La Banque de France plaide de nouveau pour la concentration

AWP

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François Villeroy de Galhau la juge nécessaire pour faire mieux circuler l’épargne et affronter les coûts de transformation numérique du secteur financier européen.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a plaidé une nouvelle fois mercredi pour une plus grande concentration du secteur financier européen, la jugeant nécessaire pour faire mieux circuler l’épargne et affronter les coûts de transformation numérique.

«Le secteur financier européen a besoin à la fois de concurrence et de concentration», car il «est aujourd’hui beaucoup trop éclaté» et «reste trop à l’intérieur de ses frontières nationales», a estimé le banquier central lors d’une conférence organisée par l’Autorité de la concurrence.

«Si je prends les cinq premières banques commerciales américaines, elles ont aujourd’hui une part de marché de plus de 40% sur le marché américain. Si je prends les cinq premières banques européennes, alors même que nous avons la monnaie unique, que nous avons fait l’union bancaire, que nous avons le marché unique, elles font moins de 20% de part de marché (en Europe) et restent largement domestiques», a-t-il argumenté.

M. Villeroy de Galhau - ancien cadre dirigeant chez BNP Paribas - avait déjà défendu en avril ce point de vue à Bucarest où se tenait une rencontre de l’Eurogroupe, se faisant l’avocat d’une marché bancaire unique capable de faire face à la concurrence américaine.

Selon le gouverneur, la situation actuelle «a énormément de conséquences négatives sur la circulation de l’épargne en Europe et donc la stabilisation de la zone euro». Cela influe également «sur la capacité même des banques à affronter la transformation numérique puisque le digital requiert des investissements très importants qui sont des coûts fixes et l’effet de taille compte», a-t-il estimé.

Cet «éloge paradoxal de la concentration» n’est toutefois «pas incompatible avec une concurrence forte», a-t-il ajouté évoquant le marché bancaire français, où «six banques dominent très, très largement la scène» mais est «pourtant probablement le marché le plus concurrentiel d’Europe», compte tenu des taux de crédits pratiqués qui sont les plus bas d’Europe tant pour les particuliers que pour les PME.

Ce plaidoyer intervient après l’échec cet été d’une fusion entre les deux mastodontes bancaires allemands, Deutsche Bank et Commerzbank, tous deux en proie à des difficultés financières. Des rumeurs de presse avaient également évoqué un rapprochement entre la banque italienne UniCredit, dirigée par le français Xavier Mustier, et Commerzbank.

Nombre de banquiers déplorent la réglementation bancaire actuelle qui empêche de déplacer les liquidités ou le capital d’un pays de l’Union vers un autre, constituant un frein à la consolidation du secteur. Sans compter les coûts, potentiellement élevés, d’intégration de systèmes informatiques différents.

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