Le cours pivot du yuan au plus haut depuis la dévaluation de 2015

AWP

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La banque centrale chinoise a remonté à 6,2816 yuans pour un dollar, contre 6,3193 yuans lundi, le taux autour duquel le renminbi est autorisé à fluctuer.

Le yuan s’est hissé mardi à son plus haut niveau depuis la brusque dévaluation de 2015, la monnaie chinoise continuant de se renchérir nettement face au dollar, alors que s’estompe sur les marchés la crainte d’une guerre commerciale sino-américaine.

La banque centrale chinoise (PBOC) a remonté mardi à 6,2816 yuans pour un dollar, contre 6,3193 yuans lundi, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer.

Dans la foulée, la monnaie chinoise a bondi, grimpant jusqu’à 6,2418 yuans pour un dollar en cours de journée, soit une hausse de 0,6%, avant d’effacer ses gains en fin de séance face à un rebond du billet vert.

Il s’agit selon l’agence Bloomberg d’un sommet depuis la brusque dévaluation de 2% orchestrée en août 2015 par Pékin: cette décision avait fait tanguer les marchés mondiaux et ravivé les accusations selon lesquelles le pays manipulait sa monnaie pour doper ses exportations.

Le yuan avait perdu 5% de sa valeur en quelques jours. A l’époque, la Chine avait assuré avoir simplement modifié les modes de calcul du taux-pivot pour mieux refléter les mouvements du marché.

LE RÉGIME COMMUNISTE POURSUIT SON ENCADREMENT

Le régime communiste continue d’encadrer la convertibilité du yuan, qui ne peut fluctuer que dans une fourchette de 2% de part et d’autre du cours-pivot déterminé quotidiennement par la PBOC.

La vigueur du yuan mardi semblait refléter le soulagement des investisseurs, après une semaine marquée par le spectre d’une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis.

«Le marché est plus optimiste que la semaine dernière, car il y a des signes montrant que les deux pays sont prêts à discuter», observe Gao Qi, analyste de Scotiabank cité par Bloomberg.

Un optimisme nourri par le fait que Pékin n’est apparemment pas intervenu pour enrayer la récente appréciation du yuan face au dollar, alors même que ce renchérissement pénalise les exportateurs chinois: certains analystes y voyaient le signe que la Chine était prête à se montrer accommodante face aux Etats-Unis.

Le président américain Donald Trump a longtemps accusé Pékin de sous-évaluer artificiellement le yuan pour doper ses exportations, entre autres pratiques commerciales jugées déloyales.

Mais depuis la spectaculaire dévaluation de 2015, la monnaie chinoise a peu ou prou effacé ses pertes.

En reprise depuis l’été 2017

Après être resté sous forte pression jusqu’à mi-2017, en raison d’une conjoncture chinoise morose, d’un dollar fort, et de colossales fuites de capitaux hors du pays, le renminbi s’est depuis nettement repris.

Aidé par la stabilisation de l’économie chinoise, le yuan a gagné plus de 6% sur l’ensemble de 2017, et son renchérissement s’est encore accentué ces derniers mois face à l’affaiblissement du billet vert.

Autre facteur pouvant expliquer la bonne santé du renminbi: les obligations en yuans vont être intégrées dans un indice mondial Bloomberg Barclays, ce qui pourrait amener les investisseurs étrangers à gonfler massivement leurs achats sur le marché de la dette chinoise.

Des analystes avaient cependant récemment appelé à la prudence: «Les gains du yuan s’expliquent principalement par la faiblesse du dollar», observait en février Mark Williams, du cabinet Capital Economics.

Selon lui, les autorités chinoises, inquiètes de l’appréciation très accélérée du yuan et soucieuses d’enrayer d’éventuelles pressions spéculatives, pourraient être tentées d’intervenir tout de même sur le marché des changes.