France: accélération de la croissance à 0,4% au troisième trimestre

AWP

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La hausse de la consommation des ménages a permis de dépasser la faible avancée du PIB lors des deux trimestres précédents.

Une remise en marche, à défaut d’un rebond spectaculaire. Après six mois de croissance atone, l’économie française a retrouvé des couleurs au troisième trimestre, portée notamment par l’investissement des entreprises et par un rebond de la consommation.

Fini le «trou d’air» du début d’année et sa cohorte de mauvaises nouvelles économiques: selon une première estimation publiée mardi par l’Insee, la croissance a atteint cet été 0,4% en France, alors qu’elle avait plafonné à 0,2% aux deux trimestres précédents.

Cette accélération, qui met fin à la mauvaise passe traversée par l’économie tricolore, s’avère cependant inférieure aux prévisions de l’Insee, de la Banque de France et de l’OFCE, qui tablaient de façon unanime sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% au troisième trimestre.

«C’est une remontée en pente douce», souligne Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture chez Xerfi, pour qui l’activité «aurait pu repartir plus vite». «On est passé du pas au trot, mais certainement pas au galop», ajoute-t-il.

Le chiffre de 0,4% «est un tout petit peu moins élevée qu’attendu, mais c’est un bon chiffre quand même», estime de son côté Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas, qui insiste sur l’amélioration des principaux piliers de la croissance.

Selon l’Insee, le redémarrage de l’activité s’explique principalement par la reprise de la demande intérieure, qui a contribué à la croissance du PIB pour 0,5 point, contre 0,2 au deuxième trimestre.

La consommation des ménages, qui avait reculé de 0,1% au deuxième trimestre, en raison notamment des grèves dans les transports, a ainsi rebondi de 0,5%, tant dans le secteur des services (+0,3%) que dans celui des biens (+0,6%).

L’investissement des entreprises a quant à lui progressé de 0,8%, après avoir déjà grimpé de 0,9% au deuxième trimestre, avec notamment de bons résultats dans le secteur automobile et dans les activités informatiques.

«C’est la principale bonne surprise du troisième trimestre», souligne Denis Ferrand, directeur général de l’institut Rexecode, qui juge cette évolution «de bon augure».

Le déficit commercial, enfin, s’est résorbé, grâce à la hausse des exportations (+0,7%). Les échanges extérieurs, talon d’Achille de l’économie française, ont ainsi contribué «positivement à la croissance» à hauteur de «0,1 point», après l’avoir pénalisée de 0,2 point au printemps, précise l’Insee.

«balance des risques»

Ce rebond économique, largement anticipé par les économistes, s’avère toutefois insuffisant pour permettre à l’économie tricolore de renouer avec les 2,2% de croissance atteints l’an dernier (2,3% en données corrigées des jours ouvrés).

Plusieurs facteurs sont en effet venus atténuer la reprise de l’activité, comme la variation des stocks des entreprises, qui a pesé sur la croissance à hauteur de 0,2 point, et l’investissement des ménages, qui a reculé de 0,2%.

«Les fondamentaux économiques de la France restent solides. Mais par rapport à l’an dernier, il y a un infléchissement qui est assez net», reconnaît Hélène Baudchon.

Selon l’Insee, «l’acquis de croissance» -- c’est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait en 2018 si l’activité devait stagner d’ici la fin de l’année -- atteignait ainsi 1,5% à la fin du mois de septembre.

Sur l’ensemble de l’année 2018, l’organisme public prévoit une croissance de 1,6%, une hypothèse en ligne avec les prévisions de la Banque de France ou de l’OCDE. Le gouvernement est quant à lui légèrement plus optimiste, à 1,7%.

Ce niveau peut-il encore être atteint? «Pour arriver à l’objectif du gouvernement, et en l’absence de révision sur les trimestres précédents, il faudra faire 0,6% de croissance en fin d’année. Ça semble difficile», juge Denis Ferrand.

Un avis partagé par Alexandre Mirlicourtois, «sceptique» sur la capacité de rebond de l’économie tricolore. «On peut espérer une petite accélération, mais de là à atteindre 1,7%, c’est pas gagné».

Une prudence d’autant plus marquée que l’environnement international semble moins porteur. «On a une agrégation de difficultés au niveau international», avec «la hausse des prix du pétrole», le «Brexit» et la «crise politique entre Bruxelles et Rome», rappelle M. Ferrand. «Du coup, la balance des risques pèse vers le bas.»

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