Les marchés européens ont fait jeudi les frais d’un mouvement de prises de bénéfices après plusieurs séances en hausse, les yeux rivés sur les incertitudes commerciales, tandis que Wall Street hésite au lendemain de la réunion de la Fed.
Paris a perdu 0,95%, Francfort 1,24% et Milan 1,32%. Londres est restée à l’équilibre (-0,05%). A Zurich, le SMI a gagné 0,43%.
«Les marchés européens ont besoin de respirer, après une dynamique récente très positive», explique à l’AFP Jeanne Asseraf-Bitton, directrice recherche et stratégie chez BFT.
Les places du Vieux Continent sont en grande forme depuis le début du mois, portées notamment par les perspectives de dépenses massives en faveur de l’armement en Europe, qui ont fait bondir les titres des entreprises de la défense.
Logiquement, ces groupes ont été particulièrement visés par des prises de bénéfice, les investisseurs vendant massivement leurs actions pour profiter de leurs plus-values: Thales a perdu 1,62% et Safran 2,13% à Paris. Leonardo a cédé 1,60% à Milan et Rheinmetall 3,03% à Francfort.
Par ailleurs, «l’incertitude, inédite, pèse sur l’humeur» des marchés, selon Mme Asseraf-Bitton. Les investisseurs s’inquiètent notamment «des prochaines annonces de Donald Trump en matière de droits de douane réciproques», attendues le 2 avril.
Ces mesures, voulues par le président américain, seront bien effectives à compter de cette date, a d’ailleurs assuré jeudi la porte-parole de la Maison Blanche lors d’un point-presse.
Les Bourses avaient «presque oublié les droits de douane. L’impact a été brutal ce jeudi», estime Jochen Stanzl, chez CMC Market.
A Wall Street, les marchés hésitent, au lendemain de la décision de la banque centrale américaine (Fed) de maintenir ses taux inchangés. Vers 16H50 GMT, le Dow Jones prenait 0,15%, le Nasdaq perdait 0,28% et le S&P 500 -0,15%.
La Réserve fédérale a sans surprise laissé ses taux inchangés mercredi, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%. Les responsables de l’institution ont également maintenu leur estimation du nombre de baisses de taux cette année.
«L’incertitude (est) inhabituellement élevée» aux Etats-Unis, a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, mais le pays «dispose toujours de données solides».
Les marchés américains ont aussi digéré un indicateur de ventes immobilières en février: 4,26 millions de maisons et appartements ont changé de main en rythme annualisé, selon des données officielles publiées jeudi, meilleurs qu’attendues par les analystes.
Côté change, le billet vert avançait de 0,49% vers 16H50 GMT par rapport à la monnaie unique, à 1,0850 dollar pour un euro. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’État américains à dix ans se détendait à 4,22% contre 4,24% à la clôture mercredi.
Le marché retient en synthèse que «la Fed n’est pas dans l’urgence pour procéder à une baisse des taux directeurs mais que toute détérioration» des indicateurs économiques «en augmentera la probabilité», a ajouté Bastien Drut.
Sodexo dévisse à Paris
Le groupe de restauration collective et de services Sodexo a chuté de 17,15% à Paris après avoir annoncé «baisser ses perspectives financières pour l’exercice 2025».
Prévoyant une croissance «plus faible qu’attendue en Amérique du Nord», le groupe estime désormais la hausse de son chiffre d’affaires entre 3% et 4%, contre 5,5% à 6,5% précédemment.
Pour les analystes d’Oddo BHF, la révision en baisse des prévisions financières du groupe constitue une «nouvelle déception», après la publication de résultats du premier trimestre déjà jugés décevants.
Nouveau record pour l’or
Face à ces incertitudes, l’or a poursuivi jeudi sa course et a atteint dans la journée un record à 3.057,49 dollars l’once (autour de 30 grammes).
Vers 16H50 GMT, l’or avait redescendu à 3036,21 dollars l’once.
Le pétrole grimpe
Les cours du pétrole montent jeudi après de nouvelles sanctions du Trésor américain visant à réduire les exportations d’or noir de l’Iran, au moment où Donald Trump veut conclure un accord sur le nucléaire iranien.
Vers 16H50 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord prenait 1,45% à 71,81 dollars et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate gagnait 1,61% à 68,24 dollars.
Le bitcoin reculait de 2,45% à 83.856 dollars.