Les achats chinois réveillent le marché du blé

AWP

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A Chicago, une sixième séance de hausse consécutive a porté mardi le cours de la céréale de variété SRW à 6,3125 dollars le boisseau, soit une augmentation de près de 18% sur une semaine.

Les cours du blé sont brusquement remontés ces derniers jours, à la faveur d’achats chinois aux Etats-Unis, sans toutefois bouleverser les échanges mondiaux de la céréale du pain, toujours dominés par la Russie.

L’annonce en début de semaine par le ministère américain de l’agriculture (USDA) de la vente de 440’000 tonnes de blé de variété SRW (Soft Red Winter) à la Chine a ranimé un marché des exportations à la peine aux Etats-Unis.

A la Bourse de Chicago, une sixième séance de hausse consécutive a porté mardi le cours du blé de variété SRW à 6,3125 dollars le boisseau (environ 27 kg) sur l’échéance de mars, la plus échangée, soit une augmentation de près de 18% sur une semaine.

Le même élan haussier a gagné le marché européen, où le prix du blé est remonté mardi autour des 230 euros la tonne sur l’échéance de mars, après être tombé à 222 euros fin novembre.

Toutefois, d’importantes nuances étaient soulignées par les analystes mercredi, qui observaient un marché du blé à deux visages, entre Chicago et Euronext.

«Il y a d’une part l’ogre chinois qui débarque à Chicago, ce qui stimule les rachats par les fonds d’investissement et fait monter les prix, et d’autre part un marché européen qui suit mais dans une moindre mesure: on n’a pas vu en Europe le retour de la Chine et on subit toujours le poids commercial de la Russie», résume Sébastien Poncelet, du cabinet Agritel (groupe Argus Media).

Evoquant le cours du blé américain, Dewey Strickler, du cabinet de conseil Ag Watch Market Advisors, voit plus «un plancher intermédiaire» que le signe d’une remontée durable des prix.

«Cela ne va pas relancer le marché du blé», abonde Jake Hanley, de Teucrium Trading. «On en a fini avec la tendance baissière, mais on devrait simplement osciller pendant un certain temps. Pour que l’on reparte vraiment à la hausse, il faudra que les stocks diminuent ou que l’on ait une nouvelle alerte liée à la guerre» en Ukraine.

L’Egypte achète russe

Car, en l’absence de nouvelles majeures concernant l’état des cultures, les prévisions de récoltes ou le climat, force est de constater que «sur le plan des fondamentaux, rien n’a changé depuis la semaine dernière», souligne-t-il.

Les ventes à la Chine, premier importateur mondial de blé mais acheteur occasionnel aux Etats-Unis, «ont provoqué des achats de couverture» de la part des fonds d’investissement qui avaient parié à la baisse et ont voulu se protéger contre une remontée des prix, analyse Dewey Strickler.

Ces achats «sont probablement la principale source de soutien au marché du blé», estime-t-il.

Sur le marché du maïs, les paris à la baisse sont au plus haut depuis un an. «On peut donc s’attendre, là aussi, à des achats de couverture». Mais, relève-t-il, les stocks sont énormes et «les exportations (américaines) ne sont pas extraordinaires (...). L’essentiel des mouvements revient à mettre en ordre son portefeuille avant la fin de l’année».

Côté européen, l’équation est un peu différente.

La baisse des prix ces dernières semaines a permis au blé français de retrouver des débouchés à l’export, notamment au Maroc alors que l’Office national marocain des céréales a annoncé la prolongation de décembre à avril du programme d’importation du pays, victime depuis deux ans de sévères sécheresses.

En outre, «l’envolée des prix du fret maritime - liée à la hausse du pétrole - a favorisé les achats de céréales françaises sur les marchés de proximité, comme l’Afrique du Nord», a relevé Sébastien Poncelet.

La faiblesse de la concurrence européenne a par ailleurs conduit à un redressement des prix russes durant «tout le mois de novembre», a noté Andreï Sizov, du cabinet SovEcon.

Mais cela n’a pas suffi: Russie et Ukraine ont raflé la mise mardi sur un appel d’offres égyptien, remportant respectivement un contrat de 120’000 et 60’000 tonnes pour des livraisons fin janvier.

«La France avait une offre à 256 dollars la tonne FOB (hors frais de transports) et la Russie à 255 dollars. Mais avec le prix du fret, le blé français était encore trop cher», a expliqué Edward de Saint-Denis, du cabinet Plantureux & Associés.

Cet échec de l’offre française comme les faibles volumes en jeu ont entraîné mardi une nette correction à la baisse sur le blé Euronext, avant un nouveau rebond mercredi.

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