Incertitude sur la Banque d’Angleterre avant le Brexit

AWP

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Ce sera la dernière décision sur les taux du gouverneur Mark Carney (photo), qui passera la main mi-mars à Andrew Bailey.

Les paris sont ouverts: la Banque d’Angleterre pourrait annoncer une baisse de son taux d’intérêt jeudi, la première en trois ans, pour relancer une économie britannique essoufflée à la veille du Brexit.

Les économistes sont toutefois divisés comme rarement dans leurs prédictions, plusieurs estimant que le marché de l’emploi en pleine forme et un moral des entreprises qui rebondit devraient faire pencher le comité de politique monétaire vers le statu quo.

Ce sera aussi la dernière décision sur les taux du gouverneur Mark Carney, qui passera la main mi-mars à Andrew Bailey avant de devenir ambassadeur de l’ONU pour la lutte contre le changement climatique.

L’annonce, attendue à 12h00 GMT, intervient à un moment clé pour le Royaume-Uni, la veille de la sortie de l’Union européenne après trois ans et demi de psychodrame national.

Les incertitudes autour du Brexit se sont traduites par un effondrement de l’investissement qui a pesé sur la croissance. L’impact à long terme de la sortie de l’Union européenne reste à déterminer, surtout en cas d’échec des négociations commerciales.

Il y a trois semaines, Mark Carney avait confirmé qu’il y avait «un débat au sein du comité de politique monétaire (CMP) sur les mérites relatifs d’une relance de court terme», semblant ouvrir la voie à une baisse du taux directeur, actuellement à 0,75%. D’autant que deux responsables de la Banque sur neuf s’étaient prononcés en faveur d’une diminution lors des précédentes réunions.

M. Carney a en outre déclaré entrevoir une «réduction» des incertitudes liées au Brexit depuis les élections de décembre, remportées par Boris Johnson, tout en prévenant qu’un rebond de l’économie n’était «pas assuré».

Des propos jugés accommodants par le marché et rapidement suivis de commentaires similaires de deux autres membres du Comité de politique monétaire (CPM), suggérant une opération de communication pour préparer les marchés à une baisse du taux à 0,5%.

Entre-temps, des indicateurs économiques sont toutefois venus semer le doute dans l’esprit des investisseurs.

Si la croissance et l’inflation ralentissent, l’emploi continue de battre des records et une première estimation des indices de conjoncture PMI révèle un fort rebond de l’activité en janvier grâce à une levée, peut-être temporaire, du brouillard lié au Brexit.

Impulsion budgétaire

Pour Howard Archer, économiste du cabinet EY, «il y a suffisamment de preuves d’une amélioration de l’économie depuis les élections législatives pour justifier que le CPM reste en mode +attentiste+ d’autant plus que le budget du 11 mars semble destiné à donner une impulsion supplémentaire».

Le Premier ministre conservateur Boris Johnson a en effet promis d’investir des milliards de dollars dans les infrastructures et a relevé le salaire minimum, entre autres mesures qui s’apparentent à de la relance.

Selon M. Archer, la BoE devrait donc «rester ferme jeudi et maintenir les taux d’intérêt à 0,75%», même si une baisse demeure «une réelle possibilité».

Le marché est «extrêmement partagé» avec «environ 50%» de chances attribués aux deux options, a renchéri Bethel Loh, analyste pour Think Markets.

Le comité de politique monétaire publiera également jeudi ses nouvelles prévisions de croissance. En novembre, il avait tablé sur 1,2% pour 2020, contre 1,4% pour 2019.

En 2016, le vote des Britanniques sur le Brexit avait été suivi rapidement par une baisse du taux directeur de la BoE, qui avait été remonté deux ans plus tard à 0,75%, un niveau qui reste historiquement bas mais supérieur à celui de la Banque centrale européenne, qui stagne à zéro.

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