Gonet: l'actualité des marchés au 4 mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

3 minutes de lecture

Nasdaq -2,7%, Dow -0,39%, SPX -1,31%, Russell -1,06%, SOX -3,1%, Eurostoxx +0,14%, SMI -0,42%.

Wall Street punit nerveusement le secteur technologique, obnubilée par les rendements obligataires. Le 10 ans US remonte légèrement, à 1.46%, ce qui n’est pas si agressif que cela au vu des mouvements récents, et la chasse aux sorcières recommence avec, en «vedette» les FAANGs. Apple, Microsoft, Amazon, Tesla et Alphabet perdant entre 2,5% et 5% alors que Facebook limite la casse. Les indices sont bourrés de ces valeurs, surtout le Nasdaq100 (NDX), dans lequel elles pèsent 44% et, dans une moindre mesure le S&P500 (SPX) avec 22,5% de pondération. Dans le Dow Jones c’est seulement 7,5%, les performances respectives de ces indices hier reflètent donc fidèlement le poids des FAANGs. Hier on ne fait pas dans la dentelle, on vend la technologie et on réfléchira plus tard. Prenez Apple, Facebook et Alphabet, ces trois valeurs ne sont pas si chères que cela, elles font simplement partie du mauvais secteur, tant que le marché n’aura pas accepté que les taux remontent lorsque l’économie est sur le point d’aller mieux. Notons au passage que ce désamour pour les actions technologiques profite aux marchés d’actions européens, qui en sont fort dépourvus.

On observe pas mal de nervosité dans les salles de marchés, la volatilité remonte de 11%, le VIX à 26,67 et près de 1 milliard de dollars apparaissent en intérêts vendeurs dans les dix dernières minutes de trading. Au registre des secteurs, c’est binaire, prenez la technologie, vendez-la et achetez ce qui a souffert ces derniers trimestres soit l’énergie, les financières et les industrielles. En d’autres mots, au diable le momentum, vive le value ! pour combien de temps?

Le rendement du 10 ans US reste soutenu et ce malgré le rapport ADP sur l’emploi, qui ressort en-dessous des attentes hier. Certes, le chiffre précédent est révisé à la hausse mais la différence de vue entre le marché et la Fed devient presque gênante. Jerome Powell et ses collègues ne cessent de marteler que la hausse des taux n’est pas pour demain, le marché les contredit chaque jour un peu plus. Hier ne fait pas exception, avec le Move Index et le 5 year Breakeven qui montent tous deux, confirmant une fois encore que les intervenants s’attendent à des taux en hausse. Il n’est donc pas étonnant que la spéculation monte que la Fed pourrait relancer l’opération «Twist», dans le but de prendre le contrôle de la courbe des taux, à suivre de très près. Dans ce contexte, soyez devant vos écrans à 16 heures, Jerome Powell donne un discours, qui sera une fois encore écouté fort attentivement par la communauté financière.

Les taux souverains remontent donc un peu partout (Etats-Unis: +7 pb à 1,46%; Allemagne: +6 pb à -0,29%; France: +7 pb à -0,05%; pour les échéances à 10 ans. Les iTraxx se montrent résistants face à ce mouvement (seulement +2 pb pour le Crossover, à 251 pb), contrairement au cours de l’or (1719 dollars par once). Du côté des monnaies c’est assez calme, même si le franc suisse reste sous pression (-0,2% face à l’euro) et se rapproche de nouveau du seuil de 1 € = 1,11 CHF. Ce nouveau rebond des taux fait notamment suite aux déclarations à contre-courant de Jens Weidmann, président de la Bundesbank, qui affirme que la récente hausse n’est pas particulièrement inquiétante. Ces propos rejoignent ceux d’autres membres officiels de la BCE plus tôt dans la journée, qui ne considèrent pas qu’une réaction drastique est nécessaire à ce stade.

Ces mouvements restent cependant en anticipation d’un rebond de l’économie qui ne devrait se produire que plus tard dans l’année, comme le rappellent les statistiques américaines du jour. Alors que les discussions sur le plan de relance s’ouvrent au Sénat, le marché du travail reste très dégradé, avec une baisse sensible des créations d’emploi selon l’enquête ADP (117 k emplois crées en février vs 177 k attendus et 195 k en janvier), tandis que l’indicateur d’activité ISM non manufacturier a surpris à la baisse (55,3 en février vs 58,7 en janvier). Mentionnons que ces chiffres doivent cependant être nuancés par la vague de froid qui a touché le pays le mois dernier.

L'OPEP+ se réunit aujourd'hui pour discuter de la production, sans que l'on sache clairement quelle sera la quantité d'approvisionnement que le cartel va rétablir sur un marché qui se resserre rapidement. L'Arabie Saoudite et la Russie ont tenu des discussions pour trouver un terrain d'entente sur la production, alors que Riyadh appelle à la prudence mais que Moscou cherche à augmenter l'offre, selon un délégué. Le baril de WTI Light Crude traite à 61,90 dollars ce matin.

Angela Merkel cède à la pression de l'opinion publique en présentant des plans de réouverture de l'économie allemande. Après la reprise des salons de coiffure cette semaine, les librairies, les fleuristes et les centres de jardinage sont prêts à reprendre leurs activités à partir de lundi. D'autres assouplissements peuvent suivre toutes les deux semaines, mais toute flambée déclenchera un freinage d'urgence. Les fermetures d'hôtels, de restaurants et de certains autres points de vente au détail sont prolongées jusqu'au 28 mars, la prochaine série de discussions avec les responsables régionaux étant prévue pour le 22 mars.

Les infections virales à Londres sont en augmentation alors que le taux de déclin national ralentit. Le Monténégro a réduit les voyages interurbains et suspendu les services non essentiels pour éviter un blocage complet. Les inoculations quotidiennes aux États-Unis ont dépassé les 2 millions, et le Covaxin de l'Inde fournit une forte protection, selon une analyse provisoire d'un essai avancé.

Le taux de chômage et les ventes de détail de la zone euro seront présentés à 11h00, avant une batterie de statistiques américaines: l'étude Challenger sur les licenciements (13h30), les inscriptions hebdomadaires au chômage (14h30) et les commandes de biens durables (16h00).

Les pertes de Lufthansa seront encore lourdes cette année, mais moins que le déficit d'Ebit de 5,45 milliards d’euros enregistré en 2020. Les résultats et les prévisions de Snowflake dépassent les attentes, mais pas assez pour empêcher le titre de perdre plus de 8% après la clôture. Siemens Energy va remplacer Beiersdorf dans le Dax. Renishaw et The Weir Group vont remplacer Pennon et Wm Morrison dans le FTSE 100. Credit Suisse veut rembourser les investisseurs pénalisés par le gel des fonds Greensill. Plusieurs usines de General Motors seront fermées jusqu'en avril à cause de la pénurie de semiconducteurs. Selon le Wall Street Journal, Amazon négocie l'exclusivité d'un grand nombre de matchs de NFL sur Amazon Prime. Walt Disney va fermer une soixantaine de magasins en Amérique du Nord. Bharat Biotech revendique une efficacité de 81% pour son vaccin covid. Muddy Waters annonce qu'il est vendeur sur l'action XL Fleet Corp. La justice allemande annonce qu'elle va s'emparer du cas Greensill.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent tous dans le rouge. Tokyo recule de 2,13% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,96%, Shanghai perd 2,05% et Séoul recule de 1,28%. Le future SPX recule de 7 points et l’Europe va ouvrir en repli de 0,6%. Les taux obligataires mènent le bal.

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