Gonet: l'actualité des marchés au 8 juillet

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -0,86%, Dow -1,51%, S&P -1,08%, Russell -1,86%, SOX -1,32%, Eurostoxx -0,85%, SMI -0,44%.

Wall Street rend une grande partie des gains enregistrés lundi. Les indices passent la majeure partie de la séance à consolider les bénéfices de la veille et c’est dans la dernière heure de trading que la pression vendeuse effectue son retour. Le marché est actuellement orphelin de nouvelles majeures. On sait que la nature a horreur du vide, pas de statistiques économiques à se mettre sous la dent hier, pas encore de résultats de sociétés (la saison débute un peu plus tard ce mois) et pas vraiment de nouvelles nouvelles venant du virus, si ce n’est que ce dernier reste très virulent aux Etats-Unis. On ne peut imputer la baisse d’hier qu’aux annonces que la pandémie continue de croître, notamment au Texas et en Floride, tout un chacun sait cela depuis quelques temps déjà. Le vice-président de la Fed, Richard Clarida, indique que la trajectoire de la croissance économique des Etats-Unis dépendra de l’évolution du virus, que la Fed peut faire encore plus avec son bilan et que le scénario de récession à double creux (W, double dip) n’est pas le scénario de base de la Réserve Fédérale. Ici encore, rien de vraiment nouveau pour les intervenants. Il se murmure que l’administration Trump chercherait à faire adopter un plan de relance d’un trillion de dollars d’ici le mois d’août. C’est potentiellement une bonne et une mauvaise nouvelle pour le marché, qui sait que les démocrates ont adopté un plan de relance de 3 trillions à la Chambre, petite déception du coup?

Non, hier relève probablement de la simple prise de profits. Les intervenants ont conscience que le niveau actuel des indices implique que l’économie doit repartir un jour. Or, le virus continue de polluer la visibilité des économistes et le marché déteste l’incertitude. L’indice Nasdaq100 (NDX) traite à près de 22% de prime par rapport à sa moyenne mobile à 200 jours, c’est vraiment très haut tout ça. Le Dow Jones ne parvient pas à se maintenir au-dessus des 26'000 points et semble capé par sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 26'243 points. Le Russell2000 (RTY) traine la patte, on recherche les titres de momentum au détriment de ceux de valeur. Au chapitre des secteurs, le podium des perdants du jour se compose de l’énergie, des financières et des industrielles. La volatilité rebondit de 5%, l’indice VIX (volatilité du SPX) revenant tout près du niveau de 30 points. Les volumes d’échanges sont estivaux avec un peu plus de 10 milliards de titres échangés sur le NYSE (New York Stock Exchange).Les compagnies aériennes se remettent à piquer du nez après que United a annoncé que les réservations pour les mois à venir ont commencé à ralentir, les nouvelles quarantaines font déjà leur effet. Chez les croisiéristes ont fait également grise mine, Carnival chute de 6.7%, la firme a annulé une série de croisières planifiées initialement au quatrième trimestre de 2020.

En l’absence de flux de nouvelles, le marché écoute les stratèges et autres banquiers centraux. Selon Jefferies, l'économie américaine est en perte de vitesse et une reprise économique en forme de V est loin d'être acquise. JP Morgan commente les  récentes surprises macroéconomiques à la hausse et pense que les statistiques de juillet pourraient montrer une rupture de cette dynamique. Citigroup indique avoir constaté une baisse de 39,6% du trafic dans les magasins la semaine dernière, un ralentissement par rapport à la semaine précédente. Cowen annonce également que le trafic de détail aux États-Unis a diminué de 51,7% en glissement annuel au cours de la semaine qui s'est terminée le 3 juillet, malgré la période précédant les vacances du 4 juillet. Loretta Mester, patronne de la Fed de Cleveland, déclare que la résurgence du virus rend les gens plus prudents et que l'activité économique se stabilise - faisant écho aux commentaires de Raphael Bostick de lundi, le boss de la Fed d’Atlanta ayant déclaré que la reprise américaine se stabilise, mais que l'activité pourrait être affectée par la récente montée du virus. De son côté Blackrock réduit les actions américaines à neutre. En outre, les gros titres sur la Chine n’aident pas, avec les États-Unis qui envisagent de restreindre les applications chinoises de médias sociaux, dont TikTok (selon Fox News). SNAP en hausse de 6%...CNBC indique par ailleurs que les retards de paiement des prêts hypothécaires commerciaux aux États-Unis ont atteint un taux mensuel record en juin.

L’or en profite. Le future échéant en août traite à 1806 dollars par once ce matin alors que, sur la partie spot, on en est à 1794 dollars. Lorsque le niveau de 1800 sera cassé, le marché regardera 1920 dollars. Le dollar reste faible, la paire eur/usd traite à 1,1277 en ce moment. On vient par ailleurs se réfugier quelque peu dans le bons du Trésor américain, le rendement du 10 ans US recule à 0,64%. Le pétrole se maintient légèrement au-dessus des 40 dollars le baril de WTI Light Crude.

D'après le Département américain au Travail, les ouvertures de postes aux USA pour le mois de mai 2020 se sont établies au nombre de 5,397 millions d'unités, contre un consensus de 4,9 millions et un niveau révisé à 4,996 millions pour le mois antérieur.

On prend probablement lentement conscience dans les salles de marchés que ce satané virus n’est pas prêt de nous fausser compagnie. L’euphorie peut rapidement céder la place à la circonspection, voire la peur. Cela dit, les prochaines séances pourraient ressembler à de la consolidation horizontale car très peu de statistiques économiques sont en vue avant quelques jours. Et gardons toujours en tête que les banques centrales sont là, qui veillent avec leur gros robinet bien ouvert…

Moderna (MRNA +3,28%) Des tensions auraient vu le jour entre le laboratoire, engagé avec l'aide de l'Etat fédéral dans le développement d'un vaccin contre le Covid-19, et des scientifiques représentant les autorités, selon l’agence Reuters. Regeneron (REGN +2,17%) a signé un contrat de 450 millions de dollars avec le gouvernement américain pour développer un cocktail d'anticorps contre le Covid-19. 450 millions de dollars, c’est quasiment le montant de la contribution annuelle des Etats-Unis à l’OMS, soit 15% du budget de cette dernière. Ce petit aparté pour vous dire, si vous ne l’avez pas déjà lu, que Donald Trump vient d’annoncer la sortie des USA de l’OMS d’ici un an. Le président des Etats-Unis isole son pays un peu plus encore et le timing de cette décision est parfaitement mauvais, selon de nombreux scientifiques. Tesla (TSLA +1,33%) monte encore après son rallye spectaculaire de mardi, approchant des 1390 dollars par titre. Walt Disney (DIS -0,70%) maintient à samedi la réouverture programmée de Disney World, à Orlando, malgré une flambée des nouveaux cas de contamination au coronavirus constatée en Floride, avec plus de 10’000 cas quotidiens à trois reprises la semaine passée. Espérons que Disney ne se trump pas… Tous les secteurs ne vivent pas la crise du virus de la même manière. Levi Strauss annonce qu’il va licencier 15% de ses effectifs de bureau alors qu’Interactive Brokers va ouvrir un bureau à Singapour. Deutsche Post publie un bénéfice d’exploitation trimestriel en hausse de 16% et va verser une prime de 300 euros à chacun de ses 500’000 salariés pour récompenser leurs efforts consentis ces derniers mois.

Au menu du jour: le rapport du département américain de l’énergie sur les inventaires de pétrole brut, le président Donald Trump reçoit le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, le britannique Sunak s'exprime, les ventes au détail au Brésil, le chômage en Suisse (sorti à 3,2% en juin contre des attentes à 3,4% et un mois de mai à 3,4%), le sentiment industriel en France et le PIB en Norvège.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé avec Tokyo qui recule de 0,78% à la cloche, Hong Kong qui rend 0,13%, Shanghai qui progresse de 1,03% et Séoul qui glisse de 0,24%. Le future SPX progresse de 5 points et l’Europe est indiquée en retrait d’un peu plus de 1%.

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