L’or s’est envolé à des sommets inédits cette semaine, les investisseurs se ruant sur cette valeur refuge avant l’entrée en vigueur de surtaxes douanières américaines la semaine prochaine, dans un contexte de négociations tendues sur le règlement du conflit en Ukraine.
La prochaine étape de l’offensive commerciale de Donald Trump est prévue le 2 avril: il devrait détailler son plan sur des «droits de douane réciproques», qui concerneront potentiellement l’ensemble des produits importés aux Etats-Unis.
Face aux craintes que cette politique fasse grimper les prix, «l’attrait de l’or réside notamment dans sa capacité à couvrir l’inflation», souligne Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.
En conséquence, vendredi, l’or a grimpé à un nouveau pic historique de 3.085,96 dollars l’once, après avoir déjà battu son record la veille.
«L’écart de prix entre l’or sur le Comex» de New York et celui «à Londres s’est à nouveau creusé», l’or américain s’échangeant encore plus haut, car ces taxes douanières «pourraient également affecter les importations d’or en provenance du Canada», remarque Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank.
Malgré les discussions poussées par Donald Trump, l’idée de la fin des hostilités en Ukraine semble désormais patiner, ce qui pousse le prix de l’or.
A ces inquiétudes géopolitiques et économiques, s’ajoutent les achats de lingots d’or et d’argent par les banques centrales pour remplir leurs réserves.
Vendredi, vers 14H25 GMT (15H25 à Paris), l’once d’or se négociait à 3082,79 dollars, contre 3022,15 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Pour ces mêmes raisons, l’argent s’approche de son plus haut niveau depuis 2012, et s’échangeait vendredi à 34,40 dollars l’once.
Cuivre à deux vitesses
Le cours du cuivre est en légère baisse cette semaine après s’être hissé à son plus haut niveau depuis juin 2024 à la Bourse des métaux de Londres (LME) et à son record à New York sur fond de droits de douane aux Etats-Unis.
Le prix du métal a grimpé depuis le discours de Donald Trump devant le Congrès début mars, où le président de la première puissance économique mondiale a annoncé des taxes à venir sur les importations du métal rouge.
Conséquence: les acheteurs américains cherchent à faire des réserves de cuivre avant l’application de droits de douane, faisant monter les cours, notamment aux Etats-Unis, avec un écart record entre le prix affiché sur le Comex de New York et celui au LME.
L’attente des droits de douane «a provoqué un pic des importations de cuivre aux Etats-Unis, avec des expéditions récentes atteignant 500’000 tonnes, ce qui est bien supérieur à la moyenne mensuelle habituelle de 70’000 tonnes», souligne Alan Bush analyste chez ADM Investors Services.
Mais en fin de semaine, les prix se sont rétractés, après «des informations selon lesquelles Donald Trump prévoirait d’imposer des droits de douane sur les importations de cuivre dans les semaines à venir», plus tôt que prévu, explique M.Bush.
En effet, selon Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank, il est judicieux pour les acheteurs américains de faire des réserves, mais à condition que les importations effectives de cuivre aient ensuite bien lieu «avant l’entrée en vigueur des droits de douane».
Si des taxes sont effectivement appliqués, le métal devrait suivre la trajectoire de l’aluminium, dont le prix était monté avant les 25% de taxes américaines le 12 mars, puis tombé ensuite.
Sur le LME, une tonne de cuivre coûtait 9830 dollars vendredi, contre 9855,50 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Le cacao sans saveur
Les cours du cacao sont restés presque immobiles cette semaine, la crainte d’une réduction de la production en Côte d’Ivoire étant contrebalancée par les prévisions de demande réduite.
Les prix, qui avaient atteint des sommets en décembre dernier, ont poussé à la baisse «la demande au quatrième trimestre 2024, comme le montrent les rapports de broyage trimestriels», souligne Rich Asplund, analyste pour le site Barchart.
Couplé à des meilleures perspectives de production à venir selon l’Organisation internationale du cacao (ICCO), les cours sont retombés.
Néanmoins, «le Conseil du café et du cacao de Côte d’Ivoire a déclaré mardi que le pays réduirait sa limite de ventes contractuelles pour la campagne de commercialisation 2025/26 à 1,3 million de tonnes métriques, contre 1,7 million de tonnes métriques ces deux dernières années», souligne Mark Bowman, analyste chez ADM Investor Services.
La tonne de cacao pour livraison en mai valait 6202 livres vendredi à Londres, contre 6072 livres une semaine plus tôt en fin de séance.
A New York, la tonne pour livraison le même mois s’échangeait à 7973 dollars, contre 7765 dollars vendredi dernier à la clôture.