L’or a frôlé les 3000 dollars l’once en début de semaine, dans un climat d’incertitudes alimenté par les annonces erratiques de Donald Trump, avant de glisser de son sommet les jours suivants.
Après avoir atteint lundi un nouveau record à 2956,19 dollars l’once, le cours du métal jaune a subi une correction d’environ 3,5%.
Ce reflux s’explique notamment par des «prises de bénéfices après la forte hausse du métal précieux depuis décembre», note Han Tan, analyste chez Exinity, dans une note partagée avec l’AFP.
Par ailleurs, «la hausse des prix précédente était presque exclusivement motivée par une demande plus forte d’or en tant que valeur refuge» face aux incertitudes en matière commerciale et géopolitique, un besoin qui «devrait désormais être largement couvert», estime Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.
Dans un énième revirement, Donald Trump a annoncé jeudi soir que les États-Unis imposeraient des droits de douane supplémentaires de 10% sur les produits chinois à compter du 4 mars, déjà visés début février par une première hausse de 10%.
Le président américain a également assuré que des taxes de 25% visant le Canada et le Mexique entreraient en vigueur à cette même date en mars.
Donald Trump doit par ailleurs recevoir son homologue Volodymyr Zelensky vendredi pour signer un accord sur l’accès aux minerais ukrainiens, présenté par le milliardaire américain comme une compensation des dépenses engagées par Washington pour soutenir Kiev.
Cette rencontre fait suite aux discussions entre les Etats-Unis et la Russie qui font miroiter l’espoir d’un cessez-le-feu en Ukraine.
«Étant donné que le risque géopolitique accru a été un facteur majeur de la force de l’or, une fin des hostilités entre la Russie et l’Ukraine pourrait supprimer un soutien aux métaux précieux», fait valoir Frank Watson, analyste chez Kinesis.
Vendredi, vers 15H05 GMT (16H05 à Paris), l’once d’or se négocie à 2839,28 dollars, contre 2936,05 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Le cuivre plombé
Le prix du cuivre a baissé cette semaine sur le LME, le marché se montrant pessimiste face aux menaces douanières renouvelées de la part de Donald Trump.
Fortement utilisé dans l’industrie, notamment pour la confection de circuits électriques, le cuivre est aussi un instrument reflétant l’état de santé de l’économie mondiale.
Or, avec la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis, «les risques sur la croissance économique et l’inflation reviennent hanter les investisseurs», estime Kathleen Brooks, analyste chez XTB.
Le président américain a également signé mardi un décret autorisant son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, à déterminer si des droits de douane étaient nécessaires sur les importations de cuivre, arguant d’un risque pour la sécurité nationale.
«Je vais lancer une enquête sur la nécessité de mettre en place de potentiels droits de douane. Les industries américaines dépendent du cuivre et doivent pouvoir en disposer provenant des Etats-Unis, sans exception», a déclaré Howard Lutnick.
Aux Etats-Unis, les spéculations sur l’imposition de droits de douane sur le cuivre ont «déjà entraîné de graves distorsions du marché ces dernières semaines, avec des prix sur le New York Comex divergeant fortement de ceux du LME», explique Barbara Lambrecht de Commerzbank.
Les acheteurs américains anticipant les taxes à l’importation se prémunissent en achetant des réserves de cuivre, ce qui soutient les prix à New York, à contrecourant des autres marchés mondiaux.
L’analyste souligne que «l’écart est actuellement de 600 dollars par tonne» entre Londres et New York, et sur le LME environ «40% des stocks ont ainsi été enregistrés pour livraison dans un délai très court».
Sur le LME, une tonne de cuivre coûte 9338,50 dollars vendredi, contre 9559 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Chute du sucre
Les cours du sucre sont tombés cette semaine, avec un niveau du real brésilien face au dollar favorable à la vente pour les producteurs et des attentes d’une production record en provenance du géant sud américain.
«Les prix du sucre ont chuté jeudi» après que le real brésilien a atteint «un creux de trois semaines par rapport au dollar», explique Rich Asplund, analyste pour le site Barchart.
Un real plus faible encourage les exportations par les producteurs de sucre du Brésil, celui-ci étant échangé en dollars, «incitant à la liquidation des positions longues sur les contrats à terme sur le sucre», précise M. Asplund.
Selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA), le Brésil est le premier producteur mondial de sucre, avec près de 25% de la production mondiale sur la saison 2023/2024.
Le prix de cette matière première est donc particulièrement sensible aux nouvelles en provenance du pays.
Par ailleurs, la faiblesse du prix du pétrole brut pèse sur les prix de l’éthanol et pourrait inciter les sucreries mondiales à orienter davantage de broyage de canne vers la production de sucre plutôt que d’éthanol, augmentant ainsi les stocks de sucre, souligne M. Asplund.
Vendredi, à New York, la livre de sucre brut valait 18,59 cents, contre 19,92 cents sept jours auparavant.
A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre valait 534,90 dollars contre 560,20 dollars le vendredi précédent à la clôture.