La croissance britannique a accéléré en 2019 malgré le Brexit

AWP

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A 1,4% la progression du PIB du Royaume-Uni a dépassé celle de la zone euro l’an dernier. Seul bémol: une croissance nulle au quatrième trimestre.

La croissance du Royaume-Uni a résisté aux turbulences du Brexit l’an dernier, ressortant à 1,4% soit une légère progression par rapport à 2018 où elle avait atteint 1,3%.

Forte d’un taux de chômage au plus bas, l’économie britannique a dépassé le rythme de croissance de la zone euro (1,2%) ou de la France, ce dont s’est immédiatement félicité le ministre des Finances Sajid Javid.

«Nous sommes sortis du blocage et avons quitté l’Union européenne. Nous devons à présent saisir l’opportunité qui s’offre pour équilibrer (l’activité à travers le pays) et préparer notre fantastique nation pour son succès à long terme», a-t-il commenté dans un communiqué.

Sur le quatrième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a stagné, selon une première estimation, après une hausse de 0,5% au troisième trimestre (chiffre révisé), a indiqué mardi le Bureau national des statistiques (ONS).

Le dynamisme des services, qui représentent le gros de l’économie britannique, et un net rebond dans la construction, secteur en difficulté ces derniers mois, ont été contre-balancés par un recul de la production manufacturière, en pleine crise industrielle au Royaume-Uni, notamment à cause des incertitudes liées au Brexit.

«La croissance du PIB britannique a été particulièrement volatile au cours de l’année 2019, en partie à cause des reports d’activité liés aux changements de la date de sortie de l’UE», relève l’ONS.

Initialement prévu fin mars 2019, le Brexit a été reporté plusieurs fois pour finalement être effectif fin janvier.

Les entreprises avaient notamment fait des stocks de produits et matières premières au premier trimestre pour se préparer à un possible Brexit sans accord fin mars, ce qui a été suivi par une contraction de l’activité au second trimestre.

Les stockages ont repris mais dans une moindre mesure au troisième trimestre avant une nouvelle date de sortie de l’Union européenne fixée fin octobre.

Effet Boris

Le quatrième trimestre a ensuite été marqué par un grand chaos politique au Royaume-Uni, avec le blocage au parlement de l’accord de Brexit négocié avec Bruxelles par le Premier ministre Boris Johnson, l’organisation d’élections législatives en décembre et la victoire retentissante des Conservateurs menés par Johnson.

Plusieurs analystes accueillaient donc avec soulagement la stagnation du PIB au quatrième trimestre, estimant qu’au vu de ces tempêtes politiques l’économie britannique ne s’en sortait pas trop mal, même si, insiste Ayush Ansal, directeur des investissements chez Crimson Black Capital, il y a «peu de raisons de se réjouir» dans ces chiffres du PIB.

Les économistes soulignent aussi que depuis la large victoire de Johnson, qui a permis l’adoption au Parlement de son accord de Brexit, les incertitudes se sont dégagées à court terme au moins.

Les signes les plus récents vont en effet dans le sens d’un «effet Boris», les prix de l’immobilier ayant relevé le nez après avoir été déprimés pendant des mois, et l’activité manufacturière ayant aussi enregistré une embellie en décembre.

L’ONS constate une croissance de 0,3% en décembre sur un mois, un rebond qui fait toutefois suite à une contraction de 0,3% en novembre.

«Les données post-élections» y compris celles sur la distribution qui elle aussi est en pleine crise avec des fermetures de magasins, licenciements et faillites à la chaîne, «ont été massivement positives», relèvent les économistes de Capital Economics.

«L’économie semble avoir marqué un tournant et étant donné le stimulus fiscal attendu avec le budget le 11 mars, nous pensons qu’elle (...) va accélérer», conclut Capital Economics.

Reste toutefois l’inconnue majeure de la négociation d’un accord de libre-échange avec l’UE et le risque d’une sortie sans filet fin 2020 à l’issue de la période de transition.

Le gouvernement britannique ne cesse d’avertir les entreprises de se préparer notamment à un retour des contrôles douaniers et à la fin du commerce «sans frictions».

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