Trois pistes de réflexion sur les marchés actions

Daniel Jakobovits, Hyposwiss Private Bank

2 minutes de lecture

Sur la première moitié de l’année, 6 titres seulement expliquent plus de la moitié de la performance du S&P 500. Cette situation est présentée par certains comme malsaine, voire dangereuse.

Voici quelques pistes de réflexion sur trois des sujets qui sont débattus à l’heure actuelle sur les marchés financiers:

  • Quelles sont les conséquences de la concentration des performances des indices d’actions sur un nombre limité d’entreprises cotées?
  • A quelle phase du cycle économique nous situons-nous?
  • Quelle influence ont les taux d’intérêt sur la valorisation des actions?

Sur la première moitié de l’année, six titres seulement expliquent plus de la moitié de la performance de l’indice S&P 500. Cette situation est présentée par certains comme malsaine, voire dangereuse. Qu’en est-il?

Sans surprises, les sociétés concernées (Nvidia, Microsoft, Alphabet; Meta, Apple et Amazon) ont démontré une croissance des bénéfices largement supérieure à celles du marché au cours des deux trimestres écoulés. Leurs perspectives de croissance bénéficiaires sont également favorablement influencées par l’adoption de plus en plus large de l’intelligence artificielle générative. La monétisation de cette technologie fait l’objet d’un intense débat parmi les investisseurs. Certains doutent que les investissements massifs réalisés dans ce domaine puisent s’avérer rentables, et imaginent au minimum un ralentissement de ceux-ci à l’avenir (voire l’éclatement d’une bulle spéculative). D’autres estiment que les exemples de monétisation de la technologie sont de plus en plus nombreux, s’attendent à des applications supplémentaires et comparent la phase actuelle d’investissement aux stades initiaux de la technologie du «cloud». Sans prendre position ici dans ce débat, relevons qu’il obscurcit la question de la valorisation des marchés.

La valorisation des marchées dépend de la phase du cycle économique. Or ce cycle a été brouillé par le Covid, et n’a pas encore été entièrement normalisé.

L’indice S&P 500 se traite à 21 fois les profits estimés, ce qui situe la valorisation dans la fourchette haute des observations historiques. Cette valorisation peut paraître encore plus étonnante si on la met en rapport avec la politique monétaire restrictive de la Réserve fédérale, et des taux obligataires réels au plus haut depuis la crise financière.

Cependant, si l’on considère le même indice dans sa forme équipondérée (plutôt que basé sur la capitalisation boursière), la valorisation change. Elle ne se situe plus qu’à 16 fois les bénéfices estimés, ce qui le met dans une fourchette raisonnable en termes historiques, et tient compte de l’effet des taux d’intérêt sur la valorisation. Nous préférons cette approche à celles qui visent à exclure arbitrairement certains titres, car elle nous paraît offrir des critères plus objectifs pour procéder à des comparaisons historiques.

On sait aussi que la valorisation des marchés dépend de la phase du cycle économique. Or ce cycle a été brouillé par le Covid, et n’a pas encore été entièrement normalisé.

L’essentiel des points observés nous permet de considérer que nous sommes en milieu de cycle (stabilité des taux de défaut, faible risque de récession, croissance économique proche du potentiel), même si d’autres sont plutôt caractéristiques d’une fin de cycle (essentiellement la politique monétaire restrictive).

Chaque investisseur doit se déterminer sur ses convictions par rapport au potentiel des technologies de l’IA générative, et se positionner en conséquence sur les sociétés qui y sont liées. Mais il serait dommage de limiter l’exposition aux actions sur la base d’une analyse simple de valorisation lorsque les sociétés «ex IA» se traitent à un multiple en ligne avec la moyenne, et que celles-ci peuvent bénéficier d’une croissance de leurs profits dans un environnement de croissance économique solide, bénéficiant de plus des perspectives de la poursuite d’un assouplissement monétaire global.

A lire aussi...