Gonet: l'actualité des marchés au 24 juin

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Nasdaq +0,74%, Dow +0,50%, SPX +0,43%, Russell +0,41%, SOX +0,22%, Eurostoxx +1,76%, SMI +0,94%.

Wall Street réalise un remake du documentaire «The Last Dance». Tout le monde sait que, à la fin, ce sont les Bulls qui gagnent… Même scénario que celui de lundi hier avec les valeurs technologiques qui mènent le bal, accompagnées par le secteur de la consommation. On ignore superbement tout ce qui pourrait relever de la mauvaise nouvelle, par exemple les indices PMIs (directeurs d’achats) qui ressortent en-dessous des attentes au mois de juin et légèrement en-dessous des 50 qui plus est, ce qui indique un état de contraction économique. Les ventes de maisons neuves surprennent en bien au mois de mai… mais le mois d’avril est révisé à la baisse. Un des seuls à prendre acte de cela est le billet vert, le Dollar Index (DXY) reculant à 96,65, la paire eur/usd à 1,1322 ce matin. Paradoxalement, la faiblesse du greenback est un facteur de soutien des marchés américains d’actions. Alors certes, les esprits chagrins (les shorts, les absents du marché et autres Roubinis) feront remarquer que les indices ne clôturent pas au plus haut du jour, que tout cela sent la fracture de fatigue à plein nez. Oui mais… on enregistre tout de même de nouveaux records historiques à la cloche, et pas des moindres. Apple, Microsoft, Amazon, Facebook et Adobe en font partie. Au registre des indices, c’est aussi la fête, le Nasdaq100 (NDX) poste également un record de tous les temps et est désormais monté 8 séances d’affilées, mieux que les Bulls! On reprend donc les mêmes et on recommence. En mode «record historique», aux côtés du NDX on trouve les réseaux sociaux (SOCL), les valeurs internet (QNET), le cloud (CLOU), les FAANGs (NYFANG) et les valeurs chinoises cotées sur le NYSE (quelle guerre commerciale?). Les biotechs (XBI) sont également à mentionner.

Mais que se passe-t-il donc dans ce marché? Probablement une addition de facteurs qui attirent irrémédiablement les investisseurs vers les actions: les banques centrales sont là, qui veillent et injectent quotidiennement les sacro-saintes liquidités dans le système, à fortes doses. Le future SPX est shorté (vendu à découvert) comme rarement, la hausse des indices force les shorts à se couvrir progressivement, ce qui entretient… la hausse. Les intervenants parient probablement sur un redémarrage de l’économie en V, ils sont sensibles à la guerre commerciale (on l’a remarqué dans la nuit de lundi à mardi) mais semblent se désolidariser de Donald Trump. Depuis quelques semaines, le marché ne prend plus ombrage du glissement de ce dernier dans les sondages de l’élection présidentielle (Joe Biden a désormais 9,8 points d’avance selon Realclearpolitics.com). Et puis il faut garder en tête le fameux TINA (There Is No Alternative… but stocks). Aujourd’hui si l’on achète un bon du trésor des Etats-Unis à 10 ans, on obtient un rendement annuel de 0,71%. De son côté, le SPX, malgré sa récente hausse, offre un rendement de son dividende de 1,93%. Et je ne vous parle pas de l’Eurostoxx qui paie 2,78% ou encore du SMI qui est presque à 3%. Le positionnement de bon nombre d’investisseurs institutionnels reste timide quand il s’agit d’actions et, selon le Wall Street Journal, une montagne de cash reste disponible dans ce marché. N’en jetez plus! Au vu de ce qui précède, l’équation du jour est simple: TINA + FOMO (Fear Of Missing Out) = BULLs. Bien évidemment le marché semble cher, le SPX s’approche doucement d’un état suracheté, le NDX a traité 20% au-dessus de sa moyenne mobile à 200 jours à un moment de la journée d’hier, le ratio put/call est au plus bas, le SOX (semi-conducteurs) a boudé quelque peu la fête d’hier et Fitch indique prévoir une chute des livraisons de smartphones de 15-17% avec une reprise attendue pas avant 2021. Les esprits chagrins vous diront que la saison des résultats de sociétés au deuxième trimestre débute bientôt et forcera le marché à un reality check. Certains intervenants restent d’ailleurs prudents, qui achètent de l’or. Le métal jaune poursuit sa cassure à la hausse en mode «slow motion». L’once traite à 1772 dollars ce matin et regarde désormais vers les 1800 dollars. Si elle casse ce niveau, ensuite 1920 sera à nouveau mentionné par les chartistes. Et à propos de l’or, CLSA remet sur la table le thème de l’inflation ce matin, invoquant le très grand nombre de nouvelles émissions obligataires.

Reparlons un peu des monnaies. Le Dollar Index (DXY) est sur le point de créer une Death Cross (la moyenne mobile à 50 jours croise la 200 jours à la baisse), ce qui constitue un signal technique baissier. Déjà peu en forme, le billet vert risque donc de souffrir encore un peu. Et en parallèle, l’euro se porte bien, les indicateurs PMIs d’hier ont tranché avec ceux publiés aux Etats-Unis, l’Europe relève la tête, sujet à suivre de près donc.

Quatre ans et toutes ses dents! Happy Birthday Brexit! Déjà quatre ans que les Anglais ont décidé de divorcer du vieux continent et le pataquès subsiste, un vrais chenis. L'indice FTSE 100 de Londres n’avait baissé que de 3,2% le jour du résultat du référendum. Il est depuis à la traîne de tous les principaux indices boursiers en dollars américains. Les inquiétudes persistantes concernant le processus de Brexit et la pandémie ne faiblissent pas alors que le pays est confronté à la plus grave récession depuis au moins un siècle. Dans ce contexte, la paire GBP/USD traite à 1,2515, elle rebondit doucement et regarde 1,2693, le niveau de la moyenne mobile à 200 jours, qu’elle a déjà testé trois fois récemment. La quatrième sera-t-elle la bonne?

Larry Kudlow réitère que l'accord commercial avec la Chine est intact et ajoute que des rabais fiscaux sont sur la table et qu'il n'y aura absolument pas de deuxième verrouillage national (et prévoit à nouveau un boom en forme de V de l'économie). Le secrétaire au Trésor Mnuchin ajoute que «nous avons beaucoup de liquidités et le coût de la dette est très faible, qu'un autre projet de loi de relance pourrait être adopté d'ici juillet et que les Etats-Unis pourraient sortir de la récession d'ici la fin de l'année». Selon M. Bullard de la Fed, «la pandémie ne s'est pas avérée aussi grave qu'on le craignait au départ».

Au menu du jour: le rapport du DoE sur les stocks de pétrole brut, les discours de Messieurs Evans et Bullard de la Fed, la publication par le FMI de nouvelles projections de croissance économique pour 2020, l’indice des prix de l'immobilier de la FHFA aux États-Unis, les prévisions IFO en Allemagne et la confiance des industriels en France.

L'incapacité des États-Unis à contenir l'épidémie pourrait signifier que les Américains - comme les Brésiliens et les Russes - seront interdits d'entrée dans l'UE lorsque le bloc rouvrira ses frontières le 1er juillet, rapporte le New York Times. Les dirigeants européens débattent de deux listes possibles de visiteurs acceptables en fonction de la situation des pays. Les deux listes incluent la Chine. Une décision finale est attendue au début de la semaine prochaine. Boris Johnson annonce que le mois de juillet verra une levée spectaculaire du verrouillage de la Grande-Bretagne.

Dans un discours prononcé en Arizona, Donald Trump se range carrément du côté des forces de l'ordre, abandonnant toute sympathie pour les personnes qui protestent contre la brutalité policière, ou ses victimes. Il ne mentionne pas le nom de George Floyd et critique les libéraux pour ne pas avoir protesté contre les taux d'homicides dans les grandes villes, déclarant que «leur mouvement est basé sur la haine». Donald Trump parle à sa base, il glisse chaque jour un peu plus dans les sondages nationaux et doit impérativement conserver le vote des cols bleus.

L'entreprise de thé d'Unilever, y compris la marque centenaire Lipton, pourrait être vendue pour 5 milliards de livres et attirer les offres de firmes telles KKR ou Cinven.. Parmi les autres prétendants potentiels figurent Advent, Bain, Blackstone, Jacobs et Clayton Dubilier & Rice. Amazon tente de s’acheter une réputation et crée the Climate Pledge Fund, un fonds de 2 milliards de dollars dédié à la transition énergétique. Le CEO de Wirecard est libéré sous caution. Dell serait en train d'examiner ses options pour monétiser sa participation de 81% dans VMWare. Les actions T-Mobile US placées par Softbank seraient vendues à 103 dollars pièce. Standard & Poor's dégrade la dette de Carnival en catégorie spéculative. Dufry va lancer un vaste plan d'économies. Le titre est indiqué en hausse de plus de 3% à l’ouverture.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,07% à la cloche. Hong Kong rend 0,18%, Shanghai gagne 0,15% et Séoul progresse de 1,57%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe est indiquée en recul de 0,4%.

A lire aussi...