La Banque d’Angleterre maintient son taux à la veille du Brexit

AWP

2 minutes de lecture

La BoE a préféré le statu quo à la faveur d’un rebond de l’activité attendu en ce début d’année et d’une baisse de l’incertitude avec le Brexit qui sera finalement acté vendredi soir.

La Banque d’Angleterre a opté jeudi une nouvelle fois pour un maintien de son taux d’intérêt à 0,75%, malgré de récents propos de responsables qui laissaient entrevoir une possible baisse, et tout en sabrant ses prévisions de croissance.

L’institut monétaire a préféré le statu quo à la faveur d’un rebond de l’activité attendu en ce début d’année et d’une baisse de l’incertitude avec le Brexit qui sera finalement acté vendredi soir.

«La croissance du PIB du Royaume-Uni est attendue en léger rebond début 2020», notamment grâce à «une reprise de l’activité mondiale, une diminution des incertitudes du Brexit et des mesures de relances annoncées par le gouvernement», a expliqué le compte-rendu de la réunion du Comité de politique monétaire (MPC) publié jeudi.

Par conséquent, comme lors des deux précédentes réunions, sept membres sur neuf ont voté pour maintenir le taux d’intérêt à 0,75%, les deux autres s’étant prononcés pour une baisse de 0,25 points.

Une décision quelque peu inattendue: le gouverneur Mark Carney, dont c’est la dernière réunion avant de passer le relais à Andrew Bailey et de rejoindre l’ONU comme envoyé spécial pour le climat à la mi-mars, avait signalé il y a trois semaines entrevoir une «réduction» des incertitudes liées au Brexit depuis les élections de décembre, remportées par Boris Johnson, tout en prévenant qu’un rebond de l’économie n’était «pas assuré».

Le maintien du taux a en outre été décidé malgré des prévisions de croissance fortement réduites pour cette année, de 1,2% à 0,8%, notamment du fait d’une faible productivité, et ramenées pour 2021 à 1,4% contre 1,7% en novembre.

L’institution a justifié sa décision en soulignant l’impact favorable de l’accord commercial de phase un signé entre les Etats-Unis et la Chine, même si les tensions commerciales «demeurent élevées», tout en répétant que les incertitudes liées au Brexit s’étaient dissipées à court terme.

Le Royaume-Uni va en effet à présent s’engager dans de périlleuses négociations commerciales pour tenter de décrocher un accord favorable post-Brexit de libre-échange avec l’Union européenne, de loin son premier marché d’exportation.

De ce fait, la Banque d’Angleterre a relevé une amélioration de la confiance, tandis qu’une enquête du CBI, la principale organisation patronale britannique publiée la semaine dernière, a fait état d’un très fort regain d’optimisme des entreprises.

Les enquêtes montrent également une reprise de l’investissement en janvier, a souligné la Banque d’Angleterre.

Surveillance attentive

Malgré ce tableau positif, l’institution observe «une persistance des incertitudes à moyen terme».

Par ailleurs, les membres du Comité de politique monétaire ont signalé qu’ils «surveilleront attentivement» les indicateurs économiques et n’écartent pas une politique monétaire plus accommodante si l’embellie observée début 2020 «devait ne pas durer ou si les prix restent relativement faibles».

La Banque d’Angleterre, qui vise une inflation de l’ordre de 2%, est en effet confrontée à un ralentissement de la hausse des prix à +1,3% sur un an en décembre.

Elle s’attend désormais à ce que l’inflation progresse moins vite qu’attendu en novembre: 1,4% fin 2020, contre 1,5% dans son rapport de novembre. La BoE garde cependant ses projections pour fin 2021 à 2%.

Comme lors des précédentes réunions, le MPC s’est par ailleurs prononcée à l’unanimité pour la poursuite du programme de rachat d’actifs.

La livre, en légère baisse peu avant l’annonce de la BoE face aux principales monnaies, a réagi positivement: vers 12H15 GMT, elle gagnait 0,37% face au billet vert, à 1,3072 dollar, et 0,27% face à l’euro, à 84,33 pence pour un euro.

«La Banque d’Angleterre a préféré garder des munitions plutôt que de faire une frappe préventive», constate Ayush Ansal, analyste de Crimson Black Capital.

A lire aussi...