Les Bourses retrouvent les sueurs froides de la pandémie

AWP

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Les chutes sont peu ou prou les pires sur une semaine depuis le printemps meurtrier de la première vague.

Comme un nouveau parfum de frayeur boursière en Europe: le durcissement des restrictions face à l’émergence de la deuxième vague de COVID-19 a vu les Bourses retrouver cette semaine leurs angoisses du mois de mars.

Les deux trajectoires ont soudainement accéléré. Avec la montée exponentielle de la courbe des contaminations au COVID-19 celle des marchés financiers européens a piqué du nez.

Personne n’a été épargné: -8,6% à Francfort, -7,0% à Milan, -4,8% à Londres, -6,4% à Paris, -4,4% à Zurich pour le SMI à la clôture vendredi, les chutes sont peu ou prou les pires sur une semaine depuis le printemps meurtrier de la première vague, excepté une semaine également très difficile début juin.

L’EuroStoxx 50, composé des plus grosses valeurs européennes, a perdu 7,5%, là aussi la plus forte chute depuis mars.

Les indices se sont parés de rouge vif à mesure que les annonces de restrictions économiques sont devenues imminentes. Le pic de la tension a eu lieu mercredi, juste avant des annonces française et allemande, et s’est propagé sur toutes les autres places mondiales, de l’Asie à Wall Street.

Aux Etats-Unis, l’«indice de la peur», le VIX, traduisant la volatilité des marchés, a renoué mercredi avec ses plus hauts depuis quatre mois.

Alors qu’ils avaient déjà les yeux tournés vers le grand retour de la croissance et d’une relative sérénité, les investisseurs ont senti à nouveau la terre trembler, «une réplique après l’épicentre du stress en février-mars», résume Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Les indices sont désormais revenus à leurs niveaux de mai, au moment où les économies européennes recommençaient timidement à ouvrir après leur long sommeil du début du printemps.

Les investisseurs se sont eux réfugiés vers la dette allemande ou française, des placements jugés comme les moins risqués. Face à la demande, les rendements sont aussi retombés à des plus bas niveaux depuis mars.

La tech rattrapée

Les secteurs les plus meurtris par la première vague ont encore subi les affres de la pandémie en début de semaine.

Les trois banques de l’indice parisien CAC 40, Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale, dont les cours redressaient la tête, ont dégringolé de nouveau, perdant chacune environ 10%.

L’industrie, le tourisme et les valeurs liées aux matières premières, dont le pétrole, ont fortement souffert, en raison des craintes d’une baisse massive de la demande. Déjà au plus bas, Total a encore chuté de 8%, et BP de près de 4,5% à Londres.

L’épidémie a complètement éclipsé les résultats, dans l’ensemble rassurants, enregistrés par ces entreprises au cours du troisième trimestre, dans une économie de nouveau ouverte.

Cette seconde vague n’épargne personne, pas même les grands gagnants de la crise sanitaire, les sociétés technologiques. Là aussi, ces groupes ont été rattrapées par les conséquences du ralentissement économique.

Le géant allemand des logiciels SAP a été amputé d’un quart de sa valorisation sur la semaine, après avoir craint que la crise ne freine finalement les commandes de ses clients. Atos, qui a abandonné 10% ou Worldline avec -9% en France ont aussi nettement freiné.

«Déjà connu»

Les marchés n’ont toutefois pas perdu pied. «Il n’y a pas eu de ventes massives liées à une panique», relève Mikael Jacoby, responsable du courtage Europe continentale à Oddo Securities. Les marchés avaient perdu jusqu’à 20% de leur valeur en une semaine au pire de la crise de mars.

«On expérimente quelque chose de déjà connu, et le confinement en France est ressenti comme moins contraignant», poursuit-il.

Surtout, les marchés ont encore été rassurés par la position de la Banque centrale européenne, dont les mesures servent de filet de sécurité sur les marchés depuis mars.

La présidente de l’institution Christine Lagarde a clairement laissé entendre que des mesures additionnelles seraient prises lors de la prochaine réunion de la BCE en décembre.

Les marchés ont stoppé les pertes jeudi et vendredi, sans parvenir réellement à repartir de l’avant.

Même avec un péril provisoirement écarté, la prudence reste de mise à quelques jours du scrutin présidentiel américain, mardi.

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