Gonet: l'actualité des marchés au 9 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,44%, Dow +0,68%, SPX +0,78%, Russell +0,81%, SOX +1,48%, Eurostoxx -1,07%, SMI -0,29%.

Wall Street écoute «and the beat goes on» des Whispers.

Les indices clôturent au plus haut de la séance, dans de faibles volumes d’échanges et avec, une fois est coutume, le secteur de la technologie dans le rôle de la locomotive du jour. L’indice Nasdaq100 (NDX) poste un énième record historique à la cloche. Imaginez un peu, il n’a pas connu deux journées consécutives de baisse depuis le 11 mai… Pour trois jours à la suite, il faut remonter au début du mois de mars. Les FAANGs ne boudent pas la fête avec Apple, Amazon, Microsoft, Facebook, Netflix, Nvidia et Alibaba qui atteignent toutes des niveaux encore jamais explorés à la clôture. Les valeurs internet chinoises sont en feu, le Dow Jones récupère le niveau de 26’000 points. À ce propos, il faut bien réaliser qui fait la loi sous le préau du New York Stock Exchange depuis un bon bout de temps déjà. Hier, 75% des gains du Dow sont à mettre au crédit d’Apple et Microsoft uniquement, révolution industrielle 4.0 quand tu nous tiens… Pour mémoire, le NDX réalise son 27e record historique de l’année, il est en hausse de 22% depuis le 1er janvier. Question: cela se serait-il produit sans l’avènement du Covid-19? Le secteur immobilier est recherché après la publication encourageante des demandes d’hypothèques au 3 juillet, qui ressortent à +2,2% contre -1,8% observé au dernier passage. Les grands magasins profitent du décollage de Kohls Corp (KSS +9,6%) qui bénéficie d’une note positive de Bank of America et réalise la meilleure performance du jour de l’indice S&P500 (SPX). Le podium des gagnants du jour se compose des valeurs de consommations et de la finance, qui accompagnent les indétrônables technologiques. Au registre des perdants, les materials se détachent nettement.

Le SPX traite confortablement au-dessus de ses trois moyennes mobiles (50, 100, 200 jours). Lorsqu’on observe son graphique à long terme, on se dit qu’il est bien loin le jour où les bears (baissiers) ont décrété la fin du bull market entamé au mois de mars 2009. Le SPX regarde désormais ses gaps, il va probablement combler le prochain rapidement, qui se situe à 3181 points (clôture hier à 3169,94). Ensuite c’est un peu plus ardu avec un dernier gap à combler à 3328 points. La volatilité recule de 4,5%, l’indice VIX (volatilité du SPX) revient à 28. Le pétrole conforte son niveau de 40 dollars le baril de WTI Light Crude (malgré des inventaires hebdomadaires plus importants que prévu), le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste stable à 0,65%, le dollar est faible, le Dollar Index (DXY) revient à 96,30. S’il casse 95,71, techniquement la baisse pourrait s’accélérer. La paire eur/usd traite à 1,1365, l’euro est fort. La prochaine résistance se situe à 1,1495. L’or (spot) casse son importante résistance de 1800 dollars par once hier. Le métal jaune ne rend pas les gains ce matin et 1800 devient de facto un support. Prochaine résistance majeure 1921 dollars.

L’ADR de SAP bondit dans le marché après-bourse après l’annonce que les recettes de l’éditeur allemand de logiciels ont dépassé le consensus, grâce à la reprise des ventes de logiciels en Asie. Les ventes ont augmenté de 2% pour atteindre 6,74 milliards d’euros, contre des estimations de 6,61 milliards d’euros. Les revenus du Cloud ont augmenté de 21%, et SAP réaffirme ses prévisions pour l’ensemble de l’année de 28,5 milliards d’euros de revenus ajustés et de 8,7 milliards d’euros de bénéfices d’exploitation. Les marges ont été fortement augmentées par les réductions de coûts, indique Bloomberg Intelligence. Twitter grimpe de 7,3% sur la rumeur que la société préférée de Donald Trump est en train de mettre en place un service d’abonnements payants. Nvidia (NVDA +3,48%) surpasse Intel en tant que plus grand fabricant de puces aux États-Unis par sa capitalisation boursière pour la première fois hier. Sur l’année, les actions de Nvidia ont gagné 74% tandis que celles d’Intel baissent de 2%, contre une hausse de 11% de l’indice PHLX Semiconductor SOX.

Tout va-t-il donc pour le mieux dans le meilleur des mondes? Jugez par vous-même: aux États-Unis, les infections virales ont augmenté de 2%, soit un peu plus que la moyenne sur sept jours, un record quotidien, le nombre de décès ayant commencé à augmenter à la suite d’une récente poussée d’infections dans le sud. Malgré cela, le vice-président Mike Pence déclare que les écoles doivent rouvrir, bien que certains districts puissent retarder la réouverture en raison des pics de virus. Les Etats-Unis sont le pays le plus touché, avec près de 3 millions de cas confirmés et 131’481 décès. Le Brésil dénombre 1,668 million de cas depuis l’émergence du virus, pour 66’741 morts. L’Inde a recensé 742’417 cas et la Russie près de 700’000. L’inquiétude persiste devant la résurgence des nouveaux cas aux Etats-Unis et le retour de mesures de confinement dans plusieurs pays. La Californie rapporte un nombre record de nouveaux cas pour le deuxième jour consécutif. En Australie, le gouvernement envisage de limiter les retours de ses citoyens et résidents permanents en provenance de l’étranger. Plusieurs responsables de la Réserve fédérale américaine expriment par ailleurs leur prudence et soulignent le risque de voir une évolution défavorable de la situation sanitaire freiner la reprise. L’annonce par Washington de son désengagement de l’OMS n’est pas non plus de nature à rassurer. Le vice-président de la Fed, Richard Clarida, indique néanmoins que l’institution réagira en cas de besoin, la récession n’étant cependant pas le scénario privilégié.

Donald Trump demeure offensif sur Twitter: «L’économie et l’emploi se développent BEAUCOUP plus rapidement que quiconque (sauf moi!) ne s’y attendait. La croissance de l’emploi est la plus importante de l’histoire. Le taux de mortalité du Virus Chinois est parmi les plus bas de tous les pays. Un bon Q3 et une excellente année prochaine se dessinent!», juge ainsi le président américain, qui exprime par ailleurs son désaccord avec le CDC «sur leurs directives très strictes et coûteuses pour l’ouverture des écoles. Alors qu’ils veulent les ouvrir, ils demandent aux écoles de faire des choses très peu pratiques. Je vais les rencontrer!!!». «En Allemagne, au Danemark, en Norvège, en Suède et dans de nombreux autres pays, LES ÉCOLES SONT OUVERTES SANS PROBLÈME. Les Dems pensent qu’il serait politiquement mauvais pour eux que les écoles américaines ouvrent avant les élections de novembre, mais c’est important pour les enfants et les familles. On peut couper le financement si elles ne sont pas ouvertes!», lance encore le leader américain.

Les gouvernements européens qui se sont empressés de mettre en place des plans de sauvetage en cas de pandémie semblent se concentrer sur un nouveau thème et pas des moindres: les faillites en cascade. Selon Bloomberg, une nouvelle idée fait son chemin parmi les responsables qui consisterait à prendre des participations dans des petites et moyennes entreprises. La Commission européenne et la Banque d’Angleterre ont toutes deux lancé le concept, et le ministère allemand de l’économie étudie actuellement la stratégie.

Au menu du jour: les demandes d’allocations chômage aux Etats-Unis, les mises en chantier au Canada, l’indice RICS des prix des logements au Royaume-Uni, les exportations/la balance commerciale de l’Allemagne. Cette nuit, L’inflation chinoise a repris conformément aux estimations du consensus, l’indice des prix à la consommation ayant augmenté de 2,5% en juin contre 2,4% un mois plus tôt.

Les hedge funds ont perdu un record de 7,9% au premier semestre sur une base pondérée par les actifs, annonce Hedge Fund Research. Aucune des quatre grandes stratégies n’a rapporté d’argent, et les fonds événementiels (event driven) ont réalisé le plus mauvais score, perdant 9,6%. Les fonds à valeur relative ont affiché la plus faible baisse, avec 5,1%. Ces pertes sont les plus importantes depuis 2008.

Partners Group va rejoindre l’indice SMI (Swiss Market Index) le 18 septembre, au détriment d’Adecco.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement dans le vert avec Tokyo qui progresse de 0,40% à la cloche, Hong Kong qui recule de 0,29%, Shanghai progresse de 1,19% et Séoul gagne 0,40%. Le future SPX recule de 8 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,6%. Qu’est-ce qui pourrait bien faire baisser ces indécrottables indices d’actions?  Un arrêt du soutien de la Fed? Impensable. Une aggravation des relations sino-américaines? On a l’habitude. Une flambée du virus? C’est déjà le cas et chaque jour qui passe nous rapproche de la découverte d’un vaccin. Un redémarrage plus lent que prévu (par les marchés) de l’économie? Voilà une piste intéressante. La macro et la micro (résultats de sociétés) joueront probablement le rôle d’arbitres ces prochaines semaines.

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