Gonet: l'actualité des marchés au 22 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +0,55%, Dow -0,04%, SPX +0,03%, Russell -0,89%, SOX +1,53%, Eurostoxx -0,16%, SMI -0,30%.

Wall Street clôture sur une note prudente. La séance est marquée par une rotation en faveur des valeurs de croissance, dont les technologiques, au détriment des cycliques. Les marchés espèrent que le plan de relance de Joe Biden sera rapidement adopté par le Congrès. En Europe, la BCE maintient en l’état sa politique monétaire ultra-accommodante et sa patronne Christine Lagarde souligne les risques pesant encore à court terme sur la reprise, tout en jugeant ces risques «moins prononcés» à moyen terme.

Les indices Nasdaq100 (NDX) et S&P500 (SPX) clôturent tous deux à de nouveaux records historiques, le Dow Jones ne tient pas le rythme dans les derniers échanges et le Russell2000 (RTY) fait l’objet de prises de bénéfices. Les forces en présence qui tiennent le marché des actions sont toujours les mêmes avec en tête les politiques ultra accommodantes des banques centrales du monde entier (on parle plus du plan Biden mais ce sont clairement les banques centrales qui tiennent la bourse par la main), le fameux plan Biden donc, les résultats de sociétés américaines au quatrième trimestre (avec une saison qui débute sur les chapeaux de roues) et enfin le vaccin, qui laisse plus d’un sceptique mais revêt une importance probablement déterminante pour la suite des événements (et surtout notre retour à une vie normal diantre!). Les statistiques économiques du jour sont bonnes, j’y reviens, et on constate une fois de plus que les robinhooders sont quasiment aux commandes du navire «Wall Street». Imaginez-vous qu’hier, 50% du volume traité sur le NYSE vient de cette catégorie d’investisseurs, c’est littéralement énorme! Les robinhooders cassent les sacro-saints codes de la finance, remettent en cause nos modèles d’approche des firmes listées, s’amusent en commentant un titre sur Tik Tok notamment toute la sainte journée, laissent leurs émotions dicter leurs transactions et influencent les nôtres au final. Bon, les plus taquins d’entre vous me rappelleront que certains chimpanzés ont régulièrement battu les gourous de Wall Street…

Ceci étant dit, les mouvements se font, quelles que soient les forces derrière eux. Les robinhooders à la barre ou pas, les FAANGs se portent mieux que jamais. Apple gagne 3,7% et atteint un record historique, Alphabet (GOOG) grappille 0,2% et fait de même, Amazon grimpe de 1,3% et Facebook de 2%. Les semi-conducteurs sont portés en clôture par Intel, dont les résultats fuitent peu avant la cloche, l’action décollant de 6%. Ça se gâte ensuite dans le marché après-bourse, j’y reviens plus bas.

Installé depuis mercredi soir à la Maison Blanche, Joe Biden signe depuis son Bureau Ovale de nombreux décrets annulant des décisions prises par son prédécesseur Donald Trump. Les Etats-Unis vont ainsi notamment revenir au sein de l’OMS et de l’accord de Paris sur le climat et cesser la construction du mur qui les sépare du Mexique. L’autorisation de construire l’oléoduc controversé Keystone XL entre le Canada et les Etats-Unis a aussi été annulée, au grand dam d’Ottawa qui soutenait le projet. Joe Biden annonce via le compte Twitter de la présidence (@POTUS: President Of the United States) qu’il s’apprête à signer une dizaine de décrets afin d’accélérer la lutte contre la maladie, pour «étendre les tests, administrer des vaccins et rouvrir en toute sécurité les écoles et les entreprises». Le président est aussi très attendu sur son plan de soutien de 1’900 milliards de dollars qui pourrait avoir du mal à être adopté en l’état par le Sénat, qui est divisé à 50/50 sièges entre Démocrates et Républicains. Selon des informations de presse, certains élus républicains rechigneraient à alourdir davantage le déficit budgétaire, et le plan pourrait devoir être raboté si le président veut obtenir un soutien bipartisan à son projet.

Les derniers indicateurs économiques publiés hier sont plutôt encourageants. Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont diminué légèrement plus qu’attendu la semaine dernière, pour atteindre 900’000 contre 926’000 (révisé) la semaine précédente. Le marché de l’immobilier se porte comme un charme, les départs de chantiers et les permis de construire battent tous deux les attentes des économistes au mois de décembre.

La nouvelle candidate au poste de secrétaire au Trésor Janet Yellen laisse la porte ouverte à des hausses d’impôts pour les riches Américains. Elle va travailler avec les législateurs pour accélérer les changements fiscaux. Madame Yellen rejette les critiques des républicains selon lesquels l’augmentation du taux d’imposition des sociétés à 28%, comme le propose Joe Biden, rendrait les États-Unis moins compétitifs. En outre elle ne se battra pas pour relancer les facilités de prêt de la Fed, progressivement supprimées par son prédécesseur. Un vote du Sénat sur sa confirmation pourrait avoir lieu aujourd’hui.

Le ministre de l’intérieur britannique déclare qu’il est «bien trop tôt» pour envisager un assouplissement des restrictions, ce qui laisse supposer que le blocage pourrait s’éterniser jusqu’à l’été. La France rendra les tests PCR obligatoires pour les voyageurs qui arrivent sur son territoire à partir de dimanche, indique Reuters. Le Portugal cesse les vols en provenance et à destination du Royaume-Uni. Hong Kong verrouille pour la première fois une partie de Kowloon à partir de ce week-end. Singapour envisage d’autres restrictions, annonce le Straits Times.

Les PMI de janvier des principales économies vont tomber tout au long de la journée. Ils seront accompagnés à 16h00 des chiffres de l’immobilier anciens aux États-Unis. Au Japon, les prix à la consommation ont baissé de 1% sur un an en décembre, hors produits frais. La pire déflation constatée dans le pays en 11 ans.

Les résultats trimestriels d’Intel sont supérieurs aux attentes et les prévisions sont plus optimistes que prévu, mais le titre est attaqué hors-séance, en baisse de 4,6% parce que les propos du nouveau CEO laissent penser que le virage vers l’externalisation qu’attendaient les investisseurs ne sera pas aussi rapide que prévu. Par ailleurs, le groupe a été victime d’une cyberattaque visant ses performances financières. Ceci dit, le titre monte de plus de 6% juste avant la clôture, les chiffres du trimestre ayant fuité. La transition d’IBM vers le cloud est encore à parfaire, avec un quatrième trimestre consécutif de baisse des revenus, et des bénéfices en retrait. Le titre pert plus de 7% hors-séance après l’annonce. Chez Siemens, les résultats au premier trimestre du nouvel exercice 2020/2021 sont en amélioration, grâce aux activités dans les logiciels et les automatismes, notamment sur le marché chinois. Kudelski relève ses prévisions, le titre en hausse de 3% dans le pré-marché.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo recule de 0,44% à la cloche, Hong Kong perd 1,58%, Shanghai rend 0,40% et Séoul 0,64%. Le future SPX fait grise mine et abandonne 15 points alors que l’Europe est indiquée en recul de 0,7% à l’ouverture de 9 heures. Le pétrole traite à 52,53 dollars le baril de WTI Light Crude, en léger repli par rapport à hier matin. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans traite à 1,10%, le dollar évolue à 1,2156 contre l’euro et l’or se replie légèrement, à 1859 dollars par once. La volatilité recule encore un peu, le VIX à 21,32. On le constate, rien de bien excitant ne se passe dans ces indicateurs d’appétit (ou d’aversion) au risque. Les principaux indices US sont en hausse sur les 5 dernières séances, on a fêté l’arrivée de Joe Biden au pouvoir, petite ambiance de légère gueule de bois sur les trading floors ce matin…

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