Gonet: l'actualité des marchés au 23 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -0,75%, S&P 500 -0,68%, Nasdaq -0,42%, Russell 2000 +0,07%, Sox -0,57%, Eurostoxx +0,45%, SMI +0,05%.

Wall Street termine la semaine en baisse, partagée entre les espoirs nés des vaccins anti-Covid, et les divisions politiques aux Etats-Unis, qui pourraient freiner la lutte contre la pandémie. Alors que de nombreux Etats ont dû adopter de nouvelles restrictions sanitaires face à la flambée des cas de Covid-19, les opérateurs doutent des chances de voir adopté rapidement un nouveau plan de soutien budgétaire aux Etats-Unis, et voient d'un mauvais oeil l'annonce par l'administration Trump de l'arrêt de l'autorisation de certains programmes d'achat d'actifs de la Réserve fédérale. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin jette en effet un pavé dans la mare en annonçant mettre fin, dès le 31 décembre, à l'autorisation accordée à la Fed de recourir à certains de ses programmes d'urgence en soutien à l'économie. Les mesures menacées comprennent notamment les programmes d'achats d'obligations d'entreprises, ainsi que les prêts directs aux entreprises et aux collectivités locales américaines. Dans un courrier adressé jeudi soir au président de la Fed, Jerome Powell, Steven Mnuchin réclame la restitution de 455 milliards de dollars alloués au Trésor dans le cadre du plan de soutien (le «CARES Act») voté en mars. Ces fonds devront être mis à la disposition du Congrès afin d'être réemployés, indique le secrétaire au Trésor. Le gouvernement sortant s'oppose ainsi clairement à la banque centrale dans la délicate période de transition entre l'administration de Donald Trump et celle que veut mettre en place le président élu, Joe Biden. La Fed regrette cette décision: dans une interview accordée à Bloomberg. Raphael Bostic, le président de la Fed d'Atlanta et possible secrétaire au Trésor de Joe Biden, juge que «dans l'état dans lequel se trouve l'économie, (...) il est prudent de maintenir ces dispositifs».

Revenons au marché, qui manquait de force depuis quelques sessions on le disait. Et bien les indices passent une séance tranquille en termes de flux de nouvelles mais lâchent prise en toute fin de séance. Les volumes d’échanges reculent à 10.7 milliards de titres traités sur le NYSE (New York Stock Exchange). Au chapitre des secteurs, la technologie et les industrielles tirent la cote vers le bas alors que le seul secteur à terminer la séance la tête hors de l’eau est celui des utilitaires. Vendredi on ne fait pas grande différence entre titres de valeur ou de croissance dans les salles de marché, on réduit simplement quelque peu le risque. La volatilité remonte légèrement, l’indice VIX en progression de 2,5% à 23,70, ce qui reste franchement bas comme niveau. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule à 0,83%, on achète quelque peu de protection alors que le dollar n’y arrive vraiment pas, qui nous indique que le sentiment du marché reste plutôt serein, même si la prudence semble de mise. La paire eur/usd à 1,1870. Le pétrole confirme sa jolie semaine, encouragé par l’espoir que l’OPEP+ repousserait l’augmentation de sa production, prévue en janvier. Le baril de WTI Light Crude à 42,90 dollars ce matin. L’or profite du glissement du billet vert et revient à 1874 dollars par once, après avoir testé son support à 1850 dollars la semaine passée.

Sur la semaine, les principaux indices américains reculent, après avoir posté des records historiques en début de semaine pour certains. Le SPX rend 0,4%, le Nasdaq100 perd 0,2% alors que le Russell2000, des plus petites capitalisations boursières européennes, gagne 2,4%, on se repositionne donc dans les small-caps aux Etats-Unis. En Europe, jolie semaine pour le CAC40 qui progresse de 2,1% alors que le DAX allemand ne gagne que 0,4%. L’Espagne et l’Italie continuent de grignoter leur retard en progressant de 2,6%, respectivement 3,8%. En Suisse, l’indice SMI termine la semaine à l’équilibre.

Pfizer (+1,4%) BioNTech (+9,6%) progressent vendredi après avoir déposé leur demande auprès de la FDA pour une autorisation en urgence de mise sur le marché (EUA) aux Etats-Unis de leur candidat vaccin contre le Covid-19. Le duo avait indiqué mercredi que son candidat vaccin avait atteint finalement une efficacité de 95% et qu'il ne présentait aucun effet secondaire majeur. Le vaccin de Pfizer/BioNTEch ainsi que celui de Moderna (+5,2%) pourraient obtenir la même type d'autorisation dans l'UE courant décembre, indique jeudi soir Ursula von der Leyen, la présidente de la CE. L'UE pourrait débourser plus de 10 milliards de dollars pour s'assurer un approvisionnement de 200 millions de doses des vaccins développés par Pfizer / BioNTech et Curevac, selon l’agence Reuters.

L’hebdomadaire Barron’s propose aux investisseurs de faire leur shopping en-dehors des indices américains d’actions, qui ont surperformé depuis dix ans, en regardant différents titres, dont notre Straumann à nous.

Joe Biden indique qu'il a pris sa décision concernant son (ou sa) futur(e) secrétaire au Trésor, un poste pour lesquels les noms de plusieurs responsables ou ex-responsables de la Fed ont été cités, dont Lael Brainard, Janet Yellen, Raphael Bostic ou encore Roger Ferguson. Le président élu précise qu'il annoncera le nom du (ou de la) futur(e) ministre des Finances autour de Thanksgiving (ce jeudi 26 novembre). Par ailleurs, Joe Biden, qui a fait de la lutte contre le coronavirus la priorité de son début de mandat, assure qu'il n'imposera pas de «confinement national», malgré la recrudescence de la pandémie. «Aucune circonstance ne pourrait justifier à mes yeux un confinement national total. Je pense que cela serait contre-productif», déclare-t-il. «Je n'arrêterai pas l'économie, point. J'arrêterai le virus», poursuit-il, estimant que «chaque région, chaque communauté, peut être différente». Jeudi, les centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) ont exhorté les Américains à ne pas voyager pour les vacances de Thanksgiving, qui sont traditionnellement l'occasion de se retrouver en famille aux Etats-Unis. Pour ceux qui décideraient de voyager malgré tout, les CDC recommandent le port du masque et le respect de la distanciation sociale.

La semaine qui débute verra les investisseurs peser une fois de plus les perspectives prometteuses des vaccins COVID-19 contre une pandémie en pleine expansion aux États-Unis et dans d'autres parties du monde. Le calendrier des résultats comprend les rapports de Best Buy et de Dick's Sporting Goods, tandis que le calendrier des événements d'entreprise ralentit considérablement. La publication des minutes du dernier FOMC devrait attirer plus d'attention que d'habitude avec la Fed. Et cette semaine sera courte, jeudi c’est Thanksgiving aux Etats-Unis, de nombreux traders/investisseurs feront le pont. Et vendredi, probablement au mépris de bon nombre de règles sanitaires, aura lieu le sacro-saint Black Friday…

Boris Johnson annoncera aujourd'hui une augmentation massive des tests de dépistage de virus dans le cadre d'un plan visant à relancer les restrictions à plusieurs niveaux. La France et l'Italie pourraient assouplir leurs mesures avant les vacances de Noël, Emmanuel Macron s’adresse à la nation demain. L'UE est sur le point de conclure un accord avec Moderna. La Russie va bientôt annoncer le prix de son vaccin Spoutnik. Les États-Unis prévoient de commencer les vaccinations dans moins de trois semaines.

Retour des indicateurs PMI aujourd'hui, avec les lectures avancées («flash») de novembre pour les principales économies, dont la France (9h45), l'Allemagne (9h30), la zone euro (10h00) et les Etats-Unis (15h45). Ce matin, Singapour a annoncé une contraction de 5,8% de son PIB au T3 (consensus 5,5%) et vise un rebond de 4 à 6% en 2021.

AstraZeneca annonce une efficacité moyenne de 70% pour son vaccin Covid-19. Zurich Insurance confirme son intérêt pour certaines activités de MetLife dans l'assurance dommages. La FDA approuve le cocktail d'anticorps de Regeneron contre le coronavirus.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong progresse de 0,07%, Shanghai de 1,09% et Séoul de 1,92%. Le future SPX gagne 19 points alors que l’Europe est indiquée en progression de 0,6% à l’ouverture de 9 heures. Le future S&P en hausse ce matin, peut-être après la publication d’une nouvelle étude montrant que les protections contre une réinfection semblent durer au moins huit mois.

Les performances des indices d’actions depuis la fin octobre sont impressionnantes. Près de 20% pour le CAC40, 17,2% pour l’Eurostoxx50, presque 10% pour le SMI et 16% pour le Russell2000 alors que le Nasdaq100 ne progresse «que» de 7,8%. Le compartiment des valeurs dites «value» se redresse nettement avec des voyants qui passent au vert. Une nouvelle administration à Washington, un vaccin pour l'été prochain, de nouvelles mesures d'assouplissement des banques centrales, des aides gouvernementales ainsi que des investissements massifs dans les infrastructures aux Etats-Unis constituent des piliers incitant les investisseurs à la prise de risque. Sur le plan boursier, ce nouveau mois de décembre, souvent synonyme de rallye de fin d'année, s’annonce un mois potentiellement particulier, une cuvée 2020 en quelque sorte.

Bon anniversaire à Angela Merkel qui fête ses 15 ans, 15 ans à la tête de la principale puissance européenne. L’excellent Anthony Bondain nous rappelle à l’occasion que, lorsque Madame Merkel a pris ses fonctions, Instagram et l’iPhone n’existaient pas et Zinedine Zidane jouait encore au foot. «Angela Merkel est à l'origine de plusieurs avancées européennes majeures, malgré une opinion publique et un establishment politique conservateurs. L'économiste d'Unicredit Erik Nielsen cite pêle-mêle ses engagements pour le climat, la façon dont elle a muselé son ministre des finances Wolfgang Schaeuble sur la Grèce, l'accueil massif de réfugiés durant la crise ou plus récemment sa décision déterminante en faveur du plan de soutien européen. La Chancelière allemande n'a pas que des succès à son tableau de chasse, mais son influence, sa capacité d'adaptation lors de moments clefs et sa longévité forcent le respect.»

A lire aussi...