Royaume-Uni: quelle santé économique à l’aube du Brexit?

AWP

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La croissance 2019 pourrait tomber à 1,3%, soit le rythme d’expansion le plus faible depuis 2009, selon des estimations d’économistes compilées par le Trésor.

Entre un investissement qui souffre, une croissance plombée et un chômage historiquement bas, le Royaume-Uni connait une situation économique paradoxale à la veille du Brexit et trois ans et demi après le vote qui a vu les Britanniques choisir de quitter l’Union européenne.

Combien a coûté le Brexit?

Difficile de répondre précisément à cette question, mais des tendances claires ont été observées, notamment un affaissement de l’investissement, avec une année 2018 particulièrement mauvaise.

La croissance, de son côté, a ralenti, passant de 1,8% en 2017 à 1,4% en 2018, selon le Bureau national des statistiques (ONS).

Et pour 2019, la croissance pourrait tomber à 1,3%, soit le rythme d’expansion le plus faible depuis 2009, selon des estimations d’économistes compilées par le Trésor.

Pour autant, la situation n’est pas entièrement noire.

Premièrement, le Royaume-Uni n’est pas le seul pays à voir sa croissance ralentir, dans un contexte mondial dominé par les incertitudes et les tensions commerciales. Celle de la zone euro est ainsi attendue à 1,1% en 2019 par la Commission européenne.

Ensuite, le marché du travail britannique affiche une santé insolente, avec un chômage à 3,8%, le plus faible en 45 ans, et un taux d’emploi jamais vu, à 76,3% à fin novembre. Les salaires, quant à eux, continuent de progresser plus vite que les prix (+3,2% sur un an avec une inflation autour de 1,5%), même s’ils n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant la crise financière de 2008 et si les inégalités demeurent criantes.

Y a-t-il eu un effet Boris Johnson?

La victoire du Premier ministre, Boris Johnson, aux élections législatives à la mi-décembre et la clarification qu’elle apporte après des mois d’atermoiements pourraient avoir un effet positif sur l’économie, selon plusieurs indicateurs.

Le 24 janvier, la première estimation des indices PMI, qui mesurent la croissance de l’activité, a fait état d’un rebond à un niveau plus vu depuis septembre 2018, et ce après cinq mois de recul.

De plus, une enquête publiée la même semaine par le CBI, la principale organisation patronale britannique, a montré un net rebond de l’optimisme des entrepreneurs dans le secteur manufacturier.

La confiance est ainsi passée à +23% sur une période de trois mois achevée en janvier, un niveau plus observé depuis 2014, contre -44% dans la précédente enquête. Une amplitude qui n’avait jamais été observée depuis la création de cette étude en 1958.

Autre signe d’embellie post-électorale: les prix de l’immobilier dans la capitale, en plein marasme depuis des mois, ont fortement rebondi en janvier.

Le Premier ministre a également promis de mettre fin à l’austérité et prévoit d’injecter des milliards de livres dans de vastes programmes d’infrastructures. Outre une hausse du salaire minimum de 6,2% au 1er avril pour les plus de 25 ans, le gouvernement a annoncé jeudi un relèvement du seuil de contribution à la sécurité sociale, une promesse de campagne en direction des bas revenus. Des mesures de nature à stimuler la consommation et donc la croissance.

A quoi s’attendre pour 2020?

Une fois le Brexit effectif vendredi soir, beaucoup de questions resteront en suspens, notamment celles entourant l’avenir des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union européenne et les négociations avec les Etats-Unis sur un accord de libre-échange.

La période d’incertitude devrait donc se poursuivre au moins quelques mois, avec les conséquences économiques négatives qui en découlent.

La croissance devrait ainsi continuer à ralentir selon la Banque d’Angleterre, qui a annoncé jeudi un net abaissement de ses prévisions avec 0,8% attendu en 2020, contre 1,2% précédemment.

Plus optimiste, le Fonds monétaire international prévoit encore une croissance britannique de 1,4% cette année, contre 1,3% pour la zone euro.

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