Céréales: les marchés attentifs à la météo, moins au conflit en mer Noire

AWP

2 minutes de lecture

Vers 18h, le cours du blé montait de 1,75 euro la tonne sur Euronext à 228,25 euros à échéance septembre 2023 par rapport à la clôture de la veille. Le boisseau prenait deux cents à Chicago.

Les dommages subis par les installations portuaires ukrainiennes ont eu cette semaine peu d’impact sur les cours mondiaux des céréales qui reportent leur attention sur les prévisions météo et les conditions de culture aux Etats-Unis.

L’attention des marchés «traditionnellement revient aux sujets liés à la météo», pointe Paul Désert-Cazenave, responsable de l’analyse de marché chez Grainbow.

Il observe que l’influence du «risque géopolitique a un peu baissé depuis la fin de l’accord» qui permettait à l’Ukraine d’exporter ses céréales malgré le conflit avec la Russie, dont Moscou a refusé la prolongation en juillet.

Par ailleurs, le risque de «sécheresses à venir, connu des marchés», a été intégré et ne fait donc plus évoluer les cours, selon lui.

Mercredi, vers 15H50 GMT, le cours du blé montait de 1,75 euro la tonne sur Euronext à 228,25 euros à échéance septembre 2023 par rapport à la clôture de la veille. Le boisseau prenait deux cents à Chicago.

La tonne de maïs à échéance novembre 2023 était stable sur Euronext (215,25 euros) et prenait deux cents le boisseau à Chicago. Le boisseau de Soja y prenait lui un cent.

Les installations portuaires ukrainiennes d’Izmaïl (sud de l’Ukraine), sur le Danube, ont été visées mercredi par des frappes russes, entraînant des dommages pour des silos à grains et des entrepôts.

Selon le ministère ukrainien de l’Agriculture, 270.000 tonnes de céréales ont été détruites en un mois par les attaques répétées sur les ports maritimes et fluviaux du pays.

Depuis l’expiration de l’accord céréalier en mer Noire, des assureurs ont mis fin à leur couverture des risques dans la zone, compliquant davantage la sortie des céréales d’Ukraine.

Selon Jack Scoville, de Price Futures Group, «un progrès» est en vue sur ce point pour les navires entrant dans la mer Noire, une perspective de nature à détendre des cours du blé.

Risques de sécheresses

Toutefois, «si l’Ukraine est toujours en mesure d’expédier ses marchandises par voie terrestre via l’UE, il est peu probable qu’un armateur ou un assureur maritime prenne le risque du passage de céréales ukrainiennes, ni peut-être même russes, par la mer Noire», estime M. Scoville.

Vendredi, l’Ukraine et la Roumanie, son voisin occidental, ont conclu un accord pour accélérer l’acheminement des marchandises, avec un objectif affiché par le gouvernement roumain de transit de 60% des céréales ukrainiennes.

Sur le marché européen, les prix ont tendance à s’ajuster à la baisse pour «trouver des débouchés» face à la compétitivité du blé russe, porté par des récoltes qui s’annoncent bonnes, souligne Paul Désert-Cazenave.

Aux Etats-Unis, «les prévisions météorologiques restent généralement sèches et chaudes pour le Midwest cette semaine et les deux prochaines», rapporte par ailleurs Jack Scoville, alors que «les cultures auront besoin de pluies constantes pour maintenir leur état en raison du manque d’humidité du sol», conséquences des trois mois de sécheresse jusqu’à fin juin.

La très suivie «tournée des cultures aux Etats-Unis du média spécialisé Pro Farmer a commencé. Elle est notamment passée dans les Etats de l’Ohio et du Dakota du Sud et l’enquête a montré que les rendements sont meilleurs» que l’année dernière pour le maïs et le soja, entraînant une détente des cours en début de semaine, rappelle Dewey Strickler conseiller chez AG Watch.

De plus, près de 60% des cultures de maïs et de soja sont dans des conditions «bonnes à excellentes», selon le rapport sur l’état des cultures du ministère américain de l’Agriculture.

A Chicago, la semaine a été marquée par les ventes de maïs américain à destination du Mexique, en tout plus de 61 millions de tonnes, ainsi que 159.000 tonnes de soja pour une destination restée inconnue.

A l’exception de ces commandes, le maïs américain est encore peu demandé et souffre face à son homologue brésilien dont «la récolte est en cours» avec des «prix à l’exportation qui deviennent relativement bon marché, souligne M. Scoville, le Brésil obtenant ainsi les contrats selon lui.

A lire aussi...