Gonet: l'actualité des marchés au 20 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Nasdaq +1,53%, Dow +0,38%, SPX +0,81%, Russell +1,32%, SOX +3,36%, Eurostoxx -0,20%, SMI -0,11%.

Wall Street écoute du Janet… Yellen et ça passe plutôt bien dans les oreilles des investisseurs, qui apprécient la volonté farouche de l’ancienne patronne de la Fed d’emboîter le pas à son nouveau boss, Joe Biden, qui deviendra officiellement président des Etats-Unis à 18h heure de Genève (attention, Forum débute du coup à 17h55!). Les investisseurs saluent donc la perspective du plan de soutien de 1900 milliards de dollars défendu hier par Janet Yellen, qui estime qu'il faut «frapper fort». La nouvelle secrétaire au Trésor était auditionnée par le Sénat, qui doit entériner sa nomination. «Ni le président élu, ni moi ne proposons ce plan d'aide sans prendre en compte le fardeau de la dette de ce pays. Mais à ce moment précis, avec des taux d'intérêt à des plus bas historiques, la chose la plus intelligente que nous puissions faire est de frapper fort», indique Madame Yellen, qui s'apprête à devenir la première femme secrétaire au Trésor. Elle s’engage par ailleurs à revenir à une position de non-intervention sur le niveau du dollar, contrairement à l'administration Trump, qui avait rompu avec la tradition en commentant régulièrement le niveau du billet vert. «Les Etats-Unis ne chercheront pas à affaiblir leur devise pour obtenir des gains de productivité», ajoute-t-elle. Elle indique aussi clairement qu'elle s'opposera à toute tentative par des pays étrangers de manipuler leurs propres taux de change.

Janet Yellen connait les mots qu’il faut utiliser pour susurrer aux oreilles du marché et ça se voit. Les investisseurs espèrent désormais que le Congrès adoptera rapidement et sans trop de changements le plan de soutien budgétaire de Joe Biden. Au sein du Sénat qui est divisé à 50/50 sièges entre Démocrates et Républicains, des voix pourraient s'élever contre un dérapage des déficits publics et plusieurs sénateurs des deux camps pourraient être tentés de réduire certains volets du plan.

Pour en revenir au marché, les volumes d’échanges sont bons, avec 13,8 milliards de titres traités sur le NYSE. On continue de chasser les «penny stocks», les robinhooders sont toujours là, qui entrent massivement dans les valeurs traitant à moins de 5 dollars. Les valeurs chinoises cotées à Wall Street passent également une fort belle journée, l’ombre de qui vous savez s’estompe à grande vitesse. Au registre des secteurs, le podium des gagnants du jour se compose de l’énergie, des valeurs de la communication et de la technologie. La volatilité recule légèrement, le VIX à 23,24 et, bon an mal an, tous les indices que je suis sont en hausse depuis le début de l’année. La configuration technique est encourageante, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe et rappelez-vous le vieil adage boursier «so goes January, so goes the year». Ok, nous ne sommes certes que le 20 janvier et les gains sont encore suffisamment maigres pour être effacés en une seule séance, mais tout cela ressemble furieusement à ce que nous observons depuis de nombreuses années maintenant et se résume en un acronyme: TINA (There Is No Alternative). Au-delà de la valorisation de certains de ses secteurs, le marché des actions, américaines ou européennes, offre de meilleurs rendements que les autres classes d’actifs. Et gardons en tête que les banquiers centraux des principaux instituts d’émissions ont encore rappelé très récemment qu’ils ne sont pas près de nous sevrer de nos doses quotidiennes de liquidités.

La saison des résultats de sociétés au quatrième trimestre se poursuit aux Etats-Unis. Le consensus du cabinet FactSet table actuellement sur un recul de 6,8% des bénéfices du S&P 500 au quatrième trimestre par rapport au T4 2019, mais l'analyste en chef de FactSet souligne dans une note que les analystes sous-estiment systématiquement les bonnes surprises en matière de bénéfices. Il estime qu'au final, il n'est pas exclu que les bénéfices des 500 plus grandes valeurs américaines renouent avec la croissance au quatrième trimestre 2020, après 3 trimestres de baisse sous le poids de la crise du coronavirus. La hausse récente des indices boursiers à des niveaux records montre cependant que ces anticipations optimistes ont peut-être déjà été intégrées dans les cours des actions, notamment pour la technologie, dont les valorisations se sont quelque peu emballées, si je puis m’exprimer ainsi.

Goldman Sachs (GS -2,26%) recule malgré la publication d'une performance remarquable au quatrième trimestre. Ainsi, le bénéfice trimestriel par action de la banque d'affaires est ressorti à 12,08 dollars contre un consensus de 7,47 dollars. Les revenus ont totalisé quant à eux 11,74 milliards de dollars, contre un peu moins de 10 milliards de consensus. Les revenus de trading ont dépassé les attentes à 4,27 milliards de dollars, en croissance de 23% en glissement annuel. Le bénéfice net applicable aux actionnaires ordinaires est ressorti à 4,36 milliards de dollars contre 1,72 milliard un an plus tôt.

Bank of America (BAC -0,7%) autorise le rachat de 2,9 milliards de dollars de ses propres titres ordinaires d'ici fin mars. La banque de Charlotte annonce par ailleurs un dividende régulier de 18 cents. La banque publie aussi ce mardi ses comptes du quatrième trimestre fiscal. Les revenus trimestriels totalisent 20,1 milliards de dollars contre un consensus de 20,5 milliards. Les revenus de trading se situent à 3,06 milliards, également inférieurs aux attentes. Le bénéfice par action atteint en revanche 59 cents, contre un consensus de 54 cents. Ainsi, la banque bat de 5 cents le consensus de profit, mais rate celui de revenus, alors que l'activité a décroché de plus de 10% en glissement annuel.

Et puis après la cloche hier soir, Netflix publie des chiffres à faire retourner sa veste à un ours. Les résultats font sensation, la société ayant ajouté 8,5 millions d'abonnés pour franchir la barre des 200 millions d'adhésions payantes. Les nouveaux utilisateurs ont dépassé les estimations de 6,1 millions. Le géant du streaming annonce par ailleurs qu'il s'attend à ce que le flux de trésorerie disponible atteigne le point d'équilibre cette année et qu'il est "très proche d'être durablement" positif. Et ça, ça change presque tout dans la psyché d’un analyste. L’action Netflix décolle de 12% dans le marché après-bourse.

Alibaba s’envole de près de 10% à la bourse de Hong-Kong, on a retrouvé Jack Ma en un seul morceau.

En Italie, la position de Giuseppe Conte est renforcée. Le Premier ministre italien a survécu à un vote de confiance au Sénat, jetant ainsi les bases qui lui permettront de consolider son emprise sur le pouvoir dans les jours à venir. Il va maintenant s'efforcer d'élargir le soutien à sa coalition réduite, car ses 156 voix de soutien n'ont pas atteint la majorité absolue de 161 voix, dont il aura besoin pour faire passer des lois clés, y compris des lois budgétaires.

Les préoccupations sécuritaires ont dominé les préparatifs de l'investiture de Joe Biden, Donald Trump devant quitter la Maison Blanche au milieu d'une vague de grâces accordées à des dizaines de personnes, dont Stephen Bannon et Elliott Broidy, ainsi que d'un procès pour mise en accusation imminent. Le Pentagone a retiré 12 personnes du service de protection du Capitole pour liens avec des extrémistes ou d'autres problèmes. Trump évoque de la formation d'un nouveau groupe politique appelé le Parti patriote.

L'Allemagne va étendre et renforcer les restrictions sanitaires et Angela Merkel met garde contre d'éventuels contrôles aux frontières. Le Royaume-Uni fait état du plus grand nombre de morts en un seul jour. Joe Biden prévoit de se joindre à l'initiative de vaccination contre le Covid; Trump avait refusé d'y prendre part. Pékin impose un confinement touchant 1,7 million de personnes dans une partie de la capitale. Le Japon a pour objectif d'administrer des vaccins aux résidents non prioritaires d'ici mai, rapporte Yomiuri.

Le dernier râle de la présidence Trump contre la Chine: Les Etats-Unis déclarent que Pékin commet un génocide et des crimes contre l'humanité dans sa répression à grande échelle des Ouïgours. Cette prise de position, effectuée le dernier jour complet de l'administration actuelle, est le point culminant d'un débat qui a duré des années sur la manière de punir les violations des droits de l'homme en Chine.

Au menu macro-économique du jour: l'inflation de décembre au Royaume-Uni et dans la zone euro précèderont l'indice immobilier NAHB aux Etats-Unis (16h00).

Le London Stock Exchange prévoit de finaliser le 29 janvier l'acquisition de Refinitiv pour 27 milliards de dollars. Ford contraint de rappeler 3 millions de véhicules aux États-Unis. Le fabricant de gros véhicules électriques Rivian valorisé 27,6 milliards de dollars, selon l'AFP. Les ventes de Richemont battent les attentes, le titre en hausse d’un peu plus de 3% dans le pré-marché, Swatch gagne 2% en sympathie.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à l’exception de Tokyo, qui recule de 0,38% à la cloche. Hong Kong progresse de 0,88% (merci Jack), Shanghai avance de 0,47% et Séoul gagne 0,71%. Le future SPX gagne 10 points et l’Europe est indiquée en légère hausse à l’ouverture de 9 heures. L’appétit au risque est présent, relativement discrètement mais il est bien là. Le pétrole est repassé au-dessus des 53 dollars par baril de WTI Light Crude, l’or revient à 1854 dollars par once, le rendement de l’emprunt US à 10 ans se stabilise à 1,09% et le Dollar Index fait de même, autour des 90. La paire eur/usd traite à 1,2156. Le marché s’apprête à accueillir Joe Biden, il était temps.

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