La Bourse suisse a opéré lundi soir ses derniers échanges dans le négatif. Les bourses européennes et américaines ont tenté une brève incursion en terrain positif avant de rapidement replonger, hésitantes après des rumeurs de presse et des déclarations des partenaires commerciaux des Etats-Unis.
L’onde de choc provoquée par l’annonce des droits de douane américains a continué vendredi de balayer les marchés boursiers mondiaux. Ces derniers se sont brièvement repris après l’annonce de l’Union européenne (UE) «d’utiliser tous les outils à sa disposition» pour défendre ses intérêts commerciaux face à l’offensive des Etats-Unis. Les marchés ont aussi surréagi pendant quelques minutes à des rumeurs de presse non confirmées selon lesquelles l’administration Trump aurait pu envisager une pause pour ses droits de douane.
Le patron de la banque américaine JPMorgan Chase craint un rebond de l’inflation et une croissance ralentie aux Etats-Unis. «Il n’est pas certain à ce stade que les droits de douane provoqueront une récession, mais ils ralentiront la croissance», a écrit Jamie Dimon dans sa lettre annuelle aux actionnaires.
«Les marchés financiers envisagent un choc économique réel négatif massif, voire un glissement de l’économie américaine vers la récession», a de son côté estimé Ulrich Leuchtmann, analyste chez la banque allemande Commerzbank.
Malgré la situation tendue actuelle, la Banque cantonale bernoise (BCBE) s’attend à ce que les marchés se calment au cours de l’année. «Même si les prix sont susceptibles d’augmenter aux États-Unis, ils baisseront dans le reste du monde à mesure que le flux de marchandises se déplacera vers d’autres pays», analyse Thomas Fischer, directeur des investissements à la BCBE.
Selon l’expert, le grand perdant de cette politique commerciale drastique seront les États-Unis eux-mêmes, avec leurs citoyens. «Il est probable que les entreprises s’opposent également à cette mesure. Les poursuites judiciaires contestant la légalité du décret présidentiel devraient probablement augmenter dans un avenir proche», poursuit M. Fischer.
A New York, Wall Street limitait ses pertes mais évoluait toujours dans le rouge en matinée, après une ouverture en fort recul. Le Dow Jones reculait de 1,32%, l’indice Nasdaq perdait 0,42% et l’indice élargi S&P 500 lâchait 0,70%.
Le SMI a terminé la séance en baisse de 5,16% à 11’047,48 points, avec plus haut à 11’553,59 et un plus bas à 10’775,83. Le SLI a perdu 5,14% à 1770,24 points et le SPI a cédé 4,90% à 14’786,43 points. L’ensemble des 30 valeurs vedettes a fini dans le rouge.
Lindt (-2,5%) est l’action qui a perdu le moins de terrain, devant UBS (-2,9%) et Straumann (-3,0%). La production en Chine est particulièrement affectée par les nouvelles taxes imposées par Washington.
Les trois poids lourds de la cote Nestlé (-4,3%), Novartis (-5,3%) et Roche (-6,0%) n’ont pas réussi à inverser la tendance.
Swiss Re (-6,4%) n’a pas non plus été à la fête. GAM (+2,8%) et le réassureur ont annoncé un partenariat d’investissement pour l’émission d’obligations catastrophes («Cat Bonds») et de certificats d’assurance.
Julius Baer a aussi fléchi (-5,8%). Le gestionnaire de fortune zurichois poursuit sa mue organisationnelle lancée en février sous la houlette du nouveau patron Stefan Bollinger. L’opération passe notamment par la création d’une nouvelle subdivision du nouveau comité Global Wealth Management, baptisée Global Products and Solution.
Swiss Life (-7,2%), Adecco (-8,0%) et Givaudan (-8,1%) sont tombés dans le fond du classement.
Partners Group (-9,7%) a fini lanterne rouge.
Sur le marché élargi, l’ambiance a également été morose. Les valeurs de la chimie-pharmacie, Relief Therapeutics (-5,7%), Dottikon (-4,3%) et Xlife Science (-10,5%), ont terminé les échanges dans le rouge.
Enfin, Dormakaba (-4,2%) a également creusé ses pertes. Le spécialiste zurichois des accès sécurisés a convenu de former une co-entreprise avec l’équipementier chinois de la construction Guangdong Kinlong Hardware Products.