Le groupe a dégagé un bénéfice net de 128,5 millions de francs, 8% de plus qu’en 2018. Visiblement insuffisant pour les investisseurs, l'action recule.
A la faveur d’une croissance à deux chiffres des ventes, tout comme de ses commandes, Stadler Rail a accru sa rentabilité. Le fabricant thurgovien de matériel ferroviaire a dégagé un bénéfice net de 128,5 millions de francs, 8% de plus qu’en 2018. La performance devrait être du même ordre cette année.
Le résultat d’exploitation avant intérêts et impôts (Ebit) s’est pour sa part inscrit à 193,7 millions de francs, un bond de 28% au regard de l’exercice précédent, indique jeudi l’entreprise sise à Bussnang. Toutefois, comme déjà annoncé fin janvier, Stadler Rail a vu sa marge Ebit se contracter à 6,1%, contre 7,5% un an auparavant.
Le repli de la marge Ebit reflète notamment les investissements consentis dans de nouvelles technologies, en particulier dans le domaine de la traction, dans les batteries ainsi que dans le développement d’un nouveau modèle de tramway, rappelle Stadler Rail. Ces dépenses incluent aussi des surcoûts pour certains projets, dont en particulier celui avec la compagnie de chemins de fer britannique East Anglia, lequel a souffert de retards.
En raison du problème technique d’un équipement, la commande n’a pas pu être acceptée conformément au calendrier prévu par le client. Stadler Rail a aussi souffert d’effets de change défavorables notamment pour les couronnes norvégienne et suédoise, alors que son effectif a fortement progressé, de près d’un quart (23%) à plus de 10’900 emplois à temps plein à fin 2019.
L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) s’est pour sa part envolé de 30% à 269,9 millions de francs. La marge correspondante a cependant elle aussi fléchi à 8,4%, contre 10,4% en 2018.
Comme révélé fin janvier, l’entreprise thurgovienne a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de francs, 60% de plus qu’en 2018. S’étoffant elles de 17%, les commandes ont atteint un niveau inédit à plus de 5 milliards, le carnet d’ordres s’affichant à l’issue de 2019 à 15,02 milliards, une somme supérieure de 14% à celle présentée un an auparavant.
Evoquant les perspectives pour l’exercice en cours, Stadler Rail table à nouveau sur une croissance à deux chiffres des ventes à quelque 3,5 milliards de francs, dans l’hypothèse d’une situation monétaire stable. La rentabilité devrait quant à elle approcher celle présentée l’an passé, la marge Ebit étant anticipée à «au moins 6%».
Victime en quelque sorte de son succès l’an dernier, Stadler Rail n’aura pas à relever cette année autant de défis liés à sa croissance qu’en 2019, a précisé son directeur général Thomas Ahlburg, devant la presse réunie à Bussnang. Le phénomène, reflet de l’envol des ventes, des livraisons et de l’effectif, a particulièrement pesé sur le dernier trimestre 2019.
Plutôt faible, la prévision de marge Ebit inclut une certaine «dose de prudence», a confié M. Ahlburg. L’entreprise thurgovienne redoute notamment les variations des taux de change, les questions liées à la hausse constante de ses effectifs et l’épidémie de coronavirus.
Pour l’heure, Stadler Rail n’a pas ressenti d’effets significatifs du fait de la propagation du virus Covid-19, la chaîne d’approvisionnement n’ayant guère connu de problèmes, selon M. Ahlburg. «Reste qu’il est encore trop tôt pour fournir une évaluation définitive».
De manière générale, la demande est bonne, ont fait savoir les responsables de Stadler Rail. La branche ne souffre d’aucun ralentissement et la réserve d’appels d’offres est bien remplie, a poursuivi M. Ahlburg. Ce dernier a dit ne nourrir aucune crainte quant à la reprise des activités du canadien Bombardier dans le matériel ferroviaire par le champion français Alstom, l’opération ne devant au final pas changer le marché.
Ces deux acteurs de poids sont orientés sur les grandes séries, Stadler Rail se concentrant sur des commandes de moindre ampleur. Dans le cadre de cette opération, la firme rappelle être intéressée à reprendre certaines activités des deux géants dans le cas où l’approbation de leur union par les autorités de la concurrence serait tributaire de désengagements, en particulier dans la signalisation.
Le conseil d’administration entend proposer à l’assemblée générale le versement d’un dividende total de 120 millions de francs au titre de l’exercice sous revue, soit 1,20 franc par action. Pour l’année en cours, Stadler Rail entend reverser environ 60% de son bénéfice net à ses propriétaires.
Les investisseurs n’ont visiblement guère goûté la copie présentée par Stadler Rail. Vers 12h50 à la Bourse suisse, le titre de l’entreprise de Suisse orientale déraillait, lâchant pas moins de 4,33% à 44,58 francs, alors que l’indice de référence SPI chutait dans le même temps de 1,17%.