L’OCDE moins alarmiste pour 2020, mais la reprise s’annonce plus modeste en 2021

AWP

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L’organisation table sur un recul de 4,5% du PIB mondial en 2020 puis sur un rebond de 5% en 2021 et enjoint aux Etats de prolonger leur soutien à l’économie l'an prochain.

La récession mondiale devrait être moins sévère que prévu en 2020 grâce à la réaction «rapide et conséquente» des Etats, a estimé mercredi l’OCDE, qui enjoint aux gouvernements de prolonger leurs plans de soutien en 2021, au moment où la reprise plafonne.

«Moins de consommation, moins d’investissement, moins de production, moins d’échanges commerciaux, moins d’emploi»: c’est ainsi que Laurence Boone, la chef économiste de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a résumé la situation économique mondiale.

Les chiffres donnent le tournis: entre la fin 2019 et la fin 2021, l’économie mondiale pourrait avoir perdu 7’000 milliards de dollars, «soit le PIB cumulé de l’Allemagne et de la France». Un manque à gagner qui pourrait être ramené à 4’000 milliards dans le meilleur scénario d’évolution du virus, mais atteindre 11’000 milliards dans le pire scénario.

Car une chose est sûre: «le niveau d’incertitude demeure extrêmement élevé» et le COVID-19, qui a franchi mercredi le seuil des cinq millions de personnes contaminées en Inde et continue de tétaniser l’Europe, «va nous accompagner dans les 12 à 18 mois qui viennent».

«La politique, ça compte»

En dépit de ce tableau noir, la leçon à tirer de cette crise est que «la politique, ça compte», et que «les gouvernements ont encore beaucoup de marge d’action», a ajouté Laurence Boone, en présentant les perspectives économiques intermédiaires de l’OCDE.

Par rapport à juin, l’organisation basée à Paris se montre moins catastrophiste pour 2020, notamment «grâce aux résultats meilleurs que prévu enregistrés en Chine et aux Etats-Unis au premier semestre». Elle table ainsi sur un recul de 4,5% du PIB mondial, contre une récession de 6% en juin.

Un chiffre qui masque des «différences considérables» selon les pays, entre l’Inde dont le PIB devrait plonger de 10,2% et la Chine qui devrait être la seule économie du panel à afficher une croissance cette année, de 1,8%.

Mais si la Chine, où l’épidémie a éclaté plus tôt, en décembre 2019, a de l’avance sur les autres pays, elle ne devrait pas être un «moteur» de la reprise mondiale comme elle l’a été après la crise de 2008, a tempéré Mme Boone. En effet, le modèle chinois est désormais davantage tiré par la consommation intérieure que par les exportations, a-t-elle souligné.

L’autre bonne surprise vient des Etats-Unis, qui devraient faire mieux que la moyenne mondiale avec un recul du PIB estimé à 3,8% en 2020. L’Allemagne (-5,4%) devrait, elle, faire mieux que la zone euro (-7,9%). En revanche, la France (-9,5%), l’Italie (-10,5%) et le Royaume-Uni (-10,1%) devraient accuser fortement le coup, et rebondir un peu moins en 2021 que ce que l’OCDE anticipait en juin.

«peur de sortir»

Pour 2021, l’OCDE se montre un peu moins optimiste, tablant sur un rebond de 5% en 2021 (contre +5,2% anticipé en juin). En effet, après avoir accéléré au printemps, lorsque les mesures de confinement destinées à combattre la pandémie de coronavirus ont été allégées, «le rythme de la reprise mondiale a perdu de son élan au cours des mois d’été, en particulier dans les économies les plus avancées», constate-t-elle.

Surtout, «clé de la reprise», la confiance demeure «faible», déplore la chef économiste. En atteste un sondage réalisé par YouGov mesurant la proportion de personnes disant «éviter de sortir en général» pour se protéger du virus: 70% en Inde, 55% aux États-Unis, près de 40% en France et en Grande-Bretagne, et près de 30% en Allemagne et en Italie.

«Les gens ont encore très peur de sortir et cela n’a pas beaucoup changé depuis mai», a commenté Mme Boone.

Aussi, «ne répétez pas les erreurs de 2008, n’interrompez pas votre soutien budgétaire trop tôt», a-t-elle dit à l’adresse des gouvernants, qu’elle a appelés également à revoir leur politique de formation professionnelle, encore trop ciblée sur les travailleurs qualifiés.

Enfin, «cette crise offre une opportunité de changer» de modèle de croissance. Or, pour l’instant, «les ambitions sont très élevées mais les engagements concrets trop rares» en matière de transition écologique, a-t-elle pointé du doigt.

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