Royaume-Uni: la croissance stagne avant les élections et le Brexit

AWP

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«L’économie britannique n’a pas enregistré de croissance lors des trois derniers mois», a constaté le Bureau national des statistiques.

La croissance britannique a stagné sur les trois mois achevés à fin octobre d’après des statistiques officielles publiées mardi, générant une passe d’armes entre les principaux partis à deux jours des législatives au Royaume-Uni.

«L’économie britannique n’a pas enregistré de croissance lors des trois derniers mois» a constaté le Bureau national des statistiques (ONS) dans un communiqué.

Le secteur des services, qui représente 80% de l’économie britannique, affiche une légère progression (+0,2%) mais celle-ci a été éclipsée par des chutes dans la production manufacturière (-0,7%) et «des usines qui continuent à générer une faible performance depuis avril», poursuit l’ONS.

«La construction est aussi en déclin» en octobre (-0,3%), notamment dans le domaine du logement, note encore le Bureau des statistiques.

Ces chiffres ont déçu les analystes qui tablaient sur une progression de 0,1% du PIB à fin octobre.

«L’économie britannique a du mal à prendre de la vitesse après avoir échappé à la récession au troisième trimestre. La forte contraction de l’activité dans la construction nous rappelle à quel point le ralentissement mondial et les incertitudes liées au Brexit continuent à entraver la croissance» du pays, remarque le cabinet Deloitte.

A deux jours des élections, les principaux partis ont aussi décoché des flèches en réaction à ces chiffres moroses.

«On peut s’attendre à cinq années de plus d’échec économique et de stagnation si les Conservateurs remportent» le scrutin, a assuré le travailliste John McDonnell.

Sajid Javid, ministre de l’Economie du gouvernement conservateur de Boris Johnson, a quant à lui estimé que les chiffres du PIB montrent au contraire qu’il faut «achever le Brexit (...) pour déclencher un raz-de-marée d’investissements qui attendent d’être injectés en Grande-Bretagne une fois que l’incertitude» liée à la sortie de l’UE sera surmontée.

En octobre, La production d’énergie a augmenté à cause des températures hivernales et la production manufacturière a gagné 0,2% grâce à la pharmacie et l’alimentaire dans le cadre des préparatifs du Brexit, comme au mois de mars, qui était aussi supposé être la date limite pour sortir de l’UE pour le Royaume-Uni.

La date a été repoussée à fin janvier. Les Conservateurs du Premier ministre Boris Johnson, en tête des sondages pour les législatives de jeudi, ont promis de respecter cette date.

«L’économie a mal commencé le quatrième trimestre», c’est le troisième mois consécutif où elle n’enregistre pas de croissance», poursuit le cabinet de conseil EY.

EY note aussi que sur un an la croissance en octobre a ralenti à 0,7%, «sa plus faible performance depuis mars 2012» - même si les économistes prennent les chiffres mensuels avec des pincettes car ils sont plus volatils que les données sur trois mois.

En outre, poursuit EY, le mois de novembre s’annonce «mitigé», même s’il y a des signes d’un rebond dans les ventes de détails, notamment à l’approche de Noël et avec les promotions du Black Friday.

Toutefois conclut EY, «il y a un véritable danger que l’économie stagne au quatrième trimestre», conclut-il.

Selon un panel d’estimations compilées par le Trésor, la hausse du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre 1,2% cette année, contre 1,4% en 2018 et 1,9% en 2017.

Signe de la frilosité des chefs d’entreprise à l’orée de la nouvelle année, le groupe d’intérim Manpower constate que les «intentions d’embauche pour le premier trimestre 2020 sont (...) au plus bas depuis 2012», dans une étude publiée mardi.

Pour la maison de recherche Capital Economics, la stagnation économique d’octobre a peu de chances d’influencer le vote des électeurs jeudi, mais pourrait «inciter les membres du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre à voter une baisse de taux d’intérêts dans les mois à venir».

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