Gonet: l'actualité des marchés au 19 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow +0,02%, S&P 500 +0,24%, Nasdaq +0,07%, Russell +0,45%, SOX +1,68%, Eurostoxx +0,25%, SMI +0,15%.

Journée calme Downtown Manhattan hier, on s’apprête à fermer boutique dans l’indifférence générale lorsque les acheteurs font un retour marqué dans les dix dernières minutes de trading, propulsant les indices S&P500 (SXP) et Nasdaq100 (NDX) à de nouveaux plus hauts de tous les temps. Les volumes d’échanges augmentent, le breadth est légèrement positif, les secteurs en lumière sont notamment  les semi-conducteurs (merci Intel, j’y reviens), l’énergie et les banques. Les géants de la tech boudent, Amazon, Alphabet, Tesla, Broadcom et Meta reculent, cette dernière met un terme à une série hallucinante de 20 séances consécutives de hausse. Nvidia grappille 0,4%, là aussi j’y reviens, elle est sur le point d’effacer l’épisode DeepSeek. Remarquons avec intérêt la surperformance du jour de l’indice S&P500 équipondéré (SPW +0,76%). Le SPW nous dit que l’armée monte sur la colline, laissant les généraux en plaine, c’est plutôt bon signe, ce d’autant que l’indice n’évolue pas à un niveau record, il clôture à 7385 pts contre son plus haut historique atteint en séance du 29 novembre à 7612 points. Tiens, le NDX n’est pas suracheté, même s’il est au plus haut, alors que le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations américaines) a débuté une grosse bagarre contre sa moyenne mobile à 50 jours le 21 janvier, clôture à 2290 pts contre la 50 jours à 2289 pts.

Côté marché obligataire c’est plutôt calme. Le rendement du 10 ans US évolue ce matin à 4,56%, sa 50 jours évolue à 4,54%. Le dollar est aussi en mode pause, la paire EUR/USD ne bouge guère ce matin, elle évolue à 1,0447. L’or en revanche pète la forme, l’once remonte à 2939 dollars, son top historique en séance du 11 février à 2942 dollars est tout proche. La volatilité du marché des actions et des obligations est faible et calme.

En Europe, plus le paysage politique s’enfonce dans le marasme, mieux le marché boursier semble se porter. Nouveau record historique en clôture hier pour l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP). La Suisse suit le mouvement bon an mal an, sixième hausse consécutive sur les sept dernières pour l’indice Eurostoxx50 (SX5E) qui a désormais gagné du terrain lors de 21 des 25 dernières séances, pas mal pour un marché fort dépourvu en valeurs technologiques. Les banques, les actions industrielles et la santé montrent la voie hier.

Côté macroéconomie, la journée de mardi est calme. L’indice Empire State Manufacturing dépasse les attentes avec une hausse des commandes, mais une baisse de l’emploi et une accélération des coûts. L’indice NAHB du marché immobilier recule, les constructeurs exprimant des inquiétudes sur les tarifs douaniers. Peu de nouvelles déclarations de la Fed à signaler hier. Ce jour les mises en chantier et permis de construire de janvier seront publiés, ainsi que le compte-rendu du dernier FOMC. Demain sera marqué par de nombreuses interventions de membres de la Fed, et vendredi, les indices PMI préliminaires de février, la confiance des consommateurs de l’Université du Michigan et les ventes de logements existants clôtureront la semaine.

Focalisons sur deux valeurs, Intel et Nvidia. Selon un article de Barron's, le cours de l'action Intel progresse de 16% hier suite à des rumeurs selon lesquelles Broadcom (AVGO) et Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) envisageraient d'acquérir différentes divisions de l'entreprise. TSMC serait intéressé par les opérations de fabrication d'Intel, tandis que Broadcom viserait les segments de conception et de commercialisation de puces. Cependant, ces transactions potentielles présentent des défis, notamment des obstacles politiques et financiers pour TSMC, ainsi que des préoccupations antitrust pour Broadcom. Les analystes soulignent que toute entente nécessiterait l'approbation du gouvernement américain.

Pour sa part, Nvidia a récupéré presque totalement ses pertes après la chute provoquée par DeepSeek, progressant hier de 0,4% à 139,40$. Cette reprise suit une baisse de 17% le 27 janvier, qui avait fait perdre à l’entreprise près de 600 milliards de dollars en une journée. Le rebond est soutenu par la décision du gouvernement sud-coréen d’acheter 10 000 GPU pour un centre de calcul dédié à l’IA, incluant les modèles H100 et H200 de Nvidia. Les analystes notent une forte demande mondiale pour ses puces, notamment dans le cloud, avec des prix stables. Les investisseurs semblent donc optimistes avant la publication des résultats de Nvidia le 26 février. 

On se tourne vers le principal institut de sondages aux Etats-Unis. Selon l'enquête de Bank of America auprès des gestionnaires d'actifs, les investisseurs sont massivement exposés aux actions, ayant réduit leurs liquidités à 3,5%, un plus bas en 15 ans. Leur optimisme repose sur une économie résiliente (52% anticipent un atterrissage en douceur, 36% aucun ralentissement) et sur des baisses de taux de la Fed cette année (77% les attendent, 51% en prévoient deux). Cependant, des contradictions émergent : 89% estiment que les actions américaines sont surévaluées, mais le pari le plus prisé reste les «7 Magnifiques» (grands titres technologiques), devant le dollar et le bitcoin. Les investisseurs s’inquiètent des droits de douane, mais voient les actions européennes comme les plus performantes en 2025. Sectoriellement, un mouvement vers des valeurs défensives (santé, utilités, foncières) se dessine, tandis que l’exposition à la tech connaît sa plus forte baisse depuis septembre 2022. BofA s’interroge sur l’apogée du marché américain et la possibilité de meilleures opportunités ailleurs, bien que par le passé, parier contre Wall Street ait rarement porté ses fruits.

Ce rapport de BoA me fait penser à votre serviteur adolescent, sautant du trois mètres en me bouchant le nez et fermant les yeux. Ça m’évoque du coup le niveau actuel du VIX, qui permet à tout chacun de continuer de surfer la vague boursière historique en cours, tout en portant un gilet au cas où. 

On prend des nouvelles du CMO (Chief Menaces Officer) logeant provisoirement au 1600 Pennsylvania Avenue NW. Donald Trump précise son projet économique en annonçant des droits de douane de 25% sur les importations de voitures, de médicaments et de puces électroniques aux États-Unis. L’objectif reste d’inciter les entreprises à s’implanter sur le sol américain. Il laisse entendre que ces surtaxes pourraient encore augmenter et prévoit d’appliquer rapidement celles sur l’automobile (dès le 2 avril), tandis que l’industrie pharmaceutique et technologique bénéficiera d’un délai. La stratégie reste la même: pas de taxes pour ceux qui investissent aux États-Unis. En revanche on sent bien sur les parquets de trading que plus il parle, moins le marché l’écoute, si vous avez un ado à dispo à la maison, vous pourrez très probablement faire le parallèle. 
Marco Rubio déclare à ses alliés européens que les États-Unis maintiendront les sanctions contre la Russie au moins jusqu'à ce qu'un accord soit conclu pour mettre fin au conflit en Ukraine. Trump annonce qu'il rencontrera probablement Vladimir Poutine pour discuter d'un règlement avant la fin du mois de février. Le président Américain affirme que l’Ukraine est responsable du conflit avec la Russie, déclarant que Volodymyr Zelensky aurait dû empêcher la guerre. Ces propos, proches de la position russe, surviennent après des discussions entre les États-Unis et la Russie à Riyad, auxquelles l’Ukraine n’est pas conviée. Trump suggère également que l’Ukraine devrait organiser des élections dans le cadre d’un cessez-le-feu, remettant en question la légitimité de Zelensky. Ses déclarations suscitent des critiques, certains estimant qu’elles affaiblissent la position de l’Ukraine face à la Russie.

Les efforts du DOGE (Department of Government Efficiency) ont permis d'économiser environ 50 milliards de dollars jusqu'à présent, déclare Scott Bessent à Fox News. Il ajoute que les Américains n’ont pas à s'inquiéter des tentatives de l'équipe d'accéder à un large éventail de données sur les contribuables. Pendant ce temps, Elon Musk et la DOGE peuvent continuer à accéder aux systèmes internes des agences gouvernementales et à licencier des employés, décide un juge fédéral. Deux hauts responsables de la sécurité sociale ont quitté leur poste après un conflit sur l'accès aux données, selon l’agence Bloomberg.

La société X de Musk serait en pourparlers pour lever des fonds à une valeur de 44 milliards de dollars - le même prix que celui qu'il a payé en 2022. Les esprits taquins rappelleront que, jusqu'à présent, le seul soumissionnaire est Sam Altman, un peu en dessous de 10 milliards de dollars. 
Au menu macro-économique du jour, l'inflation britannique de janvier (sortie au-dessus des attentes) précèdera les permis de construire US (14h30) et les minutes de la dernière réunion de la Fed (20h00). 

HSBC publie des bénéfices annuels de 32,3 milliards de dollars, légèrement meilleurs que prévu, et va racheter 2 milliards $ d'actions. Philips prévoit une croissance de 1% à 3% des ventes comparables en 2025. Temenos prévoit une croissance de l'ARR d'au moins 12% en 2025. Banco Santander prévoit d’investir 2 milliards de dollars au Mexique au cours des trois prochaines années. Tesla accélère ses embauches en Inde après la rencontre Musk-Modi et accélère son plan d'entrée sur le marché.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo abandonne 0,27% à la cloche, Hong Kong égare 0,14%, Shanghai prend 0,81%, Séoul avance de 1,7% et le Nifty50 recule de 0,05%. Le future SPX grappille 5 points et l’Europe rend 0,1% dans les premiers échanges. 

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