En marge du G7 Finances, l'avenir de l'OMC inquiète

AWP

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L’organe de règlement des différends (ORD) de l’Organisation mondiale du commerce dirigée par Roberto Azevedo pourrait être paralysé à la fin de l’année.

L’avenir de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dont l’organe de règlement des différends (ORD) pourrait être paralysé à la fin de l’année, a soulevé mardi de nombreuses inquiétudes lors d’une conférence à la veille de l’ouverture du G7 Finances de Chantilly (Oise).

«L’organisation se trouve dans une crise profonde. Nous devons le reconnaître», a estimé la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström lors d’un débat consacré aux 75 ans des accords de Bretton Woods, avant la rencontre des ministres des Finances du G7.

«Si l’ORD est bloquée, ce qui aura probablement lieu en décembre, du moins temporairement, nous n’aurons plus de surveillance» des accords commerciaux, a-t-elle poursuivi, en référence au refus des États-Unis d’approuver la nomination de nouveaux juges à l’ORD.

Cette organe, souvent surnommé la Cour suprême du commerce mondial, pourrait se retrouver paralysé le 11 décembre prochain. En raison des départs prévus, l’organe d’appel n’aura plus suffisamment de juges pour fonctionner si le blocage américain est maintenu.

«Si nous n’avons plus de règles, chacun pourra dès lors faire ce qu’il veut (...) et ceci sera très mauvais, principalement pour les petits pays et ceux en développement», a ajouté Mme Malmström.

L’ancienne numéro 2 du Fonds monétaire international (FMI), Anne Krueger, a également prévenu la communauté internationale des risques du blocage à l’OMC: «Ce mécanisme est en ce moment en péril. Il ne sert pratiquement plus à rien», a-t-elle reconnu.

Désormais professeur d’économie à l’université Johns Hopkins à Washington, Mme Krueger a lancé un appel «urgent» pour que «l’OMC reste fonctionnelle», craignant elle aussi que sa paralysie ne donne lieu à un monde où chaque pays pourrait faire ce qu’il souhaite sans craindre de sanction.

A partir du 11 décembre, «tous les nouveaux litiges portés devant l’OMC pourraient ne pas être jugés», a-t-elle regretté en pleine guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Réformer l’OMC

Également présent lors de la conférence, le directeur-général adjoint de l’OMC, l’américain Alan Wolff, n’a pas nié ces dangers, mais il s’est efforcé de rassurer l’auditoire en assurant que l’ORD ne disparaîtra pas en décembre.

«La crise n’est pas exactement celle qui a été annoncée pour le 11 décembre. Ce n’est pas génial, ce n’est pas positif, mais les juges vont continuer de travailler sur les litiges déjà présentés», a-t-il souligné.

Les juges sortants continueront de suivre les cas qu’ils ont déjà entre les mains, a-t-il ajouté, tout en admettant implicitement que cet organe n’aura plus la capacité de traiter les nouveaux.

Face aux critiques subies par l’OMC, notamment de la part des États-Unis, le président français Emmanuel Macron avait lancé un appel l’an dernier pour une réforme de l’organisation qui, pour l’instant, n’a pas trouvé d’écho du côté de Washington.

A l’ouverture de la conférence, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a plaidé pour un «nouveau multilatéralisme» afin notamment «d’améliorer le fonctionnement de l’OMC».

Lors de son intervention, Mme Malmström a de nouveau appelé la Chine et les Etats-Unis à se retrousser les manches pour réformer cette organisation qui veille au respect des accords commerciaux internationaux.

«Notre système international est en crise et je crois que l’on peut le réparer. Mais nous avons besoin d’un fort leadership», a-t-elle reconnu.

En attendant que Pékin et Washington se mettent au travail, l’UE a choisi de «créer un cercle d’amis avec des pays qui pensent que le commerce est positif», a expliqué Mme Malmström, citant comme exemple les récents accords commerciaux signés par Bruxelles avec le Canada, le Japon et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay).

L’ORD est chargé de trancher les conflits commerciaux, portant par exemple sur des subventions indues ou encore des barrières réglementaires injustifiées, ayant pour conséquence de restreindre l’accès au marché d’un ou plusieurs États membres.

L’OMC, comme quasiment toutes les institutions internationales, est vivement critiquée par le président américain Donald Trump, qui préfère de loin les confrontations bilatérales aux tractations multilatérales.

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