Electrochoc – Flash boursier de Bonhôte

Julien Staehli, Pierre-François Donzé, Karine Patron, David Zahnd, Bertrand Lemattre et Pascal Maire, Banque Bonhôte & Cie SA

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Les banquiers centraux se verront probablement contraints de revoir leurs copies dans les semaines à venir vu la nouvelle donne sur les marchés et son implication pour la croissance.

Donald Trump a créé un véritable séisme en imposant des droits de douane substantiels à l’ensemble de ses partenaires commerciaux. Lors de son allocution du 2 avril dernier qu’il a nommé «Liberation Day», il a détaillé les nouveaux droits de douane que les Etats-Unis imposeront dès le 5 avril pour la nouvelle taxe de base (10%) et le 9 avril pour les surtaxes spécifiques.

Des droits de douane dits «réciproques»

Calculés de manière simpliste, ces droits dits «réciproques» sont calculés sur la base de l’excédent commercial de chaque pays envers les Etats-Unis puis mis en rapport avec les exportations américaines vers ce même pays. Ce ratio, divisé par deux, représente les nouveaux droits de douane à l’importation. L’administration américaine a bien précisé qu’il s’agissait d’un plafond de tarifs. Charge à chaque pays d’aller négocier des baisses en échange de concessions «phénoménales».

Les principaux partenaires commerciaux, dont l’Europe, ont annoncé vouloir négocier tout en préparant des mesures de rétorsion. La Chine, elle, n’a pas attendu en annonçant vendredi appliquer des tarifs aux importations américaines de 34% dès le 10 avril et a saisi l’OMC, une négociation semble peu probable.

La Suisse s’est vue durement sanctionnée avec des droits à hauteur de 31%. Ce taux est à relativiser puisqu’il ne porte, pour l’instant, pas sur les produits pharmaceutiques et l’or mais Trump a déjà annoncé vouloir s’atteler au secteur de la pharmacie. Le Canada et le Mexique sont exemptés pour le moment, mais continuent d’être soumis à des droits de douane de 25%. Les nouveaux tarifs excluent les exportations d’acier et d’aluminium (déjà soumises à 25%).

La réaction des places boursières ne s’est pas fait attendre avec de fortes baisses enregistrées sur toutes les places financières du monde. Sur la semaine, le S&P500 a perdu 9,08%, le Nasdaq 9,77% alors que l’EuroStoxx600 lâchait 8,44%. Le rendement du Trésor américain à 10 ans a terminé la semaine sous la barre des 4%, au plus bas depuis octobre 2024 tandis que le Bund allemand reculait à 2,57%. Le prix de l’or, valeur refuge par excellence, s’est envolé à 3'167 dollars, un nouveau record.

Ralentissement de l’activité américaine

Dans ce capharnaüm, l’allocution du président de la Fed et les publications de statistiques économiques sont presque passées inaperçues. Le marché a tout de même retenu les chiffres des créations d’emplois, beaucoup plus importants qu’anticipées (228’000 contre 140’000 attendues) alors que les données ISM ont confirmé le ralentissement de l’activité tant manufacturière que dans les services américains (50,8 sur 52,9 attendus).

Les banquiers centraux se verront probablement contraints de revoir leurs copies dans les semaines à venir vu la nouvelle donne sur les marchés et son implication pour la croissance. Lors de sa prochaine réunion du 17 avril, la BCE abaissera probablement à nouveau ses taux alors que les observateurs tablent désormais sur une baisse des taux directeurs américains de 100 pdb cette année.

L’essentiel en bref

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