Sika soutenu sur neuf mois par MBCC, le bénéfice recule

AWP

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Le chiffre d’affaires s’est étoffé de 5,6% sur un an à 8,45 milliards de francs, indique le groupe zougois.

Sika a enregistré une forte croissance au cours des neuf premiers mois de l’année, grâce notamment à l’importante acquisition de MBCC, ex-filiale du géant allemand BASF. En termes de rentabilité, le chimiste de la construction a limité les dégâts grâce à un troisième trimestre solide. Les objectifs annuels sont reconduits.

Le chiffre d’affaires s’est étoffé de 5,6% sur un an à 8,45 milliards de francs, indique vendredi le groupe zougois. En monnaies locales (ML), l’augmentation s’élève à 12,4%, dont la quasi-totalité (11,1%) liée aux acquisitions.

Dans un contexte compliqué sur les plans géopolitique et économique, Sika a pu compter sur MBCC pour doper ses recettes à hauteur de 878 millions de francs. La direction a relevé ses prévisions en termes de synergies attendues pour MBCC, les portant à 180-200 millions contre 160-180 millions précédemment.

Toutes les régions ont bénéficié d’une croissance d’au moins 10%. La zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (Emea) a étoffé ses ventes de 10,6%. La progression en ML s’est inscrite à 14% pour le continent américain (31,9% sur neuf mois en 2022), malgré l’inflation, la hausse des taux d’intérêts et la pénurie de main d’oeuvre dans la construction. Les ventes en Asie ont bondi de 13,5%, malgré un léger déclin en Chine.

Rentabilité améliorée au troisième trimestre

La rentabilité du groupe a été affectée par l’absence des gains liés aux cessions réalisées en 2022 (168 millions de francs), mais aussi par les coûts d’acquisition et d’intégration. Pour MBCC, ces frais devraient atteindre 230 millions, dont 200 millions comptabilisés en 2023. Dans son communiqué, Sika revendique cependant une forte amélioration au troisième trimestre.

Le résultat opérationnel brut (Ebitda) a atteint 1,50 milliard, en recul de 1,2%. L’excédent d’exploitation avant intérêts et impôts (Ebit) a plongé de 7% à 1,14 milliard, alors que le résultat net accuse un repli de 17% à 736,5 millions de francs.

Les recettes ont raté le coche des prévisions du consensus AWP, alors que l’Ebit et le bénéfice net sont peu ou prou dans la cible.

En 2023, la direction table toujours sur une croissance des ventes annuelles en ML de 15%, avec l’apport de MBCC. L’Ebit devrait progresser davantage que le chiffre d’affaires, en excluant cette importante acquisition.

Début octobre, Sika a dévoilé sa feuille de route stratégique sur cinq ans, qui implique une marge Ebitda de 20 à 23% et une croissance annuelle des ventes de 6 à 9% en ML. Le flux de trésorerie opérationnel devrait être supérieur à 10% des recettes.

Les analystes maintiennent leurs recommandations d’achat pour le titre Sika, qui jouait au yoyo vendredi à la Bourse suisse. Après avoir atteint 226 francs dans les premiers échanges, le cours est revenu au niveau de l’ouverture avant de remonter. A 10h40, la nominative prenait 1,4% à 221,30 francs, dans un SLI en recul de 0,75%.

La Banque cantonale de Zurich rappelle le lancement mardi d’investigations par la Commission européenne sur des possibles entorses à la concurrence dans le secteur de la chimie de la construction. Sika n’a jamais été mêlé à ce genre d’affaires jusqu’ici, mais le rachat de MBCC pourrait changer la donne.

Dans le viseur des autorités européennes de la concurrence

Des bureaux de Sika ont aussi été perquisitionnés à la demande des autorités européennes en charge de la concurrence. «Je peux confirmer que certains de nos sites dans l’Union européenne et en Turquie ont reçu des visites», a indiqué vendredi le directeur général du chimiste de spécialités zougois pour la construction dans le cadre d’une conférence téléphonique.

Soupçonnant des ententes sur les prix, la Commission européenne a récemment ordonné des perquisitions dans l’ensemble du secteur de la chimie de la construction. Les gardiens de la libre concurrence s’intéressent tout particulièrement aux additifs chimiques pour le ciment, le béton et le mortier. M. Hasler a assuré de l’entière collaboration de Sika aux investigations des autorités, notant qu’il est très important de travailler de manière équitable.

«Nous sommes persuadés que nous serons à la hauteur», a ajouté M. Hasler, sans vouloir aborder les détails de l’affaire. Le directeur général du groupe zougois n’a pas souhaité indiquer si Sika était concerné par les enquêtes de la commission du fait du rachat finalisé en mai de l’entreprise MBCC, ex-filiale du géant allemand BASF.

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