Et voilà, il l’a fait! Jerome Powell a franchi le Rubicon monétaire vendredi en confirmant que «le temps est venu pour la politique monétaire de la Fed de s’adapter». Le fameux et tant espéré pivot est enfin atteint, la Réserve Fédérale des Etats-Unis va démarrer un nouveau cycle, désormais de baisses de taux, avec tout ce que cela implique pour les consommateurs et les entreprises américaines et, par ricochet, l’économie mondiale. Le premier banquier du monde confirme vendredi que les baisses de taux vont commencer dès la réunion du 18 septembre, il laisse même la porte ouverte à 50 points de base d’un coup, cela dépendra des statistiques macro-économiques d’ici là. Le marché apprécie beaucoup le discours, j’y reviens, on notera surtout qu’Uncle Jay est moins faucon que bon nombre d’intervenants ne craignaient, il se permet même une blague (jamais auparavant je n’avais entendu un banquier central s’y autoriser), se moquant de lui-même pour son « analyse foireuse sur l’inflation transitoire » post covid, qui avait forcé la Fed à agressivement monter ses taux ensuite, envoyant Wall Street au tapis de mars à octobre 2022.
Wall Street ne boude pas son plaisir, les indices terminent leur séance proches du plus haut du jour, le breadth est positif à raison de 4 contre 1 sur le S&P500 (SPX), côté secteurs tout le monde participe à la fête avec, sur le podium du jour l’immobilier, la consommation discrétionnaire et la tech, logique dans un contexte de baisses de taux imminentes. En queue de peloton on retrouve les biens de consommation de base et les utilities, des secteurs refuges par excellence, l’appétit au risque règne sans partage sur les parquets de trading vendredi. Les petites capitalisations surperforment les grandes et de loin, le Russell2000 (RTY) décollant de plus de 3% sur la journée, là encore les taux amenés à reculer vont permettre à ces firmes de se refinancer à meilleur compte, elles qui en ont souvent besoin. Bien évidemment, la question qui brûle toutes les lèvres ce matin est de savoir si le marché a les épaules suffisamment solides pour poursuivre son ascension vers de nouveaux sommets. Il est probable que les intervenants se concentrent désormais sur la croissance, l’inflation semble être déjà rangée dans le tiroir des éléments du passé. Mercredi soir qui vient Nvidia publiera ses trimestriels, ce sera l’occasion d’un premier test pour les taureaux, on marquera aussi notre agenda d’une croix à la date du 6 septembre, jour de publication du rapport mensuel sur l’emploi américain au mois d’août, la Fed annonçant sa décision sur les taux 12 jours plus tard. En l’état, les Fed Funds prévoient 25 points de base de baisse à chaque réunion de cette année, il en reste trois, sans pour autant fermer la porte à 50 points de base.
L’indice S&P500 (SPX) clôture 33 points en-dessous de son record historique, le Nasdaq100 (NDX) a toujours un gap à combler à 20’266 points, il termine à 19’720 pts vendredi. Le Russell2000 (RTY) accélère à la hausse, il termine la journée à 2218 points et voit sa prochaine résistance à 2300 pts. En Europe le Stoxx Europe 600 (SXXP) confirme la cassure de ses moyennes mobiles à 50 et 100 jours, il clôture à 518.13 pts et peut envisager de tester 525 pts rapidement. Le SMI helvétique suit le mouvement, sa prochaine résistance se situe à 12’434 pts, niveau actuel 12338 pts, s’il la casse ensuite il y aura un très gros morceau à digérer dans la zone 12’690 – 12’710 points (top du canal haussier entamé en octobre 2023). Sur le front de la volatilité, cela se calme significativement, le VIX perd 9.5% vendredi, il se pose à 15.86 tout en cassant sa 50 jours et voit son prochain support à 15.10, c’est par là que passe sa 100 jours. Le ratio put/call se ratatine à 0.55, le volume de trading en options puts fond comme neige au soleil, ce qui indique un marché de plus en plus complaisant.
Le dollar n’en mène pas large, des taux en baisse ça ne lui plait guère, ce d’autant que la BCE semble moins pressée que la Fed pour démarrer son propre cycle de coupes de taux. Le DXY traite ce matin à 100.69, son prochain support se situe à 100,61 (le bas de la séance du 28 décembre), s’il le casse ensuite ce sera 100 pour la forme mais surtout 99,57, le bas de la journée du 14 juillet 2023. La paire eur/usd a déjà cassé une résistance importante la semaine passée (1,1139), ce matin elle évolue à 1,1178, elle est surachetée mais ne semble pas en souffrir, sa prochaine résistance est à 1,1276, c’est le top de la séance du 18 juillet 2023.
Israël a lancé une attaque préventive impliquant 100 avions de guerre contre le Hezbollah au Liban et a déclaré un état d’urgence de 48 heures. Le Hezbollah a réagi en tirant plus de 200 projectiles. Jake Sullivan déclare qu’il espère que cette escalade ne conduira pas à une guerre régionale. Les pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza se poursuivront au Caire, rapporte l’AP.
L’argent afflue dans la campagne de Kamala Harris. La candidate démocrate a collecté quatre fois plus d’argent que Donald Trump en juillet. L’ancien président est en train de préparer sa riposte médiatique après une passe favorable aux démocrates.
En France, toujours pas de nouveau gouvernement ni de premier ministre. Emmanuel Macron consulte les partis et semble de plus en plus jouer la montre, il pourrait s’exprimer ce soir alors que la pression monte pour qu’il se décide à nommer une ou un nouveau premier(e) ministre.
Au menu macro-économique du jour, en Allemagne, l’indice IFO de confiance des affaires est attendu à 10h00. Plus tard, aux Etats-Unis, les commandes de biens durables seront annoncées à (14h30).
Chez Nestlé, Laurent Freixe «n’est pas une solution de transition», affirme le président Paul Bulcke. Barry Callebaut a interrompu ses activités dans l’une de ses usines au Mexique après que des tests eurent révélé que la production sur ce site ne répondait pas aux normes de qualité de l’entreprise. Johnson & Johnson négocie avec les avocats des plaignants qui se sont opposés au règlement de 6,5 milliards de dollars sur les allégations de propriété cancérigène du talc pour bébé. Apple prévoit de présenter ses nouveaux iPhones, AirPods et montres le 10 septembre, selon Bloomberg News. SpaceX ramènera sur terre les deux astronautes après la défaillance du vaisseau Starliner de Boeing, indique la Nasa. Un médicament d’Eli Lilly contre la maladie d’Alzheimer ne pourra plus être utilisé par le NHS au Royaume-Uni, selon The Telegraph.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo souffre du rebond du yen et rend 0,66% à la cloche, Hong Kong gagne 1,12%, Shanghai traite autour de l’équilibre, Séoul rend 0,14% et le Nifty50 prend 0,78%. Le future SPX grappille quelques points et l’Europe ouvre en léger repli. L’or reste demandé et traite à 2520 dollars l’once, le pétrole a rebondi à 75,48 dollars le baril de WTI Light Crude.
La Bourse de Londres prolonge son weekend ce lundi, l’activité boursière démarre dans le calme.