La récolte 2024 de blé «catastrophique» en France, touchée par des pluies excessives, ne devrait pas peser sur un marché mondial de la céréale du pain qui «reste équilibré», a indiqué jeudi le cabinet Argus Media France.
Premier producteur et exportateur européen de céréales, la France voit sa récolte 2024 de blé estimée à 25,17 millions de tonnes (Mt) par Argus Media, confirmant son estimation de début août. Une production «au plus bas depuis 1983», année où le pays a produit 24,4 millions de tonnes de blé, a déclaré Maxence Devillers, analyste de marché au sein d’Argus Media, lors d’une conférence de presse à Paris.
L’impact de cette récolte sera lourd pour les producteurs céréaliers, qui «souffriront à la fois de la chute historique de la production et des prix non rémunérateurs», tirés vers le bas par le marché mondial où l’abondance des grains pèse sur les cours, a-t-il expliqué.
Cette faible récolte va peser sur l’activité à l’export. Les exportations de la France vers les pays tiers hors Union européenne vont chuter de 60%, à 4,1 millions de tonnes, au plus bas depuis 2001-2002, selon l’estimation d’Argus Media France.
La «perte de chiffre d’affaires à l’export pour la France est évaluée à 1,4 milliard d’euros», a estimé M. Devillers.
Au niveau mondial, le marché reste équilibré, avec «des disponibilités exportables chez les 8 grands exportateurs de blé», selon l’analyste.
Argus Media constate un repli des volumes disponibles à l’exportation dans l’UE, évalué à -11 Mt, résultat des mauvaises productions en France et Allemagne, en partie contrebalancées par d’excellentes récoltes en Roumanie et Bulgarie.
Après deux années record, la production russe est en baisse par rapport à l’an dernier mais reste, avec 82,6 Mt, la «troisième meilleure récolte de l’histoire» du pays, premier exportateur mondial.
L’Ukraine devrait produire 21,74 Mt, un niveau plutôt constant depuis l’invasion russe, mais aura moins de volume à exporter, ayant largement réduit ses stocks.
«A contrario, tous les autres grands pays exportateurs, Etats-Unis, Canada, Kazakhstan, Australie et Argentine, ont ou vont bénéficier de bonnes à très bonnes récoltes», qui viennent presque compenser les baisses de disponibilités exportables constatées sur le continent européen, a relevé l’analyste.