Gonet: l'actualité des marchés au 1er juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Nasdaq +1,87%, Dow +0,85%, SPX +1,54%, Russell +1,42%, SOX +2,70%, Eurostoxx +0,06%, SMI-0,15%.

Wall Street termine en beauté son plus beau trimestre en plus de 20 ans. Tous les secteurs de l’indice S&P500 (SPX) clôturent la séance dans le vert et le SPX progresse de 20% sur trois mois. Le Dow Jones réalise sa seconde meilleure performance trimestrielle de l’histoire (+17,8%), juste après avoir enregistré le pire trimestre de tous les temps (-23,2%). Le marché termine sa séance au plus haut du jour, le SPX revient au-dessus des 3100 points tout en récupérant toutes ses pertes de vendredi, tout comme le Nasdaq100 (NDX). Les volumes d’échanges restent étonnamment faibles, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent en termes de flux de nouvelles. On s’attendait à des ventes massives de 35 à 76 milliards de dollars d’actions en cette fin de mois/trimestre/semestre et ce sont 6,4 milliards d’intérêts… acheteurs… qui se présentent à la cloche. On ignore superbement les mauvaises nouvelles liées au Covid-19, notamment l’annonce que 97% des soins intensifs de la ville de Houston sont occupés. En Floride le nombre de cas atteint un record (la NBA va apprécier…) et le docteur Fauci reste prudent. Les TMT (Telecom Media Tech) sont recherchés après les guidances de Micron Tech (MU +4,8%) et Xilinx (XLNX +7%). Ce marché semble surréaliste lorsque l’on réalise que le NDX n’a pas vécu deux séances de baisses consécutives en près de deux mois! De plus il est parvenu à rester au-dessus de sa moyenne mobile à 20 jours durant 59 séances consécutives, on n’avait pas vu ça depuis 20 ans. En résumé, à chaque trou d’air, on se rue dans les titres principalement de la technologie, c’est le fameux «buy the dips» ou «acheter la faiblesse» dicté par le FOMO «Fear Of Missing Out». Après la clôture, FedEx publie ses résultats qui indiquent que la firme a délivré… une belle surprise sur la partie des coûts qui propulse le titre de 8,9% dans les échanges après-bourse. Deutsche Post devrait apprécier aujourd’hui.

Les matières premières se portent bien avec l’or qui teste ses hauts de 2012 et défie en ce moment-même le niveau de 1800 dollars par once. Si cette résistance est cassée, techniquement on regardera 1920 dollars. Le pétrole n’est pas en reste, qui revient tout près de 40 dollars le baril de WTI Light Crude, malgré l’annonce que l’OPEP et la Russie ne parlent plus de prolonger leurs coupes de production au mois d’août. Le dollar perd de la vigueur et revient à 97,43 (Dollar Index DXY). La paire eur/usd repart du coup à 1,1226. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 0,67% et la volatilité recule de 4%, l’indice VIX (volatilité du SPX) à 30,43.

Les investisseurs suivent avec intérêt les auditions du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et du patron de la Fed Jerome Powell devant le Congrès américain. Monsieur  Mnuchin se montre plus optimiste que Monsieur Powell sur la reprise, ce dernier soulignant les «incertitudes» et les «défis» posés par la situation sanitaire. A noter que cette semaine boursière sera écourtée, les marchés étant fermés vendredi pour le week-end de la Fête de l'Indépendance américaine, le 4 juillet.

Rappelons-nous, c’était hier… il y a juste trois mois tout un chacun se lamentait et les bears (les baissiers) célébraient la mort brutale du bull market (marché haussier) en grandes pompes, tout en n’oubliant pas d’enterrer au passage la plus longue période de croissance économique de l’histoire. Mais c’était sans compter avec la Fed, qui s’est muée en Rambo de la finance et a sorti un gigantesque bazooka de sa besace, de 1600 milliards de dollars, avec le Congrès. 2008 et Lehman étaient passés par là, qui avaient mis en lumière la lenteur de réaction des banques centrales et des politiques, la réaction de 2020 a été autrement plus rapide. Nous voici donc à l’orée du second semestre, du troisième trimestre et potentiellement d’une période volatile et incertaine. Bank of America vient de conduire un sondage auprès de 190 gérants de fonds. Leur principale préoccupation reste le virus et une deuxième vague potentielle, sachant que la première ne semble pas vraiment décidée à partir à la retraite. Au-delà du Covid-19, la persistance du chômage et un raz-de-marée potentiel des démocrates en novembre constituent les principales inquiétudes de ces gérants. Il faut y ajouter un point important: les résultats de sociétés US au deuxième trimestre, qui vont commencer à tomber bientôt. Imaginez-vous, plus de 180 firmes du SPX ont suspendu leurs prévisions de résultats pour 2020 alors que seules 49 d’entre elles ont émis une guidance pour la saison qui débute ces prochains jours. Autant dire que nous naviguons aux instruments, en plein brouillard, sachant que l’indice Nasdaq Composite est en hausse de 12% depuis le premier janvier et que la plupart des indices US flirtent avec leurs records historiques. L’élection présidentielle de novembre se profile mal pour Donald Trump, qui est en retard de 9,6% sur Joe Biden dans les sondages (realclearpolitics.com). Si l’on gratte un peu ce sujet, on observe que la quasi-totalité des sites de paris en ligne donnent Biden vainqueur avec plus de 20 points d’avance. On sait que le marché vote Trump et qu’un gouvernement fédéral dominé par les démocrates s’attaquerait très probablement aux rabais fiscaux décidés par l’administration en place en 2017, impactant du coup les marges des entreprises. De plus, la forte progression des indices d’actions de ce trimestre s’est réalisée en avril et mai. Au mois de juin, le SPX n’a progressé que de 1,8%. Rappelons à ce sujet que les troubles civils liés à la mort de George Floyd ont peut-être joué un rôle. Le paysage macro-économique reste à éclaircir, près de 20 millions de jobs ont été détruits depuis le mois de février, les ventes au détail restent nettement en-dessous de leur niveau d’avant la pandémie et l’activité manufacturière s’est également contractée. Et comme nous sommes en année d’élection présidentielle, je ne résiste pas à la tentation de vous livrer cette statistique: depuis 1928, le parti sortant a gagné l’élection dans 87% des cas si le SPX avait réalisé une performance positive dans les trois mois qui précèdent le vote. Dans le cas d’une performance négative, c’est 100% de défaites. Ajoutons aussi que jamais un président en poste n’a été réélu aux Etats-Unis en période de récession. Bienvenue au doux mois de juillet donc…

Boeing (BA -5,7%) La compagnie low cost Norwegian Air annonce avoir annulé les commandes de 97 appareils Boeing, dont 92 B737-MAX et cinq B787 Dreamliners. Norwegian dépose en outre une réclamation pour «obtenir le remboursement des paiements avant livraison liés à ces avions et une compensation des pertes liées à l'immobilisation du 737 MAX et aux problèmes de moteur du 787». Facebook (FB +2,9%) La pression monte sur Facebook et les autres réseaux sociaux pour mieux contrôler les contenus haineux et racistes sur leurs sites. Ainsi, la liste des annonceurs décidant de suspendre leurs campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux, et en particulier sur Facebook et sa filiale Instagram, ne cesse de s'allonger. Les analystes financiers ne semblent cependant pas très inquiets pour les revenus du premier réseau social mondial, qui compte plus de 2 milliards d'utilisateurs dans le monde et plus de 8 millions d'annonceurs. Tesla (TSLA +6,9%) Le patron du constructeur de véhicules électriques, Elon Musk, appelle ses employés à travailler dur pour permettre au groupe californien d'atteindre le seuil de rentabilité au deuxième trimestre malgré la pandémie, selon un document interne consulté par l'agence Reuters. Le groupe californien doit publier ces prochains jours les chiffres de ses ventes de voitures électriques au deuxième trimestre. Le consensus du cabinet FactSet table sur 72’000 véhicules immatriculés après un record de 88’400 véhicules au premier trimestre. Goldman Sachs (GS +2,1%) a pris des mesures afin de se conformer d'ici octobre aux exigences de la Fed en termes de fond propres. La banque d'affaires new-yorkaise indique que son ratio de solvabilité CET1 est déjà supérieur à 13%. Les immatriculations de voitures neuves en France ont progressé de 1,24% en juin, marquant leur première hausse en rythme annuel depuis le début de l'année, alors que les concessions ont pu reprendre leurs activités après avoir fermé leurs portes du fait des mesures de confinement instaurées face au coronavirus. Easyjet pense à licencier 700 pilotes. Royal Dutch prévoit de réduire la valeur de ses actifs pétroliers et gaziers jusqu'à 22 milliards de dollars en raison de la baisse des prix pétroliers alors qu’Exxon résiste aux sirènes des dépréciations. La Federal Communications Commission (FCC) a officiellement désigné les sociétés de télécommunications Huawei et ZTE comme menaces à la sécurité nationale.

Au menu du jour: le rapport du DoE (département de l’énergie) sur les stocks de pétrole brut, la publication des minutes du FOMC, les ventes automobiles américaines (attachez vos ceintures), le discours de Charles Evans (Fed), les chiffres de l'emploi ADP américain, le PMI Markit manufacturier américain, les dépenses de construction américaines et le PMI Markit manufacturier en zone euro.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé, Tokyo recule de 0,85% à la cloche, Hong Kong est fermée, Shanghai progresse de 0,68% et Séoul abandonne 0,23%. Le future SPX recule de 14 points et l’Europe est indiquée en léger repli. Clariant progresse de 3,6% dans le pré-marché, le Tages Anzeiger publie un article affirmant que la compagnie est en discussions avancées de fusion avec 4 candidats. En Italie, on prépare un nouveau plan de stimulation de l’économie à hauteur de 20 milliards d’euros. Cette dépense amènerait le déficit budgétaire de la grande botte à 11,6% du PIB, Maastricht est bien loin…

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