Gonet: l'actualité des marchés au 7 octobre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq -1,57%, Dow -1,34%, S&P -1,4%, Russell -0,30%, SOX -0,63%, Eurostoxx +0,41%, SMI -0,68%.

Wall Street passe une belle journée mais se prend les pieds dans le tapis un peu avant 21h, après l’annonce par Donald Trump qu’il met fin aux négociations sur un nouveau plan de soutien budgétaire à l’économie américaine, négociations qu’il reporte après l’élection présidentielle du 3 novembre. Nul ne sait si cette décision fait partie des effets secondaires du Covid-19 mais les marchés ne goûtent que très peu cela et chutent de 2% d’un coup. Dans ce contexte, le seul secteur à garder la tête hors de l’eau à la cloche est celui des utilitaires alors que, du côté obscur de la cote, on retrouve les valeurs de la consommation et les technologiques. Les volumes d’échanges augmentent considérablement dans la dernière heure de trading et la volatilité ne se fait pas prier pour repartir vers le nord, l’indice VIX en hausse de 5,4% à 29,48. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans reste à 0,75%, on ne se rue donc pas (encore) dans cette valeur refuge par excellence. En revanche le dollar retrouve des afficionados et revient à 1,1755 contre l’euro, ce qui pénalise l’or, l’once repassant en-dessous des 1900 dollars et traitant actuellement à 1890 dollars. Le pétrole recule à 40,25 dollars le baril de WTI Light Crude.

Au registre de l’analyse technique, le Dow Jones et le Russell2000 (RTY) parviennent à se maintenir au-dessus de leur moyenne mobile à 50 jours, ce qui n’est pas le cas du S&P500 (SPX) et du Nasdaq100 (NDX). Le SPX semble enfermé entre ses moyennes mobiles à 50 et 100 jours, cette dernière se situant à 3239 points (3360 en clôture). Pour sa part, le Dow Jones atteint la configuration de «buy exhaustion» hier.

Les marchés s'inquiètent encore davantage de la santé de l'économie américaine que de celle du président. Pour les milieux financiers, la priorité est de parvenir rapidement à un nouveau plan de soutien, qui puisse être voté par le Congrès avant les élections du 3 novembre (présidentielle, mais aussi renouvellement de 100% de la Chambre et d'un tiers du Sénat). Hier soir Donald Trump annonce donc le rejet des propositions de la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui négociait depuis 8 jours avec le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, en vue de parvenir à un accord bipartisan. La question d'un plan de relance est reportée après les élections. «J'ai demandé à mes représentants de cesser de négocier jusqu'à après l'élection, et dès que j'aurai gagné, je ferai passer un vaste plan de soutien qui sera centré sur les Américains qui travaillent dur et les petites entreprises», s’exclame Donald Trump.

De son côté, Jerome Powell appelle le Congrès US à «faire trop» plutôt que «trop peu»! Quelques heures avant l’intervention de Donald Trump, le patron de la Fed, insiste sur les risques pesant sur le reprise. Dans un discours devant l'assemblée de la NABE (National Association for Business Economics), réunie virtuellement, il estime que la reprise de l'économie américaine est «loin d'être achevée», ajoutant que la dynamique risque de s'inverser «si le coronavirus n'est pas maîtrisé et si la croissance n'est pas soutenue».

Le rapport parlementaire américain sur le comportement des géants de la technologie Alphabet, Apple, Amazon et Facebook montre d'importants abus de position dominante et compare ses ex-start-ups aux barons du pétrole et aux magnats des chemins de fer de l’époque. Apple organise un événement le 13 octobre, au cours duquel il devrait présenter sa nouvelle famille d'iPhone. La FDA demande deux mois de données fiables avant d'accorder une autorisation de mise sur le marché en urgence de vaccins Covid-19, ce qui ne changera pas l'ordre théorique d'arrivée des données, avec le duo Pfizer / BioNTech d'ici la fin du mois, avant Moderna rapidement après. GlaxoSmithKline et Vir Biotechnology portent leur traitement Covid-19 en phase III. Continental réfléchit à la cession de certains de ses divisions automobiles, dont Vitesco Technologies et Contitech. Levi Strauss bondit de plus de 10% hors séance après la publication de ses trimestriels. Facebook interdit tous les groupes liés au mouvement complotiste QAnon. Boeing lance un avertissement sur ses ventes du Jetliner, le titre recule de 7% dans le marché après-bourse. GE glisse de 3,7% en soirée après avoir été avertie qu'elle risquait d'être confrontée à des allégations de la SEC liées à une enquête comptable précédemment divulguée sur une ancienne entreprise d'assurance.

Donald Trump semble aux abois. Non content de suspendre les négociations sur un nouveau plan de soutien budgétaire à l’économie des Etats-Unis, le président américain annonce n’avoir plus aucun symptôme du Covid-19 ce qui laisse songeur. Et ce n’est pas tout, dans un tweet enflammé, Donald Trump déclare que «la saison de la grippe approche! Chaque année, de nombreuses personnes, parfois plus de 100'000, et malgré le vaccin, meurent de la grippe. Allons-nous fermer notre pays? Non, nous avons appris à vivre avec, tout comme nous apprenons à vivre avec le covid, qui est dans la plupart des populations beaucoup moins mortel!». Sauf que l’affirmation ne passe pas du tout sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le message est désormais masqué par défaut avec la mention «ce tweet a enfreint les règles de Twitter sur la diffusion d’informations trompeuses et potentiellement nuisibles liées au covid-19. Cependant, Twitter a déterminé qu’il pourrait être dans l’intérêt du public que le Tweet reste accessible». Sur Facebook, la modération n’est en aucun cas modérée, le message de Trump y est carrément effacé. Le président des Etats-Unis semble donc aux abois, il glisse chaque jour un peu plus dans les sondages, le dernier de CNN donnant 16 points d’avance à Joe Biden, qui ne manque pas de malice, l’ancien vice-président des Etats-Unis indiquant qu’il ne veut pas du débat du 15 octobre si Donald Trump est encore malade, ce qui va forcer ce dernier à se faire tester juste avant et mettre en lumière une fois de plus sa mauvaise gestion du virus.

Aujourd’hui, les investisseurs s'intéresseront surtout à la production industrielle allemande puis aux stocks pétroliers hebdomadaires aux Etats-Unis (16h30), pour patienter jusqu'à 20h00 et la publication des minutes de la dernière réunion de la Fed. Le vice-Président Mike Pence et Kamala Harris, la colistière du démocrate Joe Biden s’affrontent cette nuit devant les caméras de télévision, en direct de Salt Lake City, dans l’ouest des États-Unis. Jamais un débat entre candidats à la vice-Présidence n’aura été scruté avec autant de curiosité car il pourrait être le dernier débat de la campagne, rappelons que Donald Trump n’est pas encore sorti d’affaires, quoi qu’il en dise.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent globalement en hausse. Tokyo recule de 0,05% à la cloche, Hong Kong progresse de 0,95%, Shanghai est toujours fermée et Séoul gagne 0,89%. Le future SPX avance de 15 points et l’Europe est indiquée en léger repli à l’ouverture.

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