’objectif de long terme de 2% de la Fed, incitant cette dernière à temporiser alors que les marchés avaient débuté l’année en espérant trois baisses des taux en 2024.

Désormais la banque centrale américaine devrait se limiter à une seule baisse de taux, qui ne devrait donc pas intervenir à la prochaine réunion de son comité de politique monétaire (FOMC), qui se déroulera les 30 et 31 juillet.

«Pour la Fed, ces données soutiennent l’idée d’une approche prudente même, avec l’inflation qui ralentit peu à peu, nous pensons toujours qu’une baisse des taux reste le scénario le plus plausible», a estimé de la cheffe économiste de HFE, Rubeela Farooqi, dans une note.

Les marchés prévoient toujours la première baisse pour la réunion des 17 et 18 septembre, selon l’outil de suivi FedWatch de CME Group, mais les investisseurs espèrent également que le dernier trimestre sera marquée par deux baisses supplémentaires.

A lire aussi...