Gros coup de frein sur le commerce mondial en 2019

AWP

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Les échanges commerciaux à l’échelle mondiale ne devraient croître que de 1,5% cette année contre 3,8% en 2018, selon un rapport de l’assureur-crédit Euler Hermes.

L’incertitude liée aux tensions commerciales sino-américaines et des barrières douanières plus élevées devraient continuer à freiner l’expansion du commerce mondial en 2020, prédit l’assureur-crédit Euler Hermes mercredi dans un rapport.

Ces barrières tarifaires taxant les biens et services au-delà des frontières sont passées de 3,5% avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche début 2017 à un taux de 8 à 9% aujourd’hui.

Mais le coup de frein brutal sur les échanges commerciaux n’est intervenu qu’à partir de cette année, la hausse des droits de douane n’ayant d’effet négatif qu’au-delà de 6% en moyenne.

En 2019, le commerce mondial ne devrait croître que de 1,5% en volume contre 3,8% en 2018. En valeur, il se contracterait même de 1,7%, notamment à cause de la baisse des cours des matières premières.

«Depuis l’élection de Donald Trump, les taxes américaines sur les importations ont crû de 5 points de pourcentage en moyenne, ce qui les amène au même niveau qu’à la fin des années 1970», précise Georges Dib, économiste à Euler Hermes et coauteur du rapport.

«Ce retour en arrière a créé un fort choc d’incertitude qui a touché de nombreux pays et s’est propagé à l’économie réelle, avec une croissance économique mondiale qui devrait ralentir à 2,5% en 2019» et 2,4% l’an prochain, contre 3,1% en 2018, selon M. Dib.

«Depuis que je suis le commerce international, mon niveau de stress est corrélé au nombre de tweets de Trump», a plaisanté l’économiste lors d’une présentation à la presse.

Il estime néanmoins que «le pire est sûrement derrière nous», même si «ce n’est pas pour autant qu’on s’attend à une reprise notable» des échanges mondiaux.

Pour 2020, Euler Hermes entrevoit ainsi un léger redressement, avec une hausse de 1,7% en volume et de 2,3% en valeur, et ne croit pas à une poursuite de la hausse des droits de douane, qui aurait des conséquences catastrophiques.

Exception française

En 2019, les trois principales victimes de la récession commerciale ont été la Chine, l’Allemagne et Hong Kong, les secteurs de l’électronique, des métaux et de l’énergie étant les plus affectés.

La France a en revanche «réussi à tirer son épingle du jeu», selon le rapport. En 2019, «les entreprises françaises se sont substituées aux entreprises chinoises comme fournisseurs des entreprises américaines à hauteur de 3,8 milliards d’euros et, en parallèle, elles ont capté 1,4 milliard d’euros de débouchés chinois».

Pour les Etats-Unis, à cause de la hausse du dollar qui a suivi le relèvement des tarifs douaniers, on assiste à «une neutralisation de la politique commerciale» qui n’a pas permis à la première économie mondiale de réduire un déficit commercial toujours égal à 2,5% de son produit intérieur brut, explique Alexis Garatti, le directeur de la recherche économique de l’assureur-crédit.

En conséquence de la politique américaine, le visage du commerce international change durablement. Le multilatéralisme en berne, avec trois fois moins de grands accords commerciaux régionaux signés entre 2017 et 2019 qu’entre 2015 et 2017, relève Euler Hermes. Les accords bilatéraux, en hausse, sont plus faciles à signer mais aussi à rompre.

Source supplémentaire d’instabilité, le fait qu’aujourd’hui «n’importe quelle initiative de politique extérieure peut avoir un coût au niveau commercial», alors que jusque-là diplomatie et commerce étaient autrefois davantage séparés, explique M. Garatti.

L’émergence d’un «protectionnisme environnemental» va par ailleurs «jouer un rôle de plus en plus important», selon le rapport, qui cite l’exigence de respect de l’accord de Paris sur le climat dans les négociations entre l’Union européenne et le Mercosur.

Enfin, Euler Hermes estime que les innovations technologiques «pourraient bouleverser la façon dont les entreprises échangent dans le monde», favorisant parfois le commerce en réduisant ses coûts comme le permet la chaîne de blocs (blockchain), mais pouvant également le limiter pour des raisons géopolitiques et sécuritaires, comme avec l’avènement de la 5G.

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