L’euro bondit sur fond d’augmentation des dépenses publiques

Après plusieurs semaines d’oscillation sous une résistance clé à 1,05$, la monnaie unique vient de dépasser ce seuil mardi et d’atteindre un plus haut de trois mois, stimulé par les perspectives d'augmentation des dépenses de défense des gouvernements européens.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé que les nouveaux plans de l'UE visant à renforcer l'industrie européenne de la défense pourraient mobiliser près de 800 milliards d'euros. Par ailleurs, elle a proposé d’accorder aux États membres une plus grande flexibilité fiscale pour ces investissements stratégiques et d’instaurer un programme de prêts de 150 milliards d'euros afin de soutenir cet effort.

Dans le même esprit, la Bundesbank a publié mardi un rapport appelant à une réforme des règles budgétaires allemandes. La banque centrale estime que l’Allemagne devrait assouplir les limites constitutionnelles d'emprunt pour libérer jusqu'à 220 milliards d'euros de marge de manœuvre budgétaire d’ici 2030. Cette mesure permettrait de financer aussi bien les infrastructures que les dépenses militaires. Elle recommande également de relever le plafond de l’emprunt structurel net à 1,4% du PIB, soit une révision significative du cadre budgétaire actuel.

Toutes ces mesures auraient pour effet d’améliorer les perspectives économiques du Vieux-Continent, comme en témoigne le redressement des taux souverains à long terme. Le rendement de l’obligation allemande à 10 ans bondit de plus de 30 points de base depuis le début de la semaine, une première depuis mars 2022, tandis que celui de l’obligation française à 10 ans progresse de 25 points de base. Cette hausse des taux longs réduit l’écart avec les rendements américains, renforçant l’attractivité de l’euro vis-à-vis du dollar. 

Graphique journalier du cours de l’EUR/USD - niveaux clés

L’EUR/USD pourrait grimper jusqu’à 1,09$ à court terme

Sur le plan technique, le dépassement de la résistance à 1,05$ sous laquelle l’EUR/USD consolidait depuis la mi-décembre permet de former une figure en «tête et épaules inversées». Cette figure chartiste renforce l’idée d’un changement de sentiment des investisseurs en faveur de la monnaie unique. Après plusieurs mois sous sa moyenne mobile à 200 jours, actuellement à 1,072$, l’euro pourrait passer une grande partie de son temps en dessus au cours des prochains mois étant donné la tendance des paires de devises majeures à osciller autour de cette moyenne mobile. Les prochaines résistances majeures à surveiller se situent à 1,0$, puis à 1,12$, correspondant au plus haut de l’année dernière.

Toutefois, la pérennité de ce mouvement dépendra en grande partie du montant total des investissements finalement engagés par les États européens. De plus, les réformes de compétitivité attendues à Bruxelles d’ici la fin du premier semestre pourraient constituer un catalyseur supplémentaire si elles parviennent à améliorer significativement l’environnement économique des entreprises européennes. 

À court terme, les investisseurs surveilleront de près les nombreuses données sur l’emploi aux États-Unis attendues cette semaine et les annonces en matière de tarifs douaniers. Des statistiques économiques américaines meilleures que prévu et/ou la mise en place de tarifs douaniers contre l’UE feraient pression sur l’euro et inversement.