L’Allemagne brise ses tabous budgétaires – Flash boursier de Bonhôte

Pierre-François Donzé, Karine Patron, Julien Staehli, David Zahnd, Bertrand Lemattre et Pascal Maire, Banque Bonhôte & Cie SA

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Les marchés financiers connaissent une phase d’instabilité marquée par des tensions commerciales et des mesures économiques d’envergure.

Escalade tarifaire

Les Etats-Unis, ont imposé des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Mexique et du Canada, ainsi que 20% sur celles en provenance de Chine. Ces mesures ont entraîné des perturbations significatives dans les chaînes d’approvisionnement internationales et contribué à une pression inflationniste notable. En réponse, le Canada a mis en place des tarifs réciproques sur certains produits américains, tandis que la Chine a taxé des produits agricoles américains intensifiant ainsi le climat d’incertitude sur les marchés.

Dans cette escalade tarifaire, des ajustements sectoriels ont été opérés. Le secteur automobile a bénéficié d’un report d’un mois de l’application des droits de douane, permettant d’atténuer temporairement les répercussions négatives sur un segment stratégique de l’économie américaine.

En Chine, le gouvernement prévoit de maintenir une croissance de 5%, appuyée par de nouvelles mesures de relance budgétaire. L’accent est mis sur le développement de la consommation intérieure et l’innovation technologique, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle, bien que les modalités précises de ces mesures restent à préciser. La guerre commerciale avec les Etats-Unis demeure toutefois un facteur déterminant dans l’ampleur des actions envisagées.

Aux Etats-Unis, malgré une relative résilience des indices ISM dans les secteurs manufacturiers et des services, les indicateurs économiques révèlent des signes d’affaiblissement. Le déficit commercial, qui s’établit désormais à 131,4 milliards de dollars (en hausse de 34% sur un mois et doublé sur un an) reflète une augmentation des importations, conséquence directe de l’anticipation des droits de douane. Cette conjoncture soulève des inquiétudes quant à une possible stagflation, combinant une inflation persistante et une croissance économique stagnante. Le marché de l’emploi montre également des signes de ralentissement, en partie attribuables à l’incertitude qui entoure la mise en œuvre des nouvelles politiques économiques.

L’Europe lance un projet pour se réarmer

En Europe, l’Allemagne a annoncé la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros destiné à financer la défense, moderniser les infrastructures et renforcer la compétitivité nationale. Ce dispositif, qui marque un renversement de la politique budgétaire traditionnelle en matière d’endettement, requiert néanmoins l’adoption d’une réforme constitutionnelle qui dépendra d’un consensus politique impliquant la coalition CSU/SDU, le SPD et potentiellement les Verts pour obtenir la majorité qualifiée au Bundesrat. Parallèlement, la Commission européenne a dévoilé un ambitieux projet visant à «réarmer l’Europe» en mobilisant 800 milliards d’euros pour renforcer la défense collective et soutenir l’Ukraine, suite au retrait de l’aide américaine.

La BCE a poursuivi son assouplissement monétaire en abaissant son taux directeur à 2,50%, tout en révisant ses prévisions d’inflation. Les dépenses publiques en Europe pourraient stimuler la croissance, tandis que les droits de douane risquent de raviver l’inflation, laissant incertaine l’évolution future des taux.

Dans ce contexte, la volatilité des marchés boursiers s’est accentuée de manière significative, oscillant entre des périodes de panique et de fort rebond. Le rendement américain à 10 ans termine la semaine sur des niveaux de 4,30% et le Bund allemand bondit à 2,80%. L’indice du S&P500 a perdu -0.65% sur la semaine, le Nasdaq -1,10% et le Stoxx EUrope 600 -1,74%.

L’essentiel en bref

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